Chère lectrice, cher lecteur,

J’espère que vous avez passé un bon été.

Personnellement, j’ai profité de cette période pour me consacrer à l’une de mes passions : le ratissage de vide-greniers, la farfouille de brocante… Je vous ai peut-être croisé d’ailleurs ?

Quel plaisir à chaque fois de dénicher un de ces vieux traités de remèdes naturels qui ont traversé les âges !

On y retrouve une vertu essentielle, si peu présente dans notre monde pressé : la constance.

Car ces remèdes d’hier, qu’ils soignent le rhume, les maux de dents, les douleurs articulaires ou ce que vous voulez, n’ont pas changé d’un millimètre depuis que l’homme les a découverts – ou que la Nature les lui a soufflés (question de point de vue).

Ils demeurent et se transmettent, d’une mère à sa fille, d’une grand-mère à ses petits-enfants.

lls sont les trésors d’une humanité qui se projette après sa propre vie à elle.

Et nous, quel héritage laisserons-nous ?

La question fait un peu froid dans le dos alors que les crises se multiplient sous nos yeux. Et que le mot effondrement revient dans les esprits.

Mais pour prendre un peu de recul, je vous propose d’ouvrir ensemble un de ces vieux grimoires de remèdes ancestraux, qui savent si bien nous parler aussi ce qui dure…ce qui reste malgré les déluges

Comme le fabuleux…cataplasme !!!

Voyage aux origines de l’homme

Car lorsqu’on se lance dans la grande aventure du cataplasme, on renoue avec une pratique qui remonte aux origines de l’homme, celle d’apposer sur la peau une plante écrasée ou un peu de terre argileuse, et qui s’est affinée avec les siècles, comme un outil perfectionné par l’expérience des générations.

Dans l’Antiquité, on recourait déjà à des préparations plus élaborées, les emplâtres.

De consistance pâteuse, ils mêlaient des poudres de plantes, des résines et des gommes, de la cire ou de la graisse. Leur composition s’est complexifiée au fil des époques.

On comptait par exemple plus d’une vingtaine d’ingrédients dans la célèbre préparation de Paracelse nommée « emplâtre Opodeltoch ».

Comment se fait-il qu’en appliquant sur la peau cette préparation – généralement à base de plantes, de fruits, d’algues ou de légumes – qui peut être chaude, froide, cuite ou diluée, on parvienne à soulager la douleur, à assainir une plaie, à guérir l’eczéma, désencombrer les bronches ou même à consolider une fracture ?

Ça paraît trop simple !

Et pourtant…

La science permet aujourd’hui de mieux comprendre les raisons objectives de l’efficacité des cataplasmes.

Il y a d’abord bien sûr l’action thermique : la chaleur entraîne une dilatation des vaisseaux et une meilleure circulation du sang. Elle apaise, réconforte, soulage les spasmes et les tensions.

Le froid de son côté génère une contraction des vaisseaux et dissipe les congestions ou contusions. Il calme les douleurs aiguës de l’arthrite ou celles dues à l’inflammation d’un nerf.

Le tiède, enfin, est souvent utilisé pour soulager les douleurs chroniques non inflammatoires.

Ensuite, les substances contenues dans les actifs naturels (plantes, argiles, algues, etc.) vont pénétrer la peau, qui les absorbe facilement.

Intéressant à noter : on utilise parfois des plantes révulsives (moutarde, piment, gingembre) pour irriter la peau.

L’organisme provoque alors un afflux sanguin en réaction sur la zone concernée, pour apporter plus rapidement des molécules anti-inflammatoires, des anticorps ou d’autres substances du système immunitaire.

La zone malade ciblée par le cataplasme s’en trouve plus vite traitée, apaisée et drainée.

Le cataplasme soulage soit directement la peau, en cas de brûlure ou de démangeaison par exemple, soit les tissus profonds en cas de douleur articulaire ou musculaire, d’œdème ou d’encombrement respiratoire.

Attention bien sûr au risque de brûlure avec le cataplasme chaud, que l’on proscrit dans les cas de fièvres, inflammations ou maladies cardio-vasculaires. Ils sont à éviter également chez les personnes âgées et les enfants de moins de 10 ans, pour qui on utilisera de préférence des cataplasmes tièdes (moins de 38° C).

Un grand classique : le cataplasme de chou

Je vous propose maintenant la recette d’un grand classique : le cataplasme de chou contre les douleurs, dans la version du naturopathe Julien Kaibeck1 : « Ce cataplasme consiste à appliquer des feuilles de chou écrasées, crues ou légèrement précuites, sur une zone du corps douloureuse ou problématique ».

C’est en réalité le suc du chou, imprégné dans la feuille, qui va agir… Ce cataplasme est recommandé en particulier pour les douleurs rhumatisantes, la bronchite, le mal de dos, le mal d’estomac ou la mauvaise digestion, et les ulcères variqueux.

Préparation :

  • Choisissez un chou pommelé vert, bio de préférence.
  • Coupez le chou et sélectionnez 3 à 6 belles feuilles adaptées à la zone à traiter. Elles peuvent être cassées, mais vous devrez couper les grosses tiges fibreuses s’il y en a, de façon à ce que la feuille soit lisse.
  • Sur une grande planche, superposez 3 feuilles, puis passez-les au rouleau à pâtisserie ou roulez une bouteille en verre dessus. Les feuilles doivent s’aplatir et s’enduire de leur propre suc.
  • Appliquez les feuilles humides de leur jus sur la zone à traiter. 3 couches de feuilles suffisent.
  • Couvrez ensuite avec un linge, ou avec du cellophane, et faites un bandage normal, pas trop serré (c’est important), pour faire tenir le cataplasme.
  • Laissez poser de 2 à 6 heures pour les affections articulaires et musculaires, 20 minutes pour les irritations ou brûlures cutanées. Vous pouvez le laisser une nuit maximum. Si vous avez posé le cataplasme sur une peau variqueuse ou abîmée (eczema, zonas, engelures, dartres, crevasses, irritations), alors vous devez changer le cataplasme après 2 heures au plus tard.

A la moindre réaction désagréable (picotements), n’insistez pas et ôtez le cataplasme. Rincez à l’eau courante.

Cataplasme niveau 2 : le cataplasme de plantes fraîches

L’idéal est alors de cueillir les plantes au jardin – mais soyez bien sûr de ce que vous ramassez !

Pour profiter des vertus des plantes fraîches, il faut libérer leurs actifs soit en les pilant au mortier, soit en les mâchant directement sans en avaler le jus.

Ensuite, déposez la plante ainsi préparée sur une gaze et appliquez directement à l’endroit désiré. On maintient le tout avec du film étirable, une bande de contention élastique ou un tissu.

On peut également recourir à un liant comme de la farine de lin de fenugrec, d’orge, de seigle ou du son de blé ou d’avoine avec en proportion 1/4 de plante pour 3/4 de farine. Idéal pour couvrir les zones étendues ou pour maintenir un peu de chaleur.

Niveau 3 : le cataplasme de plantes sèches

Elles sont relativement faciles à trouver en pharmacie ou en herboristerie. Vous coupez la plante en petits morceaux, puis vous la trempez avec un peu d’eau bouillante.

Remuez pour obtenir une pâte et appliquez-la de la même façon que pour la plante fraiche.

Vous pouvez utiliser la bardane pour les problèmes de peau, d’eczéma, la consoude pour les fractures (« la consoude consolide et resoude »), le gingembre pour les douleurs articulaires, la mauve en cas de démangeaisons, le plantain contre l’encombrement respiratoire etc.

Et si vous n’avez jamais fait de cataplasme, essayez au moins une fois.

C’est vraiment un univers entier à découvrir.

Une de ces joies simples qui nous garde les deux pieds dans la vie, et nous rappelle que la santé, c’est aussi rire, lire, aimer, c’est chercher dans le beau, le bien, le juste et le grand, la précieuse étincelle qui fait que l’on est toujours allumé, bien vivant.

Santé !

Gabriel Combris


Source :

1. https://www.lessentieldejulien.com/2016/02/comment-faire-un-cataplasme-au-chou-et-pourquoi/#:~:text=Sur%20une%20grande%20planche%2C%20superposez,3%20couches%20de%20feuilles%20suffisent.