Chère lectrice, cher lecteur,

Avez-vous remarqué comme l’ortie semble poursuivre l’homme ? 

Oui, poursuivre…regardez-bien : dans les dépôts de détritus, aux alentours des maisons, dans les ruines, près des ferrailles abandonnées dans les champs, partout où l’humain laisse sa trace…l’ortie le suit.

Et l’hypothèse fabuleuse se dessine : cette plante serait-elle « déléguée par le peuple des herbes pour vivre de nos souillures et, s’en nourrissant, pour les effacer »1

Ah, vous ne vous y attendiez pas à celle-là, n’est-ce pas !!

Rôle mystérieux de l’ortie

Ainsi donc, l’ortie en apparence si ennuyeuse, cette plante à qui les grâces de la couleur et du parfum ont été refusées, montrerait un tout autre visage ?

Eh bien oui : à qui prend le temps de la comprendre, l’ortie se révèle régulatrice, réparatrice, équilibrante

Car l’ortie ne pousse jamais…au hasard.

Elle est « en service commandé », comme nous l’explique l’herbaliste Claire Bonnet2 :

« Sa mission : résister aux herbicides, dépolluer et harmoniser l’information ferrique du sol. »

Et pour la mener à bien, l’ortie a une stratégie :

« L’ortie est comme chargée par la Nature de réguler le fer dans la terre afin d’assurer à chaque plante sa part de croissance. »

« Si la teneur ferrique est trop importante, elle en absorbe le surplus ; si elle est trop faible, elle la diffuse équitablement. » 3

L’ortie, une « régulatrice de vie » qui intervient auprès des éléments les plus faibles, qui soutient les plantes en détresse !

Et c’est pareil quand on s’intéresse à ses vertus médicinales.

La « mauvaise plante » a tout d’une grande, d’une géante, même !

Chacune de ses parties est utile : racine, tige, feuilles, fleurs et graines : l’ortie est dépurative, tonique, diurétique, astringente et hémostatique (qui freine les hémorragies), antianémique, etc.

Quant aux piqûres d’ortie, elles soulagent l’arthrite et les rhumatismes !!

La sagesse populaire autrefois préconisait d’ailleurs « l’urtication », c’est-à-dire la flagellation aux orties contre les fièvres, les rhumatismes, la goutte et l’arthrite.

Le bon abbé Kneipp, phytothérapeute allemand du 19ème siècle, écrivait lui : « si vous avez des rhumatismes rebelles à tout remèdefrappez ou frottez chaque jour, pendant quelques minutes, avec des orties fraiches les parties souffrantes ».

L’efficacité de cette méthode un peu spéciale a été confirmée en 2000 par des scientifiques anglais. Si vous l’utilisez, vous pouvez 1/ me dire ce que vous en avez pensé… 2/ masser ensuite à l’essence de lavande, diluée dans un peu d’huile, pour apaiser.

L’ortie vous pique…et vous demande pardon !

Mais d’ailleurs, puisque nous en sommes au sujet des piqûres d’ortie, regardez là-encore comme la Nature est fascinante.

Car lorsqu’elle nous pose un problème (en l’occurrence la piqûre, liée principalement à l’histamine et à l’acide formique de l’ortie), elle nous offre en même temps…une solution !

« Pour se faire excuser de son agression, l’ortie aime s’accompagner de plantes dont les feuilles soulagent les irritations, lorsqu’on les frotte sur la peau : l’oseille, la mauve ou encore le plantain »4.

Reste qu’on peut aussi préférer des utilisations moins agressives :

  • avec un usage en teinture alcoolique, par exemple (alcool dans lequel on a fait macérer des feuilles d’ortie) : on badigeonne sur les parties souffrantes plusieurs fois par jour. Utile aussi en cas de problèmes de peau, plaies et ulcères ;
  • Contre les hémorragies ou les hémorroïdes, le docteur Leclerc recommande soit le suc de plante fraîche (100 à 125 g par jour), soit le sirop d’ortie (sur 250 g de feuilles fraîches, verser un litre et demi d’eau bouillante, laisser infuser douze heures, filtrer et ajouter 500 g de sucre ; 200 à 300 g par jour en plusieurs prises, entre les repas) ;

Le suc de plante fraîche (feuilles, jeunes tiges ou racine) introduit dans les narines sur un bout de coton est recommandé pour arrêter presque immédiatement le saignement de nez !

  • Pour tonifier le cuir chevelu, éliminer les pellicules, on peut recourir à la lotion d’orties : faire bouillir un quart d’heure 100 g de racines dans un litre d’eau, filtrer) ;
  • La commission allemande pour les plantes médicinales (commisssion E) et l’organisme européen de reconnaissance des plantes (ESCOP) valident l’utilisation de la racine d’ortie pour soulager les problèmes urinaires liés à la prostate.

On prend 1,5 g de racine séchée à mettre dans 1,50 litre d’eau froide.
Faire bouillir puis laisser reposer 10 minutes. Boire une tasse, trois à quatre fois par jour.

  • Le site de référence Passeport Santé recommande, lui, un complément alimentaire associant palmier nain et racines d’ortie pour « pour soulager efficacement les problèmes urinaires liés à l’hypertrophie bénigne de la prostate légère ou modérée5. »

L’ortie se révèle également utile contre l’inflammation des voies urinaires, ou les calculs rénaux : le principe est de boire des tisanes d’ortie, du jus d’ortie ou encore de la teinture alcoolique d’ortie diluée dans cinq volumes d’eau.

On peut aussi prendre des extraits de feuilles et de fleurs séchées, en capsules ou en comprimés : 300 mg à 700 mg, trois fois par jour.

Tout cela, vous en conviendrez, commence à faire pas mal de qualités pour une plante dont la moitié de la France cherche tous les week-ends à se débarrasser !

A la soupe !

Et puis évidemment, je ne peux pas passer sous silence la fantastique cuisine à l’ortie, qu’il faut absolument essayer car c’est la certitude de l’adopter (et c’est gratuit) .

On utilise en ce cas les jeunes pousses et les feuilles vertes, sans la tige. Elles sont plus riches en fer que les épinards, cinq fois plus riches en vitamines C que l’orange, plus riches en protéines que le soja, la consoude, l’amarante ou le pissenlit6.

Rappelez-vous avant la cueillette que l’ortie absorbe comme une éponge les métaux lourds, donc évitez de ramasser vos plantes (avec des gants) trop près d’une route, des abords de vergers, des vignes et cultures arrosées de pesticides…

Mais de toute façon, lavez-les en insistant !

Maintenant, comment la déguster ?

Crue : en salade, ou avec les feuilles finement hachées pour en parsemer un plat chaud, par exemple. Par sécurité, vous pouvez les plonger quelques secondes dans l’eau bouillante pour leur faire perdre son piquant.

L’ortie se consomme aussi en tarte, en gratin, en galette et même lacto-fermentée7, et vous trouvez sur internet de très nombreuses recettes pour vous régaler…

…et bien sûr, en soupe, avec là encore de très nombreuses variantes. En voici une, mais je vous laisse bien sûr ajouter vos conseils en commentaire de cette lettre :

Soupe d’orties : Faire bouillir un litre d’eau avec quatre gousses d’ail. Ajouter quatre pommes de terre coupées, et laisser cuire 10 minutes. Ajouter les feuilles d’orties (entre 200 et 500 g environ) et laisser cuire encore 5 minutes.

Santé !

Gabriel Combris

 

Sources et references 

1. Pierre Lieutaghi, le Livre des Bonnes Herbes. Orties.

2.http://www.lafeedusureau.com/#/Accueil

3. Revue Plantes & Bien-Être, décembre 2016.

4. L’ortie, une amie qui vous veut du bien, par Moutsie. L’encyclopédie d’Utovie

5.  https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15928959/

L’ortie, une amie qui vous veut du bien, par Moutsie. L’encyclopédie d’Utovie

7. Voir une recette ici : https://natureetcomplicites.blogspot.com/2014/08/lacto-fermente-dortie.html