Chère lectrice, cher lecteur,

Je suis tombé récemment sur un article de presse qui affirmait que les statines, ces médicaments anticholestérol, étaient « controversées ». [1]

C’est vrai qu’elles le sont.

Mais cela ne devrait absolument pas être le cas.

Car lorsqu’on examine consciencieusement les études sur leur sujet, il apparaît qu’il n’y a rien du tout de « controversé ».

Les recherches montrent que les statines sont simplement :

  • trop prescrites
  • régulièrement dangereuses (entraînant des chutes, des pertes de mémoire et de confusion, un risque accru de cataractes, des dommages au foie, du diabète de type 2)
  • souvent inefficaces
  • inutiles pour diminuer le risque cardiaque.

Il n’y a aucune « controverse » là-dessus, il n’y a que des faits :

Près de 7 millions de Français sont sous « statines » parce qu’ils ont un « cholestérol élevé ».

Et pourtant, la plupart des médecins indépendants estiment que ces médicaments sont totalement inutiles en prévention « primaire », si vous n’avez pas eu de crise cardiaque[2]. En février 2013, même la Haute Autorité de Santé parlait d’un « recours abusif aux statines en prévention primaire ».

La « théorie » selon laquelle le cholestérol bouche les artères et cause des crises cardiaques est aujourd’hui totalement discréditée[3] :

« Le cholestérol ne joue aucun rôle dans la formation des plaques d’athérome, qui ne sont « que des cicatrices générées par des lésions mécaniques sur la paroi interne des artères, dues aux ondes de la pression sanguine.

Elles contiennent des cellules inflammatoires, en particulier des macrophages qui contiennent beaucoup de graisses et du cholestérol, car il leur sert de transporteur. Mais il ne joue aucun rôle direct ou indirect dans la formation des plaques.»

La présence de cholestérol dans les plaques a trompé les médecins il y a 50 ans.

Et l’industrie du médicament a exploité cette faille pour exploiter un marché faramineux de plus de quarante milliards de dollars par an.[4]

Pourtant il est au contraire très dangereux de faire baisser son taux de cholestérol artificiellement.

Il faut le dire et le redire, le cholestérol est un composant vital des membranes cellulaires, à qui il assure structure et robustesse.

Par cette rigidité, le cholestérol permet aussi l’activité des protéines, entre transporteurs et récepteurs…Ces derniers sont « ancrés » sur le cholestérol, et vont permettre la circulation de l’extérieur à l’intérieur des cellules, mais aussi aux cellules de communiquer entre elles.

C’est un lipide présent naturellement dans notre corps, où il joue un rôle absolument essentiel dans de très nombreux processus :  

  • Il est le précurseur de toutes les hormones stéroïdes, cortisone et hormones sexuelles, et aussi de la vitamine D.
  • Il est également le transporteur des lipides, c’est-à-dire des acides gras circulants.
  • Enfin, il est éliminé sous forme de sels biliaires qui jouent un rôle important dans l’absorption des graisses alimentaires par l’intestin.

Il faut préciser que le cholestérol est synthétisé essentiellement par le foie et que son taux est complétement indépendant du cholestérol alimentaire.

D’ailleurs, les régimes hypocholestérolémiants n’ont aucun effet sur le cholestérol sanguin, de même que les régimes riches en stérols végétaux en dépit de ce que cherche à faire croire l’industrie agro-alimentaire, par exemple avec le Danacol.

Ainsi, faire baisser le cholestérol peut altérer les capacités de la plupart des fonctions des membranes cellulaires, que ce soit le transport de nutriments ou la communication entre les organes. 

Par exemple, si les récepteurs aux neurotransmetteurs du cerveau qui nous permettent d’être attentif, de mémoriser, sont moins actifs ?

Eh bien les capacités de mémorisation diminuent, et c’est exactement ce que l’on constate chez nombre de patients sous statines.

Désastre pour la libido des hommes

J’ai évoqué plus haut le rôle du cholestérol comme précurseur des hormones sexuelles. Dans son livre « Ces glucides qui menacent le cerveau », le Dr David Perlmutter, neurologue américain de renommée internationale, souligne les conséquences désastreuses d’un taux de cholestérol trop BAS sur la vie sexuelle des hommes. 

« L’acte sexuel est profondément lié aux émotions, aux impulsions et aux phantasmes. Mais QUOI QU’ON EN DISE, il est aussi inexorablement lié aux hormones et à la composition chimique du sang. »

« L’impuissance est due à un taux de cholestérol anormalement bas. Parce que c’est la testostérone qui déclenche le désir est que cette hormone est un dérivé du cholestérol ».

 « Or les personnes sous statines ont deux fois plus de risques d’avoir un taux de testostérone inférieur à la normale ».

 Ce qui est d’autant plus ennuyeux qu’un taux plus faible de testostérone a montré dans une étude anglaise de 2010 sur 930 hommes un lien avec…un risque accru de mortalité !!![5]

La double peine dans toute sa splendeur.. 

La comédie de la « statine-mania » 

Alors pour résumer, vous avez compris qu’« avoir du cholestérol » n’est absolument pas le signe d’une crise cardiaque annoncée.

C’est même le contraire qui est vrai :

Je vous rappelle les résultats d’une étude parue en 2016 dans le British Medical Journal, étude qui a montré chez 10 000 patients qui avaient suivi un changement alimentaire dans le but de « faire baisser leur cholestérol » avaient subi deux fois PLUS de crise cardiaque que les autres !!!

Et plus leur cholestérol avait baissé, plus leur mortalité était élevée.

Chaque baisse de 0,3 points de leur cholestérol total augmentait le risque de mourir de 22 %.

Et malgré ces éléments, la « statine-mania », pour reprendre l’expression du Dr. Vincent Reliquet, fondateur de l’AIMSIB (Association Internationale pour une Médecine Scientifique, Indépendante et Bienveillante), n’est toujours pas terminée.

Une situation incroyable, puisque malgré un nouvel avis d’inutilité édicté par la HAS (Haute autorité de Santé)[6] et une alerte de la revue Prescrire qui en souligne la dangerosité[7] (risque de douleurs musculaires handicapantes[8], augmentation drastique du risque de diabète et de myopathie, dysfonctionnement des reins, maladies dégénératives des yeux[9]), ces médicaments restent disponibles et remboursés par la Sécurité sociale.

L’essentiel absolu pour réduire le risque cardio-vasculaire

Quant aux derniers-nés de l’industrie pharmaceutique, les anti-CETP, lancés en fanfare pour transformer le « mauvais » cholestérol en « bon », ils ont été pointés du doigt en 2018 après le constat que ces produis augmentaient la mortalité et l’apparition des cancers d’au moins 60%, mais aussi la fréquence des infarctus et des AVC…[10]

La vraie prévention cardio-vasculaire efficace est pourtant clairement identifiée depuis des années grâce à la célèbre « étude de Lyon » du docteur Michel de Lorgeril, assisté du Dr. Serge Renaud et de la diététicienne Patricia Salen :

L’étude s’était proposée au début des années 1990 de tester l’efficacité d’un régime anti-cholestérol classique contre un modèle révolutionnaire pour l’époque, le régime méditerranéen[11].

Voici ce qui s’est passé, tel que le raconte le Dr Vincent Reliquet[12] :

« La population étudiée relevait d’emblée du très haut risque cardio-vasculaire, puisque ne pouvaient rentrer dans l’étude que des patients ayant déjà subi un infarctus. »

« L’étude devait durer 5 ans. Au bout de 27 mois les différences de survie furent tellement nettes que l’équipe de recherche demanda à d’autre épidémiologistes de tenter de débusquer une anomalie dans leur méthodologie mais rien ne leur fut reproché. »

« En 1999, les résultats officiels définitifs furent publiés dans le Lancet25 : après quatre ans de suivi, les patients ayant adopté le régime méditerranéen avaient réduit de 50 à 70 % leur risque de nouvelles complications cardio-vasculaires ! »

« Et pourtant, aujourd’hui encore, le régime méditerranéen est régulièrement cité avec condescendance comme « éventuel traitement d’appoint » pour faire baisser le risque cardio-vasculaire. »

« Alors qu’il en représente l’essentiel absolu pour les populations européennes. »

« L’essentiel absolu »…On en est , il me semble, encore assez loin !

Vous trouverez dans les notes un article complet sur le régime méditerranéen, mais je veux ici en rappeler les caractéristiques principales pour ceux qui le découvriraient :

  • Abondance de produits céréaliers complets, de fruits et légumes, d’ail, d’oignon, d’épices et d’aromates ;
  • Utilisation de l’huile d’olive et de colza comme corps gras ;
  • Consommation quotidienne de légumineuses, de noix et de graines ;
  • Consommation quotidienne de yaourt et de fromage de brebis (mais PAS de lait) ;
  • Consommation quotidienne, mais modérée, de vin rouge (12 cl/ jour) ;
  • Grande consommation de poisson (plusieurs fois par semaine) ;
  • Consommation limitée d’aliments sucrés ;
  • Consommation très limitée de viande rouge (quelques fois par mois) ;
  • Apport calorique quotidien raisonnable (de 1 800 à 2 500 calories par jour selon l’activité physique).

Risques d’effets secondaires : zéro…

…Bénéfices pour Big Pharma : zéro…

…Ce qui explique peut-être pourquoi les choses évoluent si lentement.

Maintenant, si vous avez des problèmes cardiovasculaires dans votre famille, un contrôle régulier sous surveillance médicale est évidemment à privilégier, avec, entres autres : examen des anomalies lipidiques, dosage de la protéine C-réactive (indicateur d’inflammation), dosage de la coenzyme Q10 (antioxydant qui améliore la fonction cardiaque et régularise la tension artérielle), bilan général de stress oxydatif, bilan des acides gras globulaires qui peut révéler un déficit en oméga-3, risquant d’augmenter l’inflammation et le risque cardiovasculaire, etc.

Maintenant pour conclure, j’aimerais vous livrer cette réflexion du Dr Madeuf auteur, au siècle dernier du « best seller » « La santé pour tous ou la Médecine naturelle et normale ». Il écrivait :

« Il est temps de revenir à la médecine normale simple et naturelle, celle qui faisait les générations normales simple et naturelle, celle qui faisait les générations robustes et les longues vieillesses en bonne santé… »

 « Il est grand temps d’employer la simple thérapeutique d’autrefois, renouvelée, épurée, éclairée par les découvertes modernes de la science. Ce serait assurément là le plus puisant régénérateur de l’humanité »

Il me semble que sa réflexion de bon sens est particulièrement adaptée à notre sujet du jour, non ?

Santé !

Gabriel Combris

[1] https://www.santemagazine.fr/traitement/medicaments/anti-cholesterol/cholesterol-quand-faut-il-prendre-des-statines-171106

[2]  Prévention cardiovasculaire primaire par statine : beaucoup d’incertitudes à long terme, Avril 2018, Prescrire.org

[3] La théorie du cholestérol détruite… par son meilleur médicament!, la rédaction de l’AIMSIB, Janvier 2018, L’Association Internationale pour une Médecine Scientifique Indépendante et Bienveillante

[4] https://www.lemonde.fr/vous/article/2007/06/12/le-cholesterol-ne-bouche-pas-les-arteres_922364_3238.html

[5] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20959649

[6] « Les autres traitements (fibrates, résines, acide nicotinique, ezétimibe) peuvent réduire le cholestérol LDL, mais aucun avantage lié à ces alternatives n’a été montré en termes de prévention secondaire
des complications de l’athérosclérose. »
HAS, Guide du parcours de soins, Maladie coronarienne stable (page 31), réactualisation de juillet 2015.

[7] Pour mieux soigner, des médicaments à écarter : bilan 2018, Revue Prescrire, 2018 ; 38 (412) : 135-144.

[8] https://www.revmed.ch/RMS/2010/RMS-239/Statines-et-effets-indesirables-musculaires

[9] Hippisley-Cox J, et al, Unintended effects of statins in men and women in England and Wales: population based cohort study using the QResearch database, British Medical Journal, publié en ligne le 20 mai 2010, ;340:c2197.

[10] Puri R, Nicholls SJ, Shao M, Kataoka Y, Uno K, Kapadia SR, Tuzcu EM, Nissen SE, “Impact of statins on serial coronary calcification during atheroma progression and regression”,  J Am Coll Cardiol, 2015. 7;65(13):1273-1282. doi: 10.1016/j.jacc.2015.01.036.

[11] https://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/Regimes/Fiche.aspx?doc=mediterraneen_regime

[12] Dr Vincent Reliquet. « Cholestérol : le mal-aimé qui vous veut du bien ». Revue Révolution Santé n°3, mai 2019.