Chère lectrice, cher lecteur,

Le futur est « effrayant ».

C’est ce que pensent les trois quarts des jeunes de 16 à 25 ans, selon une vaste enquête sur la crise climatique, réalisée auprès de 10 000 personnes de cette tranche d’âge et originaires de dix pays différents, dont la France :

Les résultats, publiés par la revue scientifique Lancet Planetary Health montrent que les jeunes sont non seulement effrayés par l’état de la Planète, mais qu’ils perdent aussi espoir en leur avenir.

C’est ce qu’on appelle l’éco-anxiété, une « pathologie » liée à l’évolution de la crise climatique et à l’augmentation de la population mondiale (bientôt 8 milliards d’humains sur terre), qui pousse plus de la moitié des personnes interrogées dans l’étude à penser que l’humanité est « condamnée ».

Condamnée !

C’est cette idée angoissante qui pousse certains vers une extrémité : le refus absolu d’avoir des enfants. « Pour sauver la planète ».

Récemment, par exemple, la chanteuse Myley Cyrus[1], qui à moins de 30 a déjà vendu plusieurs centaines de millions de disques, expliquait pourquoi elle « refusait d’être maman » :

« On hérite d’une planète dans une belle m*rde et je refuse de la transmettre à mon enfant. »

« Jusqu’à ce que je sente que mon enfant puisse vivre sur une planète avec encore des poissons dans l’eau, je ne mettrai pas au monde une nouvelle personne ».

Et certains vont même encore plus loin. Mais là, accrochez-vous parce que c’est proprement hallucinant.

Dans un livre récent, une psychologue britannique spécialiste de l’intelligence artificielle, Catriona Campbell[2], affirme que les préoccupations liées à la surpopulation inciteront la société à adopter des enfants numériques :

« D’ici 50 ans, la technologie aura tellement progressé que les bébés qui existent dans le métavers seront indistincts de ceux du monde réel. »

Le métavers, vous savez, ce monde virtuel que nous préparent les géants de la technologie et où nous allons travailler, nous divertir, voyager…rencontrer des « gens » numériques, peut-être les « aimer » et donc…avoir des enfants !!!!

« Les enfants virtuels, dit Mme Campbell deviendront un élément accepté et pleinement assumé dans une grande partie du monde développé »

« Ils vous câlineront, joueront avec vous et, bien sûr, vous ressembleront. Ils ne nécessiteront que des ressources minimales et ne coûteront presque rien à élever ».

Voilà donc les prédictions. Honnêtement, ça donne envie de pleurer.

Et pourtant une petite flamme s’allume en moi qui me dit de ne pas sombrer…parce que tout ça, c’est n’importe quoi. Et rien ne va se passer comme ils nous le racontent…

Et voici pourquoi.

La fin d’ici 15 ans !!!!

D’abord ; il faut souligner que les prédictions apocalyptiques sur lesquelles sont basées ce type de raisonnement se sont toujours révélées fausses[3] :

En 1865 par exemple, on prévoyait une pénurie de charbon au Royaume-Uni, qui n’est pas arrivée.

Pareil quand l’administration américaine s’est inquiétée d’une pénurie de pétrole susceptible de survenir au début du XXème siècle

En 1968, le professeur de l’université de Stanford Paul Ehrlich, a publié un livre, « La bombe de la population » où il assimilait la « prolifération humaine » à un « cancer » :

« Trop de voitures, trop d’usines, trop de détergents, trop de pesticides…, trop d’oxyde de carbone. La cause en est toujours la même : trop de monde sur la Terre ». 

Le chercheur prévoyait que des centaines de millions de personnes allaient mourir de faim dans les années 70, dont 65 millions aux Etats-Unis, et qu’il était probable « que l’Angleterre n’existe plus d’ici à l’an 2000 »…

Sûr de son fait, Ehrlich avertit encore que « la fin arriverait dans les 15 prochaines années ».

Entendant par cela « un effondrement total de la capacité de la planète à subvenir aux besoins de l’humanité ».

Verdict : l’humanité n’a aujourd’hui jamais été aussi proche de l’objectif d’éradiquer la sous-alimentation. Celle-ci frappait un humain sur deux au lendemain de la seconde guerre mondiale et ne concernait plus que 10,9% de l’humanité en 2017.

Le problème…c’est l’avidité !

Dans le fond, le problème ce n’est pas le manque de ressources, c’est l’avidité. Ce qui n’est ABSOLUMENT pas la même chose.

Comme le disait Gandhi, « il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l’homme, mais pas assez pour assouvir son avidité ».

« Or, c’est le système actuel qui depuis des décennies développe cultive scientifiquement l’avidité de l’humanité, pour faire avec son marketing de chacun de nous des consommateurs encore plus compulsifs achetant avec de l’argent que nous n’avons pas des choses dont nous n’avons pas besoin et qui nécessitent une gabegie de ressources naturelles pour être produites et arriver jusqu’à nous. »

Bien sûr, certains considèreront toujours un être humain comme une bouche à nourrir et un consommateur de ressources.

Et pourtant…

Un nouvel être humain qui vient au monde est aussi un cerveau supplémentaire potentiellement tourné vers la créativité et l’innovation.

Miracle à chaque naissance

Et c’est d’ailleurs en cela que nous entrons en pleine convergence avec l’environnement.

Car la Nature elle-même n’est que vie, mouvement, adaptation.

Toujours elle conteste l’idée de déclin pour se jeter en avant.

Je voudrais prendre pour exemple une histoire qui m’a profondément marquée, dans le livre L’intelligence des plantes, de l’écrivain Maurice Maeterlinck : celle d’une plante, dont la racine enserrait complètement une chaussure.

La graine était certainement tombée sur le sol juste au-dessus de la chaussure enfoncée dans l’humus, puis avait germé et s’était développée normalement jusqu’à ce que sa racine se heurte à la semelle.

Voilà la plante coincée. Route barrée !

Car il n’y avait aucun autre trou dans la chaussure que les orifices des clous dissous par la rouille. Des trous bien trop petits pour que la racine puisse s’y glisser.

Croyez-vous que la plante a abandonné pour autant ? Non !

Elle s’est divisée en fines radicelles, dont chacune s’est glissée par l’un des petits orifices pour se rejoindre et se réunir à la sortie des trous, reformant la racine d’avant l’obstacle !

Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte de ce que ça veut dire, mais moi j’appelle ça du talent, de l’intelligence, de l’à-propos. Une compréhension de la situation, de sa complexité, et une réaction efficace avec un seul objectif : toujours aller de l’avant vers la vie.

Je n’ai jamais vu une détermination aussi folle que chez…cette plante !

Voici un autre exemple, encore plus fascinant. L’histoire de la vallisneria, une plante qui vit dans une sorte de demi-sommeil au fond de l’eau.

En réalité, son existence entière n’a qu’un seul et unique objectif : préparer l’accouplement :

« Lorsqu’arrive l’instant tant attendu, la fleur (femelle) déroule lentement la longue spirale de son pédoncule, et vient s’épanouir à la surface de l’étang. »

« D’une souche voisine, les fleurs mâles la repèrent, et à leur tour s’élèvent vers celle qu’ils convoitent. »

« Mais voilà que cette cour est maintenant…stoppée nette ! »

Arrivées à mi-chemin, les fleurs mâles se rendent compte de la terrible situation : leur tige est trop courte ! Oui, trop courte !! Jamais l’union des étamines et du pistil[4] ne pourra se concrétiser…

Imaginez une seconde le supplice : l’objet du désir est là, juste sous vos « yeux », il vous attend, il vous obsède, mais pour une histoire de quelques centimètres…c’est impossible !

Alors, la plante va-t-elle accepter cette cruauté implacable du destin ? Non.

C’est à ce moment précis qu’intervient le génie sans limite de la Nature.

Les mâles ont renfermé en eux une

Ensuite, ce qui se passe est totalement sidérant :

« Blessés à mort mais libres, ils flottent un moment aux côtés de leurs insoucieuses fiancées ; l’union s’accomplit, après quoi les sacrifiés s’en vont périr à la dérive, tandis que l’épouse clôt sa corolle où vit leur dernier souffle, enroule sa spirale et redescend dans les profondeurs pour y mûrir le fruit du baiser héroïque »[5].

Ainsi on comprend que des principes qu’on croyait purement humains, la solidarité, la coopération, l’entraide, le sacrifice même, la Nature les connaît déjà et les pratique depuis toujours.

Elle ne renonce jamais à la vie. La vraie vie, pas la vie dans un métavers de mes deux !!!

Je crois que ces exemples sont une réponse ferme aux « déclinologues », à tous ceux qui nous annoncent l’Apocalypse, la catastrophe, à qui on peut dire avec certitude qu’ils se trompent.

La chose qui est à peu près certaine est que l’avenir ne se passera pas comme ils le disent.

Et que rien, dans les brillantes analyses qu’ils nous livrent, n’a la moindre chance de contribuer, ne serait-ce qu’un tout petit peu, ni à nous rendre ni meilleur, ni plus heureux.

Alors que retenir de tout cela ?

Que le défaitisme ne nous aide pas, que « l’éco-anxiété », comme on l’appelle dans les journaux, ne construira pas ce nouvel homme que Gandhi appelle de ses vœux.

Un constructeur et non un profiteur, un utilisateur éclairé, non pas un consommateur avide.

Car comme ces plantes qui refusent la fatalité, notre destin d’hommes est de préserver notre planète, pour que d’autres à notre suite, découvrent à leur tour le trésor de la vie.

Santé !

Gabriel Combris


Sources : 

[1] https://www.elle.fr/People/La-vie-des-people/News/Miey-Cyrus-pourquoi-elle-refuse-d-etre-maman-3798880

[2] AI by Design : A Plan For Living With Artificial Intelligence

[3] https://www.economist.com/christmas-specials/1997/12/18/plenty-of-gloom

[4] Le pistil est l’organe reproducteur femelle, c’est la partie centrale des fleurs qui formera le fruit et produira des graines. L’étamine est l’organe mâle de reproduction des fleurs, elle se trouve entre les pétales et le pistil et possède des sacs qui contiennent le pollen.

[5] Maurice Maeterlinck, L’intelligence des Fleurs