Chère lectrice, cher lecteur,

Savez-vous quel « âge » a votre ventre ?

Je ne parle pas de ce à quoi il ressemble vu de l’extérieur… mais de ce qui s’y passe à l’intérieur :

Vous savez, votre microbiote : ces milliards de bactéries qui peuplent votre intestin…

Et bien figurez-vous qu’elles sont d’une importance fon-da-men-tale pour lutter contre les maladies liées au vieillissement.

Car si nous naissons avec une diversité de bactéries qui constituent notre première barrière de protection contre les toxiques de l’environnement…

… Le microbiote s’appauvrit en vieillissant, et perd certaines des bactéries les plus précieuses au bon fonctionnement de l’organisme.

Les bifidobactéries transmises de la mère à l’enfant par voie vaginale à la naissance et qui représentent 90% du microbiote du nouveau-né, constituent ainsi moins de 5% du microbiote chez les personnes âgées ou atteintes de certaines pathologies.

Cet appauvrissement survient progressivement jusqu’à la constitution d’un « microbiote senior », plus perméable aux inflammations et aux agressions extérieures.

Pour preuve, une équipe de chercheurs de l’université de Western en Ontario et de l’institut des sciences de la santé de Tianyi en Chine ont analysé les bactéries intestinales de plus de 1000 sujets âgés de 3 à plus de 100 ans.1

Ils en ont conclu que les « seniors en excellente santé » et sans antécédents familiaux possédaient un microbiote identique à celui de jeunes de 30 ans, contrairement aux personnes âgées en moins bonne santé qui possédaient un microbiote très appauvri.

« La fontaine de jouvence pourrait vraiment se trouver dans notre ventre » 

Vraiment, quoi que vous fassiez, ostéopathie, plantes, prise de compléments alimentaires, etc. les améliorations ne seront pas durables tant que votre flore ne sera pas enrichie et assainie.

Un ventre en ordre pourrait aussi soigner des maladies pour lesquelles on ne soupçonnait pas qu’elles puissent avoir un lien avec le microbiote intestinal :

  • Des études présentées en 2018 à la conférence de l’Association Internationale sur Alzheimer, ont montré que certaines bactéries intestinales pourraient « promouvoir la formation de plaques de protéines dans le cerveau », ce qui est fondamental car la maladie d’Alzheimer se caractérise par l’accumulation de protéines amyloïdes et tau dans le cerveau.
  • D’autres chercheurs ont montré qu’un changement alimentaire entraînant une flore bactérienne nouvelle pouvait réduire les plaques amyloïdes, diminuer l’inflammation et améliorer la mémoire !!!
  • C’est la même chose avec le cancer, pour lequel des recherches ont établi que certaines espèces bactériennes étaient en cause. (C’est le cas notamment dans le cancer du côlon, associé aux bactéries Fusobacterium).

Cela va même plus loin encore :

En mars 2019, une équipe de chercheurs américains de l’université du Colorado (USA) a montré que lorsque la flore intestinale s’abîme, nos artères et tout notre système vasculaire vieillissent.

Et à l’inverse, lorsqu’on a un microbiote riche et diversifié, le risque de maladies cardiovasculaires devient faible et… l’espérance de vie s’allonge.

Pour cette équipe de pionniers du microbiote, leur découverte tient dans cette phrase choc :

« La fontaine de jouvence pourrait vraiment se trouver dans notre ventre »

Vous voyez à quel point un microbiote équilibré est un « actif stratégique » dont il faut prendre un soin méticuleux.

Alors comment préserver votre flore intestinale ?

D’abord en évitant de mettre notre intestin à trop rude épreuve.

Pardon pour les « banalités », mas cela signifie qu’il faut :

  • Éviter les repas trop copieux. Privilégiez les petites portions, et de préférence à des heures régulières.
  • Bien mastiquer. Le travail fait par les dents et les enzymes de la salive ne sera plus à faire par les organes digestifs.
  • Réduire sa consommation d’aliments difficiles à digérer ou irritants (produits gras et/ou frits, produits industriels, gluten, lactose, poivre…).
  • Boire assez d’eau.

Ensuite, un soutien micronutritionnel de l’intestin par des probiotiques permettra de rétablir un bon équilibre du microbiote et de moduler la réponse immunitaire.

Pour prévenir les infections intestinales, les souches les plus actives sont le Lactobacillus plantarum, qui agit sur le mucus intestinal en renforçant notre barrière immunitaire, le Lactobacillus brevis, capable d’empêcher le Prévotella de former des biofilms, et le Lactobacillus rhamnosus GG par sa capacité à augmenter la voie Treg (anti inflammatoire) et à diminuer les voies Th1 et Th17 (voie pro-inflammatoire).

Et pour réensemencer la flore intestinale, le naturopathe Christian Brun conseille Lactibiane cnd :

  • 10M : 2 gélules par jour avec un grand verre d’eau, avant le repas pendant 7 jours, puis
  • 5M : 2 gélules par jour avec un grand verre d’eau, avant le repas pendant 10 jours puis 1 gélule par jour, à renouveler.

Quelles bactéries allez-vous manger ce soir ?

On trouve aussi d’excellentes sources de probiotiques dans l’alimentation avec les aliments lacto-fermentés, c’est-à-dire transformés par des bactéries lactiques.

Grâce à la stimulation enzymatique fournie par les bactéries saines et vivantes qui s’y trouvent, de puissants bienfaits ont été démontrés :

  • Une amélioration nette de la digestion et moins de constipation2;
  • Une immunité renforcée3;
  • Plus de facilité à perdre du poids4 ;
  • Une diminution des maladies gastro-intestinales5 ;
  • Une guérison plus rapide en cas de rhume, grippe, bronchite et maladies respiratoires6 ;
  • Moins de maladies cardiovasculaires;
  • Une amélioration des symptômes d’anxiété et de dépression8 ;
  • Et le meilleur pour la fin : un net ralentissement du vieillissement9!

Parmi les meilleures sources de probiotiques, on trouve la choucroute crue, le kéfir (boisson pétillante faite à partir de lait ou de jus de fruit fermenté), le miso (pâte salée faite à partir de soja fermenté) et le kvas (boisson pétillante faite à partir de pain fermenté dans de l’eau sucrée et de la levure).

Les légumes fermentés : des propriétés anti-cancer et anti-âge démontrées

Et si vous en avez le temps et l’envie, vous pouvez aussi préparer vos propres bocaux de légumes fermentés.

En plus d’être une excellente source de probiotiques, ils améliorent la biodisponibilité des minéraux par l’organisme.

Le fait de les acidifier rend les minéraux qu’ils contiennent plus assimilables par l’organisme.

C’est le cas du fer par exemple : l’acide lactique augmente le nombre de molécules de fer solubles10.

Des études ont aussi trouvé des taux de vitamine C et de vitamines B6 et B12 plus hauts dans les légumes lacto-fermentés11.

Vous pouvez trouver de l’inspiration à partir de recettes traditionnelles comme le kimchi coréen. Ce condiment mariné épicé à base de chou et de piment rouge a notamment été reconnu pour ses propriétés anti-cancer et anti-âge en raison de sa capacité à réduire la production de radicaux libres12.

La plupart des légumes se prêtent à la fermentation et n’oubliez pas d’ajouter des épices savoureuses comme l’aneth et la coriandre, ou pour un mélange plus épicé, de l’ail, du gingembre et du piment.

Recette de légumes lactofermentés

Vous allez voir, la préparation des légumes lactofermentés est simplissime. Il vous faut :

  • Des bocaux en verre munis d’un couvercle fermant hermétiquement et d’un joint en caoutchouc ;
  • Des légumes (bio de préférence ou du potager) ;
  • Du sel marin (non raffiné) ;
  • Éventuellement des aromates (graines de moutarde, de cumin, de carvi, de fenouil, de coriandre, baies de genièvre, de poivre, clous de girofle, herbes aromatiques, feuilles de laurier, ail…) ;
  • De l’eau de source (l’eau du robinet, qui est chlorée, ne convient pas).

Préparation :

  • Lavez et ébouillantez les bocaux, les couvercles et les joints. Laissez-les sécher sans les essuyer.
  • Lavez, épluchez et découpez si nécessaire les légumes (les plus petits peuvent être gardés entiers, les autres sont coupés en tronçons, en rondelles, râpés…).
  • Diluez le sel dans l’eau de source, à raison d’une cuillerée à soupe de sel par litre d’eau (cet ajout de sel n’est pas obligatoire, on peut aussi préparer des légumes lactofermentés non salés).
  • Remplissez les bocaux avec les légumes(vous pouvez les mélanger dans le même bocal ou faire des bocaux séparés), ajoutez si vous le souhaitez les aromates de votre choix, tassez bien, couvrez d’eau froide et refermez les bocaux.
  • Placez d’abord les bocaux à 20-22°C pendant 2 ou 3 jours pour favoriser le début de fermentation, puis mettez-les dans un lieu plus frais (15-18°C) et patientez un petit mois avant de déguster.
  • Un bocal entamé doit être conservé au réfrigérateur et consommé dans les 15 jours suivant son ouverture.

Maintenant, à vos fourneaux ! Et n’oubliez pas de m’envoyer vos recettes en commentaires si vous vous lancez.

Pardon pour cette lettre un peu longue, mais je tenais vraiment à ce que vous soyez convaincu de l’importance capitale de la thérapie par le microbiote pour lutter contre une immense majorité de maladies liées au vieillissement.

On se retrouve après-demain pour une solution légèrement plus… surprenante, mais tout aussi efficace pour vous faire gagner jusqu’à 20 ans d’espérance de vie.

En attendant, je vous laisse méditer ce conseil d’Alexandre Vialatte, non dénué de bon sens : “Mangez de l’ail. Ça rajeunit l’organisme et ça éloigne les importuns.

Tiens d’ailleurs, l’ail se prête très bien à la lacto-fermentation, je vous laisse tester !

Santé et longue vie,

Sarah Perrin

 

Sources :
[1] https://msphere.asm.org/content/2/5/e00327-17
[2] Dimidi E, Christodoulides S, Fragkos KC, Scott SM, Whelan K. The effect of probiotics on functional constipation in adults: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Am J Clin Nutr. 2014;100(4):1075-1084. doi: 10.3945/ajcn.114.089151
[3] Maggini S, Wintergerst ES, Beveridge S, Hornig DH. Selected vitamins and trace elements support immune function by strengthening epithelial barriers and cellular and humoral immune responses. Br J Nutr. 2007;98 Suppl 1:S29-S35. doi: 10.1017/S0007114507832971
[4] Sanchez M, Darimont C, Drapeau V, et al. Effect of Lactobacillus rhamnosus CGMCC1.3724 supplementation on weight loss and maintenance in obese men and women. Br J Nutr. 2014;111(8):1507-1519. doi: 10.1017/S0007114513003875
[5] Ritchie ML, Romanuk TN. A meta-analysis of probiotic efficacy for gastrointestinal diseases. PLoS One. 2012;7(4):e34938. doi: 10.1371/journal.pone.0034938
[6] King S, Glanville J, Sanders ME, Fitzgerald A, Varley D. Effectiveness of probiotics on the duration of illness in healthy children and adults who develop common acute respiratory infectious conditions: a systematic review and meta-analysis. Br J Nutr. 2014;112(1):41-54. doi: 10.1017/S0007114514000075
[7] Sonestedt E, Wirfält E, Wallström P, Gullberg B, Orho-Melander M, Hedblad B. Dairy products and its association with incidence of cardiovascular disease: the Malmö diet and cancer cohort. Eur J Epidemiol. 2011;26(8):609-618. doi: 10.1007/s10654-011-9589-y
[8] Messaoudi M, Lalonde R, Violle N, et al. Assessment of psychotropic-like properties of a probiotic formulation (Lactobacillus helveticus R0052 and Bifidobacterium longum R0175) in rats and human subjects. Br J Nutr. 2011;105(5):755-764. doi: 10.1017/S0007114510004319
[9] Gitishree Das, Spiros Paramithiotis, Bhagavathi Sundaram Sivamaruthi, Christofora Hanny Wijaya, Sigit Suharta, Nevin Sanlier, Han-Seung Shin, Jayanta Kumar Patra. Traditional fermented foods with anti-aging effect: A concentric review. Food Res Int. 2020 Aug ;134:109269. Epub 2020 Apr 23. PMID: 32517898
[10] Scheers N, Rossander-Hulthen L, Torsdottir I, Sandberg AS. Increased iron bioavailability from lactic-fermented vegetables is likely an effect of promoting the formation of ferric iron (Fe(3+)). Eur J Nutr. 2016 Feb;55(1):373-82. doi: 10.1007/s00394-015-0857-6. Epub 2015 Feb 12.
[11] Gupta U, Rudramma, Rati ER, Joseph R. : Nutritional quality of lactic fermented bitter gourd and fenugreek leaves. Int J Food Sci Nutr. 1998 Mar;49(2):101-8.
[12] Park, Kun-Young, Jeong, Ji-Kang, Lee, Young-Eun, Daily III, James. 2014/01/24. Health Benefits of Kimchi (Korean Fermented Vegetables) as a Probiotic Food. 10.1089/jmf.2013.3083. Journal of medicinal food.