Chère lectrice, cher lecteur,

Nous nous retrouvons pour la suite de notre série sur les nouveaux mensonges sur l’alimentation, dont vous pouvez retrouver la première partie en cliquant ici.

Mensonge 4 : « Le bio n’est pas meilleur pour la santé »

Chaque jour en France, un agriculteur « passe au bio ». Des journées de « conversion au bio » sont régulièrement organisées.

Et c’est tant mieux !

Car n’en déplaise aux « bio-sceptiques »1, les études montrent que l’agriculture bio revitalise les sols et tout leur écosystème. Avec des conséquences positives pour la santé.

Une étude parue dans le British Journal of Nutrition2 a montré que les produits issus de l’agriculture affichaient jusqu’à 50 % d’antioxydants en plus que ceux de l’alimentation conventionnelle, en particulier dans les fruits.

Mais ils ont aussi :

  • Une teneur plus élevée en vitamine C
  • Concernant les minéraux : les teneurs dans les produits bio sont plus importantes de 95% en molybdène, de 5% en zinc et de magnésium.
  • Une teneur moins importante en métaux lourds et résidus de pesticides :48% de cadmium et 30% de nitrates en moins. En moyenne, les teneurs en résidus de pesticides seraient 4 fois moins importantes dans les produits bio !

Le mieux est que les études ont montré que lorsqu’on se met à manger bio, nos niveaux sanguins de pesticides commencent à décliner en moins d’une semaine34 !!

C’est peut-être là une partie de l’explication des résultats sensationnels publiés par une équipe de recherche Française de l’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), qui vient de montrer que manger bio diminuait de 25 % le risque de cancer !

Explication de Denis Lairon, directeur de recherche :

 « On sait depuis longtemps que les produits bio sont souvent plus riches en nutriments, qu’ils ont moins, voire aucun résidu de pesticides, mais on ne connaissait pas leur impact sur la santé. « 

« Nous avions déjà montré que chez les jeunes qui consomment plus de bio, il y a moins de risque d’obésité et de diabète. Mais sur le cancer, il n’y avait qu’une étude anglaise rudimentaire publiée il y a quelques années. La nôtre est la première étude approfondie sur le sujet ». 5

L’étude porte sur 70 000 participants – dont 78 % de femmes – parmi lesquels 1300 cas de cancers ont été étudiés.

Pour la première fois, les chercheurs ont réussi à prendre en compte la diversité des facteurs de risque pouvant impacter cette relation entre alimentation bio et cancer (poids, antécédents familiaux, tabagisme, niveau d’éducation, etc.).

Et ils ont établi une corrélation entre la consommation d’aliments bio et la réduction du risque de cancer, tous types confondus.

Cette réduction du risque était d’autant plus importante pour les cancers du sein chez les femmes ménopausées d’une part (-34%) et les lymphomes d’autre part (-76%) car ils sont particulièrement liés au niveau d’exposition aux pesticides.

Chaque fois que vous aurez à choisir entre un aliment bio et un aliment industriel – ou issu de l’agriculture conventionnelle – dites-vous que vous faites pencher la balance un peu plus d’un côté…ou de l’autre.

Et alors, le prix incontestablement plus élevé de l’alimentation bio prend un sens nouveau6.

Mensonge 5 : « Les œufs ? Euh…d’accord, mais pas trop quand même»

C’est la nouvelle rengaine à la mode pour continuer à entretenir le flou sur les œufs. Comme si « d’accord, les œufs avaient réussi leur examen de rattrapage, mais qu’il fallait les avoir à l’œil… »

Accusés à tort d’augmenter le taux de cholestérol dans le sang et de favoriser les maladies cardiaques, puis innocenté dans cette affaire en 2013 789, on a tenté de leur coller sur le dos un autre crime, celui d’entretenir des relations plus que douteuses avec Alzheimer.

Mais là non plus, sans succès.

En effet, des chercheurs finlandais ont suivi les habitudes alimentaires de 2500 personnes pendant 22 ans, ont constaté qu’il n’avait aucun lien entre la consommation d’œufs – plus généralement du cholestérol alimentaire, présent dans le jaune – et le risque de souffrir de troubles de la mémoire ou de démence.

Les conclusions de leur étude indiquent même tout le contraire : parmi les participants, ceux qui mangeaient régulièrement des œufs ont obtenus, sur certains tests cognitifs, des résultats supérieurs à ceux qui n’en mangeaient pas10 !

Une autre étude, portant sur 4 millions de personnes !!! est parue récemment dans le British Medical Journal, et a de nouveau conclu que manger un œuf tous les jours n’augmente en rien le risque de maladie cardiaque et peut même baisser le risque d’attaque cérébrale (AVC), sauf pour les personnes diabétiques.

Le jaune d’œuf est également riche en lutéine et en zéaxanthine, deux antioxydants qui protègent les yeux contre la cataracte et la dégénérescence maculaire.

En pratique, à moins d’avoir des problèmes de santé spécifiques (hypercholestérolémie, diabète), vous ne prenez aucun risque à consommer deux œufs (bio) tous les jours.

Mensonge 6 : « Les compléments alimentaires ça ne sert à rien »

Le chercheur américain Brian Halweil, du Worldwatch Institute, est le premier à avoir évoqué le concept de « calorie vide »
Une calorie vide, c’est-à-dire grasse, sucrée, inutile, voire dangereuse pour la santé11.

C’est ce qui s’est passé avec les fruits, légumes, viandes, qui ont depuis des années perdu presque tout nutriment.

Tout s’est passé en sous-sol, sans qu’on y voit rien.

Lorsque les industriels de l’agro-alimentaire ont cherché à tirer le maximum de rentabilité du sol.

Comme ils l’ont fait avec les machines, comme ils l’ont fait avec les hommes, ils l’ont fait avec la terre. Ils l’ont asphyxiée massivement d’azote, de phosphore, d’engrais, pour la faire « cracher ».

Un déluge de pesticides a contaminé les sols et détruit la vie microbienne. Les aliments se sont appauvris un peu plus chaque année.

Jusqu’à en mourir, ou presque.

« Les teneurs en vitamines A et C, protéines, phosphore, calcium, fer et autres minéraux ou oligo-éléments ont été divisées par 25, voire par 100, en un demi siècle »12.

Prenons l’exemple de la pomme.

« Hier, quand nos grands-parents croquaient dans une transparente de Croncels, ils avalaient 400mg de vitamineC, indispensable à la fabrication et à la réparation de la peau et des os. »

« Aujourdhui, les supermarchés nous proposent des bacs de Golden standardisées, qui ne nous apportent que 4mg de vitamine» 13

De son côté, la vitamineA est en chute libre dans 17 des 25 fruits et légumes scrutés par des chercheurs canadiens dans une étude !

Le déclin est absolu pour la pomme de terre et l’oignon qui, n’en contiennent plus le moindre gramme.

Il y a un demi-siècle, une seule orange couvrait la quasi-totalité de nos besoins quotidiens en vitamine A. Aujourd’hui il faudrait en manger 21 pour arriver au même résultat.

Mais qui le sait ?

Et surtout qui le FAIT ?

Le résultat est que nos organismes ne sont plus armés.

Les carences sont massives :

  • Pour la vitamine E, près de 40 % des femmes et 20 % des hommes
  • Pour la vitamine C, 27 % des femmes et 17 % des hommes
  • Pour le magnésium, 23 % des femmes et 18 % des hommes
  • Pour le zinc, 57 à 79 % des femmes et 25 à 50 %des hommes
  • Pour la vitamine D, en hiver, 80 à 90 % des individus.

Etc.

Aujourd’hui, les chercheurs estiment 30 à 40 % des cancers seraient dus à ces « erreurs » d’alimentation.

Et c’est pourquoi la prise de compléments alimentaires est tout sauf une « lubbie » : multivitamines, vitamine D, oméga-3, magnésium, probiotiques, prébiotiques, etc. peuvent être déterminants pour être en bonne santé.

Mensonge 7 : « La nutrition, ce n’est quand même pas une médecine de pointe ! »

Il est sûr qu’à l’époque des greffes, de la médecine connectée, et de la recherche la plus technologique assistée par des ordinateurs surpuissants, la question de savoir si ce qu’on met dans nos assiettes pourrait être un facteur déterminant dans l’apparition des maladies chroniques a quelque chose de très « terre à terre ».

Trop ? Non ! Car lorsqu’on se (re)met à s’instéresser à son alimentation et à la nutrition en général, c’est toute sa santé que l’on reprend en main.

Et pour vous, l’important, ce n’est pas de mettre en œuvre tout de suite l’intégralité de ce que vous lisez sur les stratégies nutritionnelles.

L’important est que ces conseils vous fassent « mijoter l’esprit ».

Qu’ils irriguent vos réflexions, alimentent vos questionnements, nourrissent les associations d’idées que vous pouvez faire entre un mal et une cause, entre un problème de santé et ce qui en est, selon vous, peut-être à l’origine.

Parce qu’ainsi, sans que vous puissiez nécessairement maîtriser le moment, ce foisonnement deviendra une évidence, une nécessité…

…Et alors vous ne perdrez plus un instant pour mettre en œuvre un nouveau mode de vie plus sain.

Santé !

Gabriel Combris

 

Sources :

[1] http: //sante.lefigaro.fr/actualite/2012/09/06/19003-bio-nest-pas-meilleur-pour-sante

[2] Br J Nutr. 2014 Sep 14;112(5):794-811. doi: 10.1017/S0007114514001366. Epub 2014 Jun 26. Higher antioxidant and lower cadmium concentrations and lower incidence of pesticide residues in organically grown crops: a systematic literature review and meta-analyses.

[3] Oates L, Cohen M, Braun L, Schembri A, Taskova R. Reduction in urinary organophosphate pesticide metabolites in adults after a week-long organic diet. Environ Res. 2014 Jul;132:105-11.

[4] Bradman A, Quirós-Alcalá L, Castorina R, Aguilar Schall R, Camacho J, Holland NT, Barr DB, Eskenazi B. Effect of Organic Diet Intervention on Pesticide Exposures in Young Children Living in Low-Income Urban and Agricultural Communities. Environ Health Perspect. 2015 Oct;123(10):1086-93.

[5] https: //www.ladepeche.fr/article/2018/10/24/2894348-alimentation-bio-ce-que-disent-les-chercheurs-francais.html

[6] https: //www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/8068/bio-coute-t-il-vraiment-plus-cher

[7] A. Soriano-Maldonado, M. Cuenca-García, L. A. Moreno, M. González-Gross, C. Leclercq, O. Androutsos, E. J. Guerra-Hernández, M. J. Castillo y J. R. Ruiz. Ingesta de huevo y factores de riesgo cardiovascular en adolescentes; papel de la actividad física. Estudio HELENA. Nutrición Hospitalaria, 2013.

[8] Rong Y , Chen L , Zhu T , Song Y , Yu M , Shan Z , et al., Egg consumption and risk of coronary heart disease and stroke: dose-response meta-analysis of prospective cohort studies. BMJ 2013;346:e8539.

[9] J. K. Virtanen, J. Mursu, H. E. Virtanen, M. Fogelholm, J. T. Salonen, T. T. Koskinen, S. Voutilainen, T.-P. Tuomainen. Associations of egg and cholesterol intakes with carotid intima-media thickness and risk of incident coronary artery disease according to apolipoprotein E phenotype in men: the Kuopio Ischaemic Heart Disease Risk Factor Study. American Journal of Clinical Nutrition, 2016.

[10] M PT Ylilauri, S Voutilainen, E Lönnroos, J Mursu, H EK Virtanen, T T Koskinen, J T Salonen, T-P Tuomainen, J K Virtanen. Association of dietary cholesterol and egg intakes with the risk of incident dementia or Alzheimer disease: the Kuopio Ischaemic Heart Disease Risk Factor Study. The American Journal of Clinical Nutrition, 2017

[11] https://organic-center.org/reportfiles/YieldsReport.pdf

[12] https: //dr-rueff.com/

[13] https: //www.nouvelobs.com/rue89/rue89-planete/20150126.RUE7557/une-pomme-de-1950-equivaut-a-100-pommes-d-aujourd-hui.html