Chère lectrice, cher lecteur,
 
Le monde file, le monde court, le monde s’affole, s’alarme et à la fin…s’épuise.
 
Est-ce pour cela qu’il est malade ?
 
Est-ce pour cela que les « maladies de civilisation » (diabète, surpoids, cancer, etc.) explosent ?
 
Est-ce pour cela que des millions de personnes avalent tous les jours leur dose d’antidépresseurs, de somnifères, d’anxiolytiques, de sucre et de malbouffe pour compenser le stress, les ruminations, l’angoisse, la pression toujours plus forts ?
 
Dans son essai « Les huit péchés capitaux de notre civilisation », paru en 1973, le biologiste Konrad Lorenz proposait déjà une explication intéressante à cette fuite en avant toujours plus folle.
 
Notre peur-panique du « déplaisir ».
 
L’homme moderne, écrit le chercheur, a « déplacé l’équilibre plaisir-déplaisir dans le sens d’une hypersensibilité croissante à l’égard de toute situation pénible », tandis que sa capacité de jouissance allait s’émoussant.
 
Dit simplement, cela veut dire que nous supportons de moins en moins l’épreuve.

Cela conduit les hommes à perdre la capacité de travailler durement en vue d’un résultat lointain prometteur de plaisir.
 
Il en résulte une exigence de satisfaction immédiate de tout désir naissant.
 
A commencer par celui d’éviter absolument la maladie. 
 
Voilà pourquoi on se rue sur les médicaments ou, quand on leur préfère une plante, une huile, une thérapie alternative, on attend une réponse immédiate et sans discussion à son problème.
 
On obtiendra dans certains cas un soulagement, mais la guérison, c’est moins sûr…

Le « Speedy » de la santé

 
Voilà pourquoi aussi on se rue aux urgences, même si on n’a rien à y faire.
 
Je lisais récemment un rapport de l’Assemblée Nationale sur la situation catastrophique des Urgences hospitalières, où le même phénomène du « je veux tout, tout de suite » est, en partie au moins, à l’origine de la surchauffe.[1]
 
Il faut quand même savoir que les vraies urgences vitales représentent moins de 5 % des passages aux urgences[2]…
 
Et que près de 80 % des personnes qui y arrivant finissent par repartir tranquillement chez eux, sans être hospitalisées.

Mais alors pourquoi le patient, sachant qu’il peut attendre plusieurs heures, vient-il-aux urgences ?

Le rapport nous donne la réponse : c’est plus « facile ». Et le patient a « tout, d’un coup » :  

«  Il sait qu’il ressortira de l’hôpital avec un diagnostic et une prise en charge complète, ceci grâce au plateau technique présent au sein des hôpitaux. »
 
« Il évite ainsi les allers/retours entre son médecin généraliste, le radiologue, le biologiste ou le spécialiste avec des rendez-vous l’obligeant à prendre plusieurs demi-journées de congés, sur un laps de temps relativement long. »

 
Dans le fond, c’est comme chez Speedy (ou Norauto, comme vous voulez) : un forfait révision complète.
 
Certes, c’est parfois indispensable. Mais c’est souvent un paravent, et l’essentiel est derrière.
 
Et il ne faut pas espérer traiter autre chose que la mécanique en se « soignant » ainsi.

 
Le corps parle ? On lui ferme le caquet !

 
Dans le fond, cette obsession de l’immédiateté nous coupe de la compréhension de nous-même.
 
Le rythme effréné de la vie moderne ne laisse plus le temps de réfléchir.

« Dans leur inconscience, disait déjà Konrad Lorentz, ils sont fiers de leur action, alors qu’ils commettent des crimes contres la nature et contre eux-mêmes. »
 
« Ces méfaits se répandent partout aujourd’hui, avec l’utilisation de produits chimiques pour la destruction des insectes, dans l’agriculture ou l’arboriculture, et avec le même aveuglement, dans la pharmacologie ».

 
En effet, que demandent en premier lieu les maladies chroniques qui font tant et tant de dégâts ?
 
Que le patient prenne d’abord le temps de l’écoute, qu’il apprenne à déchiffrer ce que son corps est en train de lui dire, au travers de la maladie.
 
Au lieu de cela, il lui ferme le caquet !
 
Et c’est un véritable problème.
 
Le grand mathématicien Nassim Nicholas Taleb préconise pour sa part une approche radicalement différente : face à la maladie, il ne suggère pas d’agir, mais de « temporiser »…

A ses yeux, « l’aptitude du corps humain à s’autoguérir est une réalité attestée par le temps long de l’évolution. »
 
« Les vertus du jeûne et l’utilité de la fièvre sont également des évidences que la science redécouvre, mais que des millénaires de connaissance empirique ont déjà amplement démontrées. » [3]  

 
Sauf menace vitale immédiate, il préconise de « fuir les médecins et de s’abstenir de toute médication pour rester en bonne santé ! »

Un fou ? Un danger public ? Pas si sûr…

 
Nous avons déjà évoqué ensemble les travaux extraordinaires du Dr Jennings[4], un médecin américain qui fût confronté à une pénurie de médicaments, et qui distribua à ses patients des pilules vides, sans principe actif et de simples conseils « de bon sens » : sobriété alimentaires, exercice physique, approche spirituelle, importance de la famille et du lien social, etc.   
 
La méthode fonctionna si bien que Jennings continua à soigner ainsi ses malades – sauf bien sûr dans de rares cas où les médicaments étaient indispensables face à l’urgence – pour le restant de sa carrière !!
 
Taleb évoque notamment la fièvre, un symptôme que l’on cherche aujourd’hui à combattre coûte que coûte. Mais bien souvent à tort.
 
Car la fièvre peut certes être gênante, désagréable, mais elle retarde la croissance et la reproduction des bactéries et des virus, elle augmente la production et la prolifération des globules blancs, ainsi que la production d’anticorps.
 
Surtout, elle permettrait de nous remettre sur pieds plus rapidement[5]…
 
Là encore, parfois, il peut être bon de…ne rien faire.

Le plus incroyable PEUT se produire   

 
Bien sûr, il existe des maladies purement génétiques. Bien sûr, des personnes naissent plus vulnérables que d’autres.

Mais il est illusoire prétendre soigner lorsqu’on se contente de masquer des symptômes, que ce soit avec une pilule chimique qu’avec des remèdes naturels d’ailleurs.

Commencez par écouter votre corps : s’il se plaint, ce sont ses doléances qu’il faut porter au médecin, et faire en sorte qu’il les entende.
Et alors, le plus incroyable peut se produire

Le Dr Philippe Dransart, médecin homéopathe et auteur du livre « La maladie cherche à me guérir » raconte ainsi l’histoire MAGNIFIQUE de l’une de ses patientes, Martine, atteinte d’un cancer.
 
Contre toute attente, contre toute raison, contre toute évidence, une maladie qui a amputé son corps est devenu pour elle la porte d’entrée vers une nouvelle vie…merveilleuse !
 
Ce cancer, explique le Dr Dransart, « lui a permis de découvrir qui elle était » !
 
« Elle avait pourtant perdu un sein, ce qui n’est pas rien, mais elle avait découvert une liberté d’être dont elle n’avait pas la moindre idée auparavant. »
 
« Nombreuses sont les personnes qui m’ont dit combien cette épreuve leur avait permis – c’est leur propre terme – de s’affranchir d’un rôle où elles se sentaient confinées pour devenir enfin « elles-mêmes ».
 
« Touchés dans notre ADN, nous le sommes aussi dans nos références et c’est comme une crise existentielle, un danger vital certes, mais aussi pour nombre d’entre nous l’opportunité de découvrir un chemin intérieur qui nous mène à la profondeur de notre être. »
 
Ainsi la maladie est-elle, parfois, le meilleur révélateur de l’immense puissance vitale qui nous anime !!!
 
On pourrait croire à un paradoxe ultime. Je crois que ce n’est pas le cas.
 
D’une certaine façon cela rejoint ce que nous disions au début de cette lettre.
 
L’impatience et l’agitation, le refus du déplaisir, limitent notre ambition à la seule jouissance.
 
Mais nous interdisent la joie.
 
« Je dis qu’on est dans la joie quand tous les gestes habituels sont des gestes de joie, quand c’est une joie de travailler pour sa nourriture. Quand on est dans une nature qu’on apprécie et qu’on aime, quand chaque jour, à tous les moments, à toutes les minutes, tout est facile et paisible. Quand tout ce qu’on désire est là » écrivait Jean Giono.[6]
 
La joie…Cette étincelle, divine ou céleste, qui nous rend vrai à nous-même.
 
Qui fait mourir l’homme malade en nous et nous ouvre grand les portes du bonheur.
 
Santé !
 
Gabriel Combris

PS. Le Dr Dransart a consacré un dossier absolument extraordinaire au cancer, « une émotion coupée de sa source » nous dit-ilA partir de son expérience des patients, son humanité, son rapport à l’autre, il livre un éclairage totalement inédit sur la façon d’envisager la maladie…et de la soigner. C’est une approche sans équivalent dans le monde médical, qui peut vraiment transformer la vie. Vous pouvez la découvrir en détail ici.

 

Sources :

[1] http://www.assemblee-nationale.fr/15/rap-enq/r1185-t1.asp

[2] https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er889.pdf

[3] Yves Rasir, Les clés de l’antifragilité.

[4] https://www.directe-sante.com/bon-pour-un-cancer/

[5] Sullivan, Farrar, « American Academy of Pediatrics Clinical Report: Fever and Antipyretic Use in Children », Pediatrics, février 28, 2011

[6] Jean Giono, Que ma joie demeure.