Chère lectrice, cher lecteur,

L’alimentation santé est aujourd’hui une histoire de couleurs. On nous agite des feux rouges, des feux verts.

Vous connaissez par exemple le « Nutriscore », qui a fleuri sur les nouveaux packagings de la grande distribution :

Ou encore l’application « Yuka », qui permet d’analyser les composants de son alimentation :

 

 

On nous donne des bonnes et des mauvaises notes.

En un sens, c’est un mieux.

Grâce à ces nouveaux outils, vous arrivez un peu à surnager dans la jungle des aliments ultra transformés.

Et à éviter quelques pièges.

Mais il ne faut pas se tromper.

S’en remettre toujours à des applications pour savoir ou non ce qui est bon pour vous, c’est continuer à vivre comme un touriste de sa propre existence.

Avoir l’esprit qui « mijote »

Si vous me lisez depuis un moment, vous connaissez par cœur les piliers essentiels de la bonne santé :

Eviter (même arrêter) le gluten, les laitages, les glucides, le sucre, les plats industriels, manger des fruits et légumes de saison, des œufs, limiter le sel, prendre des compléments de vitamine D, de zinc, de sélénium, faire de l’exercice physique régulièrement, développer des approches non médicamenteuses pour « gérer » votre stress, etc.

Vous savez aussi que l’important, ce n’est pas de mettre en œuvre tout de suite l’intégralité de ce que vous lisez sur les médecines naturelles.  

L’important est que ces conseils vous fassent « mijoter l’esprit ».

Qu’ils irriguent vos réflexions, alimentent vos questionnements, nourrissent les associations d’idées que vous pouvez faire entre un mal et une cause, entre un problème de santé et ce qui en est, selon vous, peut-être à l’origine.

Parce qu’ainsi, sans que vous puissiez nécessairement maîtriser le moment, ce foisonnement deviendra une évidence, une nécessité…

…Et alors vous ne perdrez plus un instant pour mettre en œuvre un nouveau mode de vie plus sain.

 Vous.

Pas une application ou un système informatique qui « pense » à votre place, et vous dicte quoi faire.

Car ce qui compte, ce n’est pas l’outil, c’est l’artisan.

Et nous sommes, chacun de nous, les artisans de notre santé.

J’avais été impressionné il y a quelques années par ce titre d’un article du Quotidien du Médecin[1] :

« Jardiner, écrivait le journal, fait mieux qu’un cours de sensibilisation ou qu’un logo nutritionnel sur le bien manger ».

Vous avez bien lu.

La médecine la plus officielle souligne des deux mains la puissance positive de la nature ET de l’implication personnelle sur notre santé.

L’article faisait en effet référence à une expérience « d’agriculture urbaine » conduite par Nicole Darmon, directrice de recherches agononomiques à Marseille.

Son constat : s’occuper soi-même de ses plantes et de son potager entraîne des bouleversements positifs majeurs dans notre mode de vie.

Sans même parler de l’aspect « social et convivial » du jardinage collectif, le contact avec les plantes permet d’augmenter de plus de 70 % la consommation de fruits et de légumes.

C’est d’ailleurs ce qu’ont aussi observé des enseignants américains : à New York, on apprend aux enfants à faire pousser les légumes dans des potagers suspendus. Plus ils mettent tôt la main dans la terre, plus ils mangent de légumes !

Bien sûr, les jardiniers consomment leur propre production, ce qui est logique, mais ils achètent également une quantité beaucoup plus importante de fruits et légumes dans le commerce.

Comme s’ils les redécouvraient !

Puissance du « médicament vert »

Et les chercheurs soulignent aussi que la pratique du jardinage permet aux personnes d’augmenter également l’estime de soi.  

Avoir les bottes aux pieds, les mains dans la terre, ressentir cette puissance d’être à nouveau acteur de sa santé et de sa vie, c’est une première étape majeure de leur transformation de santé.

Vous vous souvenez du Dr France Pringley ? Je vous ai déjà parlé de cette femme qui, après avoir été médecin généraliste, se consacre désormais à l’aménagement de jardins destinés aux malades.

Son « premier » jardin est né en 2013 au coeur du centre hospitalier universitaire Pasteur de Nice, le jardin de l’Armillaire. C’est un oasis de verdure planté dans le cloître de l’ancienne abbaye qui accueille l’unité de soins psychiatriques.

« Certains malades ont beaucoup de mal à agir. Mais dès qu’on ouvre un sac de terreau, ils viennent. Le jardin réveille les gens et les vitalise », explique l’ergothérapeute de l’Armiliaire.[2]

Le jardin, les plantes, nous réveillent…c’est exactement ça !

A Nancy, le Dr Thérèse Jonveaux a créé un jardin spécial pour les malades d’Alzheimer.

S’efforcer de sentir les plantes parfumées d’un jardin, en reconnaître les odeurs, distinguer le thym du romarin, prendre le temps de toucher, écouter, goûter, est un exercice très utile pour maintenir ses capacités cérébrales. 

Et les résultats du Dr Jonveaux sont impressionnants (et pas seulement pour soigner les troubles cognitifs). 

L’exercice physique est favorable à la santé des personnes âgées. La marche et l’équilibre s’améliorent, diminuant ainsi le risque de chutes.

En évoluant au jardin, les patients réapprennent à s’orienter dans l’espace. Ils retrouvent de l’autonomie. L’effet est également positif sur les troubles de l’appétit, du sommeil et du comportement. La consommation de médicaments psychotropes diminue.

À tel point que de nombreux hôpitaux partout en France décident à leur tour d’utiliser les jardins pour accompagner les soins des patients.

Je vous redonne le site de l’association Jardins & Sante (www.jardins-sante.org) qui recense les nombreuses initiatives de jardins thérapeutiques.

Et à tous ceux qui n’ont pas de jardin, sachez qu’il se développe aujourd’hui partout ces « jardins partagés », qui permettent à chacun d’avoir un petit carré de terre où faire pousser ses légumes et ses plantes médicinales.

En deux clics sur internet il est très facile de trouver un jardin près de chez soi. 

C’est LUI qui a dit ça ???? Incroyable

Et tiens, pour finir, petite devinette :

Savez-vous qui est cet homme qui arrivé au soir de sa vie, aurait dit :

« J’ai perdu mon temps, la seule chose importante dans ma vie, c’est le jardinage »[3]

D’après le botaniste Francis Hallé, qui rapporte cette citation en introduction de son livre « Aux origines des plantes », ces mots seraient ceux du célébrissime Sigmund Freud en personne, le fondateur de la psychanalyse !!!

Pardon, mais ça m’en a bouché un coin !

Et d’ailleurs, qu’elle soit réelle ou imaginaire, cette phrase ne fait après tout que rappeler la puissance du « médicament vert », ce jardin qu’on cultive pour soi, pour les autres, qui ouvre la porte en grand sur la nature et la beauté du vivant.

Santé !

Gabriel Combris

 

Sources :

 

[1]     https://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2017/06/06/jardiner-fait-mieux-quun-cours-de-sensibilisation-ou-quun-logo-nutritionnel-sur-le-bien-manger_848127

[2] https://lebonheurestdanslejardin.files.wordpress.com/2015/04/le-lien-horticole-1er-avril-2015-france-pringuey-2.pdf

[3] https://www.liberation.fr/sciences/2008/12/27/le-vegetal-des-racines-a-la-canopee_298761