Chère lectrice, cher lecteur,

Il y a les médecins qui disent NON. « Aucun intérêt », « pas scientifique », « pas officiel ».

Et puis il y a les artistes, les orfèvres, ceux qui pensent que ce qui convient au malade, c’est ce qui lui fait du bien.

Que ce soit officiel ou pas, ils s’en moquent. Ce qui compte c’est que ça marche !

Si vous connaissez le Dr Jean-Pierre Willem, vous serez sûrement d’accord pour dire qu’il appartient à cette catégorie des « magiciens du bien-être ».

Un exemple ? Voici ce qu’il conseille aux personnes qui ont des difficultés à s’endormir :

« Une heure avant de vous coucher, buvez une flûte de champagne ; le besoin de vous endormir sera imparable.

« Pendant la nuit, la sécrétion de mélatonine diminue. Elle régule l’endormissement grâce au concours de deux oligoéléments, le cuivre et le fer, dont la déficience entraîne une difficulté à s’endormir. Un verre de champagne contient 12 mg de cuivre et 10 mg de fer ionique. »

Je vois d’ici la tête des rigoristes de l’Académie… « Du Champagne pour dormir, on aura tout vu !! A nous, l’Ordre des Médecins ».

Et bien, moi je dis : pourquoi pas !

 

La dette, ça se paie (quand on n’est pas un Etat)

Certes, ce n’est peut-être pas la méthode la plus économique, mais si c’était la bonne, cela permettrait à des dizaines de milliers de personnes de réduire leur « dette de sommeil ».

Cette notion a été développée par un chercheur de l’Université de Stanford, William Dement, qui a montré que le cerveau tenait à jour son grand livre de comptabilité, en ce qui concerne les heures de sommeil dont il est privé : la dette de sommeil.

Et la dette, quand on n’est pas un gouvernement, ça se paie !

Le lien entre la dette de sommeil, le risque de maladies et la réduction durée de vie a en effet été mis en évidence dans de très nombreuses études.

Elle entraîne notamment : une baisse de la libido, une baisse des défenses immunitaires,  des troubles de la mémoire, une vulnérabilité accrue au stress, à la dépression (risque multiplié par 4 chez les insomniaques selon l’étude de Ford et Kamerow). Les personnes touchées par le cancer, par exemple, présentent deux à trois fois plus de troubles de sommeil que les autres. Etc.

L’enjeu de santé est d’autant plus important qu’aujourd’hui 4 français sur 10 traitent la question en passant par la case « somnifères », solution efficace certes sur le court terme, mais dangereuse sur un horizon plus long.

Une étude publiée dans le British Medical Journal a ainsi montré qu’à partir de 18 prises de médicaments hypnotiques (somnifères) par an, le risque de décès des personnes était multiplié…par 3,5 ![1]

Cela fait des années que l’on sait à quel point les somnifères comme l’Imovane ou le Stilnox causent des ravages en France.

Ces médicaments de la classe des benzodiazépines sont soupçonnés de causer au moins 16 000 à 32 000 nouveaux cas d’Alzheimer en France chaque année[2].

C’est dire à quel point la prise de somnifères doit être un traitement exceptionnel, limité dans le temps. 4 semaines au plus, en théorie…

C’est dire aussi que les nombreux remèdes naturels, efficaces et sans danger, qui existent pour retrouver le sommeil doivent être envisagés en priorité.

 

Utilisé par les sectes les plus déviantes…

Mais revenons un instant sur le mécanisme du sommeil.

Au début de la nuit, c’est le sommeil lent qui prédomine.

L’endormissement se fait progressivement, la fréquence cardiaque et la température corporelle diminuent. La respiration devient profonde et régulière, la personne qui dort est immobile, son cerveau émet des ondes lentes (d’où le nom de sommeil « lent »).

C’est au cours de cette phase que l’hormone de croissance et la prolactine, une autre hormone, sont sécrétées.

Au sommeil lent succède le sommeil paradoxal qui se caractérise par une activité cérébrale proche de l’éveil, des mouvements rapides des yeux, une irrégularité cardio-respiratoire et une atonie des muscles squelettiques. C’est au cours de cette phase que l’on rêve.

Le neurobiologiste Michel Jouvet[3] qui fût le découvreur en 1959 du sommeil paradoxal, a montré que cette période de rêve activait des gènes essentiels dans les fondations de la personnalité, qui permettent de préserver la cohérence de l’identité. Voilà pourquoi la privation de sommeil est un outil si prisé de manipulation et d’endoctrinement, parfaitement intégré dans les sectes notamment.

Les neurotransmetteurs, des substances chimiques fabriquées par les cellules nerveuses à partir de l’alimentation, jouent un rôle déterminant dans l’apparition du sommeil.

 

Voyage dans un cerveau qui dort

Le cerveau est soumis à l’influence contraire de neurotransmetteurs inhibiteurs, qui calment et aident à parvenir au sommeil, et de neurotransmetteurs excitateurs qui, au contraire, permettent de rester éveillé.

Pour parvenir au sommeil,  il faut que les premiers gagnent en activité et que les seconds limitent leur influence. C’est là qu’entrent en jeu des  neurones  particuliers  dits « pacificateurs », qui emportent la bataille des neurotransmetteurs et imposent leur rythme plus lent.

Parmi les neurotransmetteurs « calmants », on trouve notamment :

  • Le GABA(acide gamma-aminobutyrique) qui régule la mémorisation, le sommeil, et agit comme un frein sur l’influx nerveux général du cerveau permettant de contrôler, entre autres,  la peur et l’anxiété.

Au coucher, une région du cerveau, l’hypothalamus postérieur, inonde le cerveau de GABA.

Résultat : en l’absence de stimulations, le  cerveau s’endort. Les somnifères comme les benzodiazépines  ou les nouveaux hypnotiques agissent d’ailleurs en « potentialisant » l’action du GABA.

  • La sérotonine :l’accumulation de sérotonine contribue à l’arrivée du sommeil mais influence également l’humeur : elle vous conduit à la détente. L’anxiété et la dépression, qui se manifestent souvent par des niveaux de sérotonine abaissés, entraînent des troubles du sommeil. La sérotonine joue aussi un rôle important dans le sommeil parce qu’elle sert à fabriquer la mélatonine.

Parmi les nutriments les plus efficaces pour mieux dormir, il faut citer deux précurseurs de la sérotonine : le tryptophane et le 5-hydroxytryptophane ou 5-HTP.

Normalement, le corps fabrique naturellement le 5-HTP à partir d’un acide aminé essentiel présent dans la nourriture, le tryptophane. Mais le tryptophane est un des plus rares acides aminés essentiels (1 à 1,5 g par jour dans l’alimentation) et seule une infime partie (1 %) rejoint le cerveau. Il est donc fréquent d’en manquer.

Les études montrent que le 5-HTP améliore l’humeur générale, la dépression, l’anxiété et l’insomnie, et qu’il permet une meilleure qualité du sommeil[4][5].

Il existe deux types de 5-HTP. Ils proviennent du4
« griffonia » et du safran. La dose généralement prescrite est de 25 à 50 mg / jour, de l’une ou de l’autre plante en fonction de celle qui montre le plus d’efficacité chez le patient.

Par ailleurs, contrairement aux somnifères et à leurs effets secondaires potentiellement graves, le 5-HTP a montré d’autres effets positifs dans d’autres pathologies :

  • Il est efficace contre les migraines, avec des résultats comparables au méthysergide, un médicament antimigraineux[6].

 

  • Le 5-HTP augmente la sensation de satiété (absence de faim), et a entraîné dans diverses études une perte de poids sans restriction particulière[7].

 

  • Une étude a également montré que le 5-HTP améliorait les symptômes chez les personnes souffrant de fibromyalgie[8].

On signale une précaution d’emploi liée à la prise de 5 htp en cas de prise par ailleurs d’un traitement antidépresseur, qui nécessite un avis médical.

 

Les plantes du « Docteur Champagne »

Maintenant je reviens pour finir aux excellents conseils de Jean-Pierre Willem, notre « docteur Champagne », qui n’oublie pas les plantes quand il s’agit de retrouver un sommeil réparateur.

Avec les « simples », c’est comme avec les hommes : à chacune son talent, à chacune sa sonorité propre :

  • L’eschscholtziafavorise l’endormissement. Elle est notamment indiquée lorsque les troubles du sommeil sont accompagnés de crampes, cauchemars, agitation, douleurs.

 

  • Le tilleul permet de trouver le sommeillorsque le cerveau est submergé par les tâches quotidiennes ;

 

  • La valériane induit le sommeil lors dessurmenages nerveux ou intellectuels, surtout lors des manifestations somatiques (faux angor, spasmes digestifs, céphalées). Dans ce cas, ne pas hésiter à lui associer l’aubépine et la ballote.

 

  • La lavande et le millepertuis conviennent pourendormir les personnes  souffrant de dépression.

On peut également y ajouter la camomille ou la passiflore, à l’effet antistress reconnu.

On peut utiliser ces plantes en teinture mère ou en bourgeons macérat glycériné 1D, ou même en infusion. Par exemple : Tilia tomentosa (tilleul argenté) Bg. Mac. Glyc. 1D, 1 flacon 125 ml ; 100 gouttes au dîner + 100 gouttes avant de dormir.

Et du côté des thérapies comportementales, on peut citer l’hypnose, la relaxation, la cohérence cardiaque, la sophrologie, la méditation etc.

Lorsque toutes ces pistes, auxquelles ajouter les questions alimentaires (voir ma lettre sur le sujet ici) et la pratique régulière d’exercice physique, auront été testées, alors seulement les somnifères seront peut-être indispensables.

Pour une courte période.

Mais c’est dans ce sens là qu’il faut procéder, en cas de troubles du sommeil : l’alternatif, d’abord.

 

Santé !

Gabriel Combris

Sources :

[1] http://bmjopen.bmj.com/content/2/1/e000850.full

[2] Benzodiazepine use and risk of Alzheimer’s disease: case-control study, Billioti de Gage S, September 2014, BMJ

[3] https://lejournal.cnrs.fr/articles/michel-jouvet-lexplorateur-du-sommeil

[4] Effect of 5-hydroxytryptophan on the sleep of normal human subjects. Wyatt RJ. et al.,Electro-encephalogr Clin Neurophysiol, 197;30: 501-5.

[5] .Birdsall TC. 5-Hydroxytryptophan: a clinically-effective serotonin precursor. Altern Med Rev.1998;3:271–280

[6] 5-hydroxytryptophan versus methysergide in the prophylaxis of migraine. Randomised clinical trial. Titus F et al., Eur neurol. 1986; 25: 327-29.

[7] The effect of oral 5-hydroxytryptophan administration on feeding behaviour in obese adult female subjects. Ceci F. et al., J Neural Transm, 1989; 76: 109-117

[8] Double-blind study of 5-hydroxytryptophan versus placebo in the treatment of primary fibromyalgia syndrome. Caruso I. Et al., J int Med res. 1990; 18: 201-209