Chère lectrice, cher lecteur,

Tiens…rêvons deux secondes.

Imaginez que j’ai fait fortune et que je vous offre l’une ou l’autre de ces deux maisons. Vous choisissez laquelle ?

Indice : il y en a une des deux qui a un avantage majeur pour votre santé.

 

Avoir l’esprit d’escalier 

Dans son livre « Le meilleur médicament c’est vous », le Dr Frédéric Saldmann évoque une étude parue en 1953 dans la revue The Lancet. Cette étude portait sur les conducteurs et les contrôleurs des bus londoniens, les célèbres bus rouges à deux étages. [1]

Le conducteur y passe la journée assis derrière son volant, et le contrôleur lui, est debout, toujours à naviguer entre les deux étages. A votre avis, quelle est la meilleure place ?

L’étude a montré que les contrôleurs faisaient moitié moins de maladies cardiovasculaires que les conducteurs grâce à leur vitalité.   

Une étude suisse du Pr. Meyer, à l’hôpital de Genève, a montré que les personnes qui montaient et descendaient 21 étages par jour pendant trois mois perdaient du poids, voyaient leur tour de taille se réduire, et leur pression artérielle baisser de presque 2%.

Leur capacité respiratoire était quant à elle augmentée de 6 %, ce qui est excellent pour l’oxygénation des tissus.

Faire le choix d’une petite « difficulté » physique répétée (monter un étage pour rejoindre sa chambre, comme dans le cas de la première maison), permet de faire une différence gigantesque sur le long-terme.

Panique dans l’ascenseur

Et lorsqu’on observe les bienfaits de l’escalier sur…la mémoire, on hésite franchement avant d’appuyer sur le bouton de l’ascenseur (« la cage à feignasses » comme disait mon professeur de sport !)

Monter des marches permettrait en effet de conserver un cerveau jeune, selon les résultats d’une étude conduire par une équipe de l’université Concordia, à Montréal[2].

L’étude a montré que plus on monte de marches, plus le niveau de matière grise, signe de la jeunesse du cerveau, est important.

Des chercheurs du Kings College de Londres ont quant à eux étudié 324 soeurs jumelles pendant 10 ans.

Pourquoi jumelles ? Parce qu’elles partagent des gènes similaires et que les chercheurs peuvent donc analyser les facteurs environnementaux ou de mode de vie qui affectent le cerveau.

Les scientifiques ont ainsi découvert que le facteur le plus important pour déterminer quel jumeau resterait fort mentalement jusqu’à un âge avancé était…la force des jambes !

Dans cette étude, la jumelle avec la plus grande puissance des jambes (mesurée avec un appareil type « presse jambes » utilisé dans les salles de sport) était celle dont les IRM (imagerie médicale) montraient qu’elle avait aussi un plus grand volume de cerveau, ou de matière grise.

Problème de mémoire chez les… « fainéants »

Autre exemple impressionnant : en 2014, une équipe américaine du Georgia Institute of Technology a demandé à des étudiants de mémoriser 90 photos, puis de pratiquer un exercice de musculation des jambes — tandis qu’un groupe témoin restait assis.

Deux jours plus tard, les étudiants devaient reconnaître le plus d’images possible sur un lot de 180. Résultat, le groupe entraîné a su en reconnaître 60 %, soit 10 % de plus que le groupe des «flemmards ».  

Mais comment expliquer ce lien entre muscles et neurones ?

L’hôpital de Clermont-Ferrand avance une piste intéressante :

 Chez la souris, “l’activité musculaire entraîne la production de myokines, des protéines qui, par un mécanisme complexe, vont pousser le cerveau à produire des facteurs de croissance, des neurotrophines et plus particulièrement le BDNF (brain-derived neurotrophic factor).”

 Or chez l’homme, le BDNF est la « clé de la neurogénèse », comme le souligne le Dr. Thierry Schmitz :

« Le BDNF est impliqué dans la survie des neurones. Mais il permet aussi d’en fabriquer d’autres, de les faire grandir, de se différencier, et de créer des synapses (les extrémités nerveuses). »

« Il est très important dans la mémoire à long terme. »

« La neurogénèse consiste alors à “activer” cette protéine, afin de faire grandir de nouveaux neurones à partir des cellules souches neurales. » 

De récentes études auraient démontré un lien étroit entre une moindre concentration des taux de BDNF et les maladies neuro-dégénératives comme Alzheimer et Parkinson.

Sur des animaux atteints de la maladie d’Alzheimer, l’utilisation du BDNF s’est d’ailleurs révélée très encourageante. 

Enfin, pas de panique si vous avez préféré la maison sans escalier.  

Le Dr Schmitz rappelle que certains nutriments jouent bien sûr un rôle essentiel dans la régénérescence cérébrale : magnésium, cholestérol des œufs, vitamine B12, qu’on retrouve dans la viande, acides gras oméga-3 DHA des petits poissons gras, flavonoïdes et polyphénols des mûres et des myrtilles, ou encore gingembre, chou rouge et curcuma…
 

Et puis il est très facile de se procurer sur internet un « stepper », un petit appareil de gym qui reproduit le mouvement à faire pour monter…une marche d’escalier.

Dans les premiers prix, on en trouve à partir d’une trentaine d’euros. Pas franchement ruineux pour bénéficier de ce que le Dr. Saldmann appelle les « miracles de l’escalier ».

Faites (régulièrement) cet exercice de nettoyage mental

Enfin, je vous signale l’existence d’un exercice de yoga efficace pour améliorer sa concentration ET sa mémoire : le Trataka.

Il s’agit d’une technique de nettoyage mental, au même titre qu’il y a  le nettoyage du nez, de l’intestin ou de l’estomac grâce à l’eau ou à l’air, qui sont des exercices fondamentaux en yoga.

Fermez les yeux, respirez lentement, amplement. Lorsque vous vous sentez calme, fixez votre attention sur un point précis.

Vous pouvez choisir le point correspondant au « troisième œil », situé entre les deux sourcils, ou le point correspondant au « chakra du cœur », sur votre sternum. Restez ainsi concentré sur le point choisi pendant au moins 5 minutes. Pratiquez régulièrement chaque jour.

Des études ont montré des effets concluants du Trataka sur l’attention et la flexibilité d’esprit chez les jeunes personnes et une augmentation des capacités cognitives chez des personnes âgées[3][4].

Vous trouvez sur internet de très nombreux vidéos pour vous aider à le pratiquer. Par exemple, ici : 

Santé !

Gabriel Combris

Sources:

[1] Frédéric Saldmann, Le meilleur médicament, c’est vous. Albin Michel.

[2] Steffener J, Habeck C, O’Shea D, Razlighi Q, Bherer L, Stern Y. Differences between chronological and brain age are related to education and self-reported physical activity. Neurobiol Aging. 2016 Apr;40:138-144.

[3] Raghavendra BR, Singh P.Immediate effect of yogic visual concentration on cognitive performance. J Tradit Complement Med. 2015 Jan 8;6(1):34-6. doi: 10.1016/j.jtcme.2014.11.030. eCollection 2016.

[4] Talwadkar S, Jagannathan A, Raghuram N. Effect of trataka on cognitive functions in the elderly.Int J Yoga. 2014 Jul;7(2):96-103. doi: 10.4103/0973-6131.133872.