Chère lectrice, cher lecteur,
Bien cuire une viande, un légume ou un oeuf…ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air.
Les dernières études scientifiques montrent en effet que certaines cuissons détruisent la qualité des aliments, quand d’autres nous mettent carrément en danger.
Même l’OMS suspecte depuis 2015 la viande rouge d’être « probablement cancérigène », non pas à cause de la viande elle-même, mais de la manière dont on la cuit.
Poussé à haute température, le sucre du sang de la viande réagit avec les protéines pour former des molécules grillées, agréables à l’odeur et au goût mais très toxiques !
Ce sont les molécules de Maillard, les mêmes qui donnent au pain sa croûte dorée.
Il s’agit de protéines dénaturées, devenues toxiques, non nutritives et inutilisables par notre organisme qui les accumule au fil du temps.
Résultat : une sorte « d’encrassage » et un vieillissement prématuré, avec une augmentation du risque de cancers (colon1, prostate2, sein ou pancréas3) l’apparition de rides précoces et des artères qui peuvent s’abîmer.
Tout ce qui est consommé cru est exempt de ces molécules de Maillard, qui sont considérablement réduites lorsque les aliments sont marinés, pochés à feu éteint, cuits au four vapeur et/ou à basse température, où l‘apparition de molécules de Maillard est minimisée.
Quant au four à micro-ondes, comme il agite seulement les molécules d’eau, il n’y a pas formation de molécules de Maillard.
Etouffez-le !
Autres « victimes » d’une cuisson trop forte, les vitamines, et en particulier la vitamine C et les vitamines du groupe B.
Une équipe de recherche a ainsi mesuré les taux de vitamine C du brocoli cru, puis après cuisson par différentes méthodes4.
Les chercheurs ont constaté que la perte la plus importante se produisait au cours de la cuisson dans l’eau bouillante (33%), puis à la poêle (24%), et au micro-onde (16 %), tandis que la cuisson à la vapeur permettait la conservation d’une bonne teneur en vitamine.
La plupart des vitamines « liposolubles », c’est-à-dire celles qui ont la propriété de se dissoudre dans les graisses – les vitamines E, D et K – supportent bien la chaleur et sont conservées dans les aliments cuits.
Le contenu en minéraux peut lui aussi diminuer fortement en cours de cuisson, jusqu’à 60 ou 70 %5.
Là encore, la perte est la plus lourde avec la cuisson à l’eau.
Pour autant, les minéraux ne sont pas détruits par la chaleur, mais « solubilisés » dans l’eau. Il est ainsi possible de les récupérer en consommant le jus, sous forme de potage ou de sauce.
À l’opposé, les légumes cuisinés à l’étouffée, sautés à la poêle dans un peu d’huile ou déshydratés gardent de meilleures teneurs.
Le cas des crucifères, est ici un bon exemple.
Rassemblement de crucifères en cuisine…quelques individus isolés selon la police, des trésors de santé selon les organisateurs…
Ils contiennent en effet des composés soufrés, les glucosinolates.
Ceux-ci, sous l’effet d’une enzyme, la myrosinase, donnent naissance à des substances bénéfiques et notamment le sulforaphane, efficace contre Helicobacter pylori5, bactérie responsable d’ulcères à l’estomac et de certains cancers.
Mais il faut pour cela respecter une condition indispensable : ne PAS cuire notre crucifère à une température trop élevée (plus de 90°C), qui entraîne une disparition des sulforaphanes.
Avec le brocoli, par exemple, il faut ainsi privilégier une cuisson à la vapeur douce (pas plus de 90°C), avec du jus de citron et de l’huile bio pour en optimiser les effets.
Maintenant, la question à 100 francs : faut-il arrêter le barbecue ?
Heureusement que non ! Mais il s’agit de ne pas faire n’importe quoi.
On observe d’ailleurs que la science du barbecue passionne jusqu’aux plus grandes autorités du Royaume, puisque l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) elle-même, recommande l’usage de charbon de bois épuré (85 % de carbone ou de catégorie A) plutôt que de charbon de bois ordinaire6, pour limiter la formation de HAP toxiques (hydrocarbures aromatiques polycycliques).
Ne mettez pas vos aliments dans le barbecue tant qu’un allume-feu est en cours de combustion, ni trop près du foyer, et retournez-les fréquemment.
Le Ba-Ba.
Maintenant, il y a un véritable trésor pour faire cuire un poisson ou une viande au barbecue en toute sécurité, c’est la marinade préalable.
La marinade, cette « eau de saumurage » utilisée pour attendrir et assaisonner poissons et viandes, permet à des substances antioxydantes de pénétrer en profondeur dans la chair qui, lorsqu’elle va être exposée à la chaleur du barbecue, produira nettement moins de substances nocives.
Des chercheurs ont montré qu’une marinade appliquée pendant une heure avant la cuisson, diminue de plus de 90% la formation de composés toxiques cancérigènes (AAH et HAP).
Autre avantage : certains condiments utilisés pour les marinades sont de puissants antibactériens qui garantiront ainsi une viande saine (curcuma, cannelle, gingembre, clous de girofle, etc.)
Pour les recettes, il y en a de très nombreuses accessibles facilement sur internet, mais n’hésitez pas à nous partager les vôtres.
Comme d’habitude, on évitera les marinades toutes prêtes vendues en magasin, car elles sont souvent riches en sucres qui augmentent au contraire la production de molécules toxiques.
Quand la cuisson donne le cancer
Une question tout de même pour finir : si la cuisson présente des risques réels, est-ce une raison pour passer au « tout cru » ?
Le sujet est un peu sensible, car le crudivorisme (pas de cuisson supérieure à 40°) est devenu parfois un dogmatisme, et les échanges sur s’enflamment parfois aussi vite…qu’un barbecue ;
Alors regardons plutôt ce qu’en disent des études récentes :
- Une étude finlandaise, portant sur des personnes ayant adopté un régime crudivore depuis plusieurs années, a montré que ce mode d’alimentation permet effectivement de faire le plein de certains antioxydants (vitamine C, vitamine E…)7…
- …Mais qu’en revanche, le taux de lycopène et de béta-carotène était plus bas chez les adaptes du cru que dans la population omnivore8/9 ;
- Une autre étude, allemande, a quant à elle mis en évidence une perte de poids chez les personnes soumises à un régime composé de 70 % à 100 % d’aliments crus ; problème, un quart des femmes ayant participé à l’étude avait un indice de masse corporelle trop bas et 30 % souffraient d’aménorrhée (absence de règles) partielle ou totale.
- A long terme, la pratique d’une alimentation crudivore est associée à une baisse de la masse osseuse10.
Le cru, comme beaucoup de choses, ce n’est ni tout blanc ni tout noir.
Et pour trouver le bon équilibre, on peut s’inspirer de nos lointains ancêtres du Paléolithique, qui mélangeaient le cru et le cuit, et évitaient les hautes températures, grillades ou fritures et pratiquaient déjà la cuisson à l’étouffée :
Comme les peuples d’Océanie, qui dans un trou tapissé de grandes feuilles, plaçaient des galets incandescents. Les aliments étaient posés dessus et pris en sandwich avec d’autres galets chauffés.
Plus près de chez nous, en Ariège, on a aussi retrouvé des ossements de perdrix des neiges mélangés à des galets qui avaient dû servir à leur cuisson.
Et pour finir, une mention spéciale aux habitants de ce qui est aujourd’hui l’Ecosse, qui enfermaient des aliments dans des organes d’animaux, par exemple dans la panse des ruminants (le célèbre haggis écossais), ou dans une vessie avant de les faire cuire11.
On peut aussi préférer la modernité, et profiter d’une prochaine promo sur les planchas dans un supermarché près de chez soi. Chacun fait comme il veut !
Santé !
Gabriel Combris
Sources :
1. Cross AJ, Ferrucci LM, Risch A, et al. A large prospective study of meat consumption and colorectal cancer risk: An investigation of potential mechanisms underlying this association. Cancer Research 2010; 70(6):2406–2414.
2. Sinha R, Park Y, Graubard BI, et al. Meat and meat-related compounds and risk of prostate cancer in a large prospective cohort study in the United States. American Journal of Epidemiology 2009; 170(9):1165–1177
3. Stolzenberg-Solomon RZ, Cross AJ, Silverman DT, et al. Meat and meat-mutagen intake and pancreatic cancer risk in sthe NIH-AARP cohort. Cancer Epidemiology, Biomarkers, and Prevention 2007; 16(12):2664–2675.
4. Yuan G, Sun B, Yuan J, Wang Q. Effects of different cooking methods on health-promoting compounds of broccoli. Journal of Zhejiang University Science B. 2009;10(8):580-588. doi:10.1631/jzus.B0920051.
5. J Nutr Sci Vitaminol (Tokyo). 1990;36 Suppl 1:S25-32; discussion S33. Cooking losses of minerals in foods and its nutritional significance. Kimura M1, Itokawa Y.
6. https://www.nutri-culture.com/media/uploads/sonata/article/0001/04/093639-barbecue-fumage.pdf
7 Rauma AL, Törrönen R, Hänninen O, Verhagen H, Mykkänen H. Antioxidant status in long-term adherents to a strict uncooked vegan diet. Am J Clin Nutr. 1995 Dec;62(6):1221-7.
8. Long-term strict raw food diet is associated with favourable plasma beta-carotene and low plasma lycopene concentrations in Germans.Garcia AL1, Koebnick C, Dagnelie PC, Strassner C, Elmadfa I, Katz N, Leitzmann C, Hoffmann I.
9. Livny O, Reifen R, Levy I, Madar Z, Faulks R, Southon S et al. (2003). Beta-carotene bioavailability from differently processed carrot meals in human ileostomy volunteers. Eur J Nutr 42, 338–345.
10. Fontana L., Shew J. L., Holloszy J. O., Villareal D. T. Low bone mass in subjects on a long-term raw vegetarian diet. Arch. Intern. Med. 2005;165:684-689.
11. https://www.oldcook.com/histoire-cuisine_prehistorique
le barbecue électrique ne comporte t-il pas moins de risque ?
Quoi qu’il en soit, merci pour vos informations !
Merci pour ce petit topo bien utile !
La différence entre cru et cuit nécessiterait pour moi un peu plus d’approfondissement.
Précuire légèrement la viande avant d’achever la cuisson sur le grill est un bon moyen de réduire les coulées de graisses qui provoquent ces flammes qui laissent des dépôts noirâtres toxiques sur les aliments.
Bonjour,
Vous ne mettez pas en doute la cuisson au four à microonde?
Pourtant ce mode de cuisson montre une déstructuration de la matière visible sur les images de cristallisation dendidrique (thésigraphie) selon les travaux de Niepper puis de Jean-Pierre GAREL .
Cordialement
Jacques MAIROT
Manger de la viande crue ou rosée n’est plus possible aujourd’hui en cause l’abattage sans étourdissement des animaux.Les emballages préconisent d’ailleur de manger la viande cuite à coeur .
Même question sur le micro-onde
Très bonne information sur les modes de cuisson bénéfiques a la santé , particulièrement la cuisson douce et à l’étouffée. La cuisine haïtienne utilise beaucoup ce genre de cuisson et emploie une marinade acide et épicée pour les viandes, poissons et fruits de mer. Puis je faire référence à votre article dans mon projet de livre de cuisine haïtienne ? Merci encore de vos utiles informations
ben sur
MERCI J UTILISE magimix cuiseur à la vapeur qui culmine à 100 degrés donc idéal pour légumes et poissons
Je cuis plutôt mes aliments à la vapeur dans le vitaliseur de Marion Kaplan. C’est rapide et sain. Quant au micron ondes, je lui trouve tous les défauts, surtout qu’il est interdit en Russie. Je trouve criminel ces mamans qui chauffent le biberon de leur enfant au micron ondes, Peu de gens se posent les bonnes questions.
Bonjour !
Quid de ce qu’on appelle la plancha ? Est-ce la même chose que le barbecue ? Quelqu’un le sait-il ?
–Nous avons un four multi-fonction, dont la fonction micro-onde, parce que nous n’avions pas le temps d’étudier les dangers de ce mode de cuisson, lorsque nous nous sommes installés en 1986. Après étude, nous avons enlevé le bouton permettant d’utiliser la fonction micro-onde.
— Nous avons un vitaliseur Marion, mais ce système de cuisson à la vapeur cuit, paraît-il, jusqu’à 96 degrés, ce qui est trop d’après les résultats d’étude que vous avez l’amabilité de nous donner ici. Il y a d’autres modes de cuisson, à l’étouffée, avec un thermostat qui limite la température à 60 degrés. Une recherche d’étude mériterait d’être entreprise à ce sujet.
— Des conseils seraient bienvenues sur les compléments alimentaires permettant d’éliminer du corps l’amas d’oxydation (radicaux libres et réaction de maillard).
–Nous évitons de manger des légumes crus ou des fruits secs (amandes) pour éviter la production d’acide phytique dans les intestints ; mais nous échaudons brièvement les légumes crus, ou bien nous les faisons mariner quelque temps avec du vinaigre, avec les huiles que nous y mettons. Quand aux fruits secs (10 amandes par jour pour chacun de la famille), nous les trempons dans l’eau une journée.
Bonjour,
Ah! Les températures de cuisson! Tout cela est très bien mais comment savoir à quelle température cuisent nos aliments? C’est assez simple pour les fours mais qu’en est-il pour les plaques de cuisson et les cuisinières? Les chiffres ont-ils le même sens que pour les fours ? Exemple : thermostat 5 = 150°C? Toutes nos plaques sont différentes avec des puissances très disparates. Nous n’avons pas tous accès à leurs manuels comme dans le cas des locations par exemple. De plus, la conductivité thermique de nos récipient varie grandement. Enfin, comment doit être mesuré cette température de cuisson? Au contact du métal? Au cœur des aliments? Un mode opératoire serait des plus utiles.
Cordialement.
Tres instructif, merci
Que pensez vous des cuissons en cocotte minute et en cocotte en terre cuite au four?
Merci pour ce très interessant article.
Pour ma part je cuits mes légumes à la vapeur depuis longtemps et bannis le barbecues aussi. Mais qu’en est-il de la plancha ?
Bien cordialement,
C. Piacentino
suis je toujours abonné à direct santé et de ce fait je peux recevoir le livre gratuit sur les 7 huiles sans me réabonner.
Merci bcp pour la qualité et le sérieux avec lequel vous publiez vos articles, je ne saute jamais aucun article
Et les attends avec impatience
Encore merci
Namaste ???
Bonjour , pour la cuisson au cuit vapeur , comment voit on à qu’elle température on est , merci .
Bonjour, une petite précision toutefois : Lorsqu’on cuit à l’eau bouillante (potage, bouillon, potée…) il est possible de récupérer les vitamines perdues en consommant l’eau de cuisson avec les légumes ou en la buvant. Si les légumes sont de qualité, le bouillon de cuisson est un pure délice à boire.
Bonsoir et merci encore pour toutes ses précisions.On apprend chaque jours à vos côtés et c est un pur bonheur que de vous lire.A bientôt.Belle soirée.
Un grand merci Gabriel et a toute l’équipe.
Une fois de plus c’est avec un grand intérêt et plaisir de lire votre newsletter. Je suis crudivore depuis 1 an je suis surtout végétalienne depuis 30 ans. Après cette lecture je pense que quelques modifications actions seront nécessaires !!!
Encore un grand merci
Bonjour, Monsieur Combris.
Je suis ravie de lire vos nouvelles, mais malheureusement on ne peut pas toujours s’abonner à vos Revues. Pour moi il serait préférable d’acheter vos livres, malgré le prix je dirai même j’achèterai à tempérament selon mes moyens. En tout état de cause je préfère lire un livre qui m’instruit d’avantage que de lire sur internet que je vais oublier dans le 5 minutes qui va suivre .
PS: Un livre est ciblé, donc je sais à quelle page je trouverai ce dont j’ai besoin.
Très cordialement merci
je suis abonné à plusieurs de vos revueset j ai deja demande pour pouvoir acheter le livre sur les secrets de la ruche methode B
hélas j n’ ai pas recu de réponse….
je souhaiterai faire le point sur mes abonnements et les prelevements que vous effectuez; pourriez-vous m’ indiquer un contact.
merci Albert Debusschere.0032496280667–albert@parcominter.be