Chère lectrice, cher lecteur,

Toutes les sociétés avancées regardent vers le haut.

Vers l’élite…

Dans le passé, on regardait les patriciens romains, les aristocrates de Versailles, la gentry anglaise.

Aujourd’hui ce sont les énarques ou les grands professeurs.

Ils sont au sommet. Et nous les contemplons.

Parfois ce sont les plus intelligents… les plus diplômés…

…Parfois ce sont simplement des gros chanceux, tombés au bon endroit, au bon moment.

« Autrefois, explique l’historien William Bonner, les élites affirmaient avoir une ligne directe avec Dieu. Elles utilisaient la religion pour rester au pouvoir. La religion expliquait les devoirs et les privilèges de chaque caste. L’une régnait, les autres obéissaient. »

Aujourd’hui, « avoir la ligne directe avec Dieu » n’est plus très efficace pour écraser les autres.

Alors les élites ont trouvé autre chose pour se maintenir : la science.

Il est vrai qu’il n’y a pas si longtemps, elles étaient les seules à savoir lire et écrire.

Cela leur donnait une source particulière de pouvoir. Elles pouvaient ouvrir leurs livres… où elles trouvaient les formules et les secrets inaccessibles aux autres.

Aujourd’hui nous sommes plus nombreux à savoir lire… 

Et nous sommes capables de voir que la science, comme le vent, change parfois de direction :

« Inutile de mettre des masques », disaient les experts en mars dernier ;

« Tout le monde doit mettre un masque », disent aujourd’hui les mêmes.

« La Terre refroidit », s’alarmaient les climatologues dans les années 1970.

Aujourd’hui, elle brûle.

Pourtant c’est bien au nom de cette science qui fluctue qu’on nous a obligés à faire la queue à l’extérieur des magasins pour aller chercher les denrées de première nécessité…

…Qu’on nous a forcés à nous tenir à distance les uns des autres, à nous méfier les uns des autres.

…Qu’on nous a contraints à laisser mourir seuls les malades à l’hôpital en leur interdisant un dernier contact avec leurs proches1 !

C’est toujours au nom de la science qu’un homme comme le docteur Anthony Fauci, immunologue et responsable de lutte contre le coronavirus aux Etats-Unis, a estimé que « nous ne devrions plus JAMAIS nous serrer la main »2.

Alors : est-ce vraiment pour le bien commun, qu’on développe une telle approche de la science ?

Ou sert-elle plutôt de béquille à une élite fatiguée…

Ce qui change : les apparences

« Le pouvoir corrompt l’élite, poursuit l’historien Bonner. La richesse l’affaiblit. Au fil du temps, chaque génération devient plus avide et moins compétente. »

« En France en 1789, tant l’aristocratie que le clergé affirmaient être exonérés d’impôts. Ils attendaient aussi des faveurs spéciales, des privilèges et des sinécures. »

Résultat : révolution. Guillotine. Sang…

La France remplaça alors son ancienne classe dominante par une nouvelle élite – dont une partie n’avait pas changé. Ils avaient simplement changé d’allégeance – passant de la religion et du roi… à la science et à la nouvelle république !

Dans le monde actuel, idem.

Un président en remplace un autre. Un certain Joe Biden prend la place d’un certain Donald Trump.

Et brusquement on ne parle plus que de ça. Comme si tout dépendait de ça.

Mais qu’est-ce que tout ça change pour NOUS ? Cela nous rend-il plus libres, plus généreux, plus fraternels ?

Pas sûr.

Vive les gens « ordinaires »

Alors… si c’était plutôt vers le bas qu’il fallait regarder ?

Tout en bas.

Pour le géographe Christophe Giuly, c’est bien « par en-dessous » que le monde actuel est en train de changer :

Les « Gilets-Jaunes », la « France périphérique », le Brexit…nous sommes entrés, d’après lui, dans le temps des « gens ordinaires »3

« Le temps des ouvriers, des paysans, des indépendants, des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, bref l’inverse du monde atomisé que nous imposent la bureaucratie et la publicité ».

Des gens « invisibles jusqu’alors et aujourd’hui devenus incontournables » conclut le géographe.

Seront-ils plus justes que leurs élites… on verra bien.

Première chose à faire : apprendre à regarder

Mais revenons sur le plancher des vaches.

Car c’est bien là que ça se passe ! C’est là que chacun de nous, nous pouvons agir.

Je vous ai parlé récemment de l’herboriste autodidacte Ludo Chardenon. Savez-vous ce qu’il faisait lorsque des visiteurs arrivaient sur son domaine, et lui disaient : « Mais, monsieur Chardernon, où sont toutes vos plantes, nous ne les avons pas vues ! »

Il les faisait asseoir sur un talus au bord de la route, et leur montrait, de l’autre côté, où leurs yeux ne voyaient que de l’herbe toute bête, plus de dix plantes médicinales de première utilité !

« Si j’ai quelque talent, leur disait-il, celui-là est le plus utile et c’est le premier que m’enseigna ma grand-mère : le talent de voir, l’art de regarder, la capacité de se servir de ses yeux ».

Regarder…Et admirer la beauté du vivant.

Voir qu’en chaque arbre, en chaque herbe, c’est « l’univers tout entier qui se condense et frémit », pour reprendre la formule poétique du botaniste Pierre Lieutaghi. 

La science, nous dit Lieutaghi, « veut goûter du fruit de l’arbre de la pointe de ses analyses ».

Lui préfère « rester devant l’arbre, devant la fleur et les contempler avec le moins possible d’intelligence pour essayer de donner aux bois, aux pétales, le plus possible d’amour ».

Oui, nous parlons bien d’amour !

Car l’intelligence sans le cœur, ce n’est que de la mécanique.

Ils appellent ça « soigner ? »

N’est-ce pas d’ailleurs ce qui est arrivé à notre médecine moderne, technologique ?

Une médecine si élitiste qu’elle en a complètement oublié les êtres humains qui se cachaient derrière ses ordonnances.

Il faut aujourd’hui regarder le tableau avec lucidité :

Tous les jours des millions de patients défilent dans des pharmacies, carte vitale à la main, pour venir « acheter gratuitement » des millions de pilules qui le plus souvent ne feront que soulager leur mal un temps, avant de l’aggraver.

Ailleurs, dans les maisons de retraire, on distribue aux personnes âgées des piluliers remplis de cachets dont personne n’a la moindre idée des interactions entre eux.

Aujourd’hui les plus de 65 ans consomment en moyenne…14 médicaments par jour4, un « record » inégalé, et malgré cela le nombre de cancers, de maladies neurodégénératives, de Parkinson, d’Alzheimer etc. explose ! 

Et on appelle ça « soigner » ? 

Il ne s’agit évidemment pas de nier certaines avancées scientifiques remarquables.

Mas plus que d’intelligence, de « processus » ou de « protocoles » de soin, plus que d’élitisme, c’est d’attention, d’écoute, dont manquent aujourd’hui cruellement les patients, les malades, leurs proches, tous ceux qui cherchent un bien-être qu’aucun médicament chimique ne leur donnera.

Et l’attention à l’autre commence parfois dans une tisane toute simple, nous explique le Dr. Gérard Debuigne :

« La tisane n’est pas un quelconque médicament donné rapidement et absorbé encore plus vite… »

« Elle contient dans sa lente et confiante dégustation l’espoir même de la guérison. »

« Elle est le symbole du confort, de l’affection et de la sollicitude qui unissent tendrement les membres d’une même cellule familiale. »

A la chimie propre de la plante, la tisane offre une autre dimension supplémentaire, qui change tout : la générosité de celui qui prépare la tisane, et la gratitude du malade qui la boit.

Et c’est comme cela qu’avec quelques feuilles séchées…se crée un système entier qui unit les hommes entre eux.

Un système où celui qui donne et celui qui reçoit sont liés, un instant au moins, au même monde, à la même Nature, à la même vie.

Que l’on soit premier…ou dernier de cordée.

Santé !

Gabriel Combris

 

Sources : 

1. Lire le bouleversant témoignage de Laurent Frémont, https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/covid-19-laissez-les-familles-accompagner-leurs-mourants

2. https://time.com/5818134/anthony-fauci-never-shake-hands-coronavirus/

3. https://lanef.net/2020/12/31/le-retour-des-gens-ordinaires/

4. http://www.lepoint.fr/sante/les-seniors-consomment-en-moyenne-14-medicaments-par-jour-21-09-2017-2158635_40.php