Chère lectrice, cher lecteur,

La médecine la plus en pointe s’intéresse actuellement à l’existence d’un « autre monde ».

Un monde qui co-existerait avec le nôtre, et où il serait possible…de pénétrer !

L’Agence américaine du médicament (la FDA) vient ainsi d’accorder le statut de « traitement révolutionnaire »… à une substance naturelle, issue de champignons « psychédéliques » : la psilocybine.

Car non seulement la psilocybine a montré une efficacité remarquable contre la dépression[1], mais l’expérience de certaines personnes qui ont eu recours à ces substances est assez stupéfiante.

Regardez par exemple le récit du psychothérapeute John Hayes, l’un des volontaires de la première étude de l’Université John Hopkins sur les effets de la psilocybine :

« J’ai eu l’impression que des mystères étaient dévoilés, et pourtant le sentiment que tout était familier, comme si on me rappelait des choses que je savais déjà. »

« J’ai eu la sensation d’une initiation dans des dimensions de l’existence auxquelles la plupart des gens n’accèdent jamais, notamment le sentiment précis que la mort est illusoire, en ce sens qu’il s’agit d’attendre un autre aspect de notre existence, que nous sommes issus d’une éternité que nous allons rejoindre»

Le mycologue (spécialiste des champignons) Paul Stamets est convaincu que ces champignons magiques existent pour « faire passer un message aux êtres humains, pour leur faire saisir l’unité et l’interconnexion de toute matière et de toute vie ».

Est-ce insensé ? Je ne crois pas.

Cette interconnexion existe.

Et je voudrais pour vous en convaincre vous raconter maintenant une histoire absolument fantastique, avec laquelle les lecteurs de notre revue Plantissime seront familiers.

Elle nous entraîne aux limites de la vie, dans un territoire mystérieux et pourtant bien réel, que les mots de notre science cartésienne et rationaliste sont bien en peine de décrire.

Où s’arrête la vie, où commence la mort ? Et ces frontières que notre conscience a dressées pour nous permettre une certaine paix de l’esprit, sont-elles seulement réelles ?

Drôles de questions, n’est-ce pas…

Pourtant, lorsque vous aurez pris connaissance de l’histoire de Clairvius Narcisse, je suis sûr que vous serez d’accord avec moi : RIEN n’est aussi figé qu’il y paraît.

Même pas la mort !

 

DEUX médecins ont certifié qu’il était mort…

Tout commence le 30 avril 1962, lorsqu’un certain Clairvius Narcisse, un paysan d’une quarantaine d’années, se présente à l’hôpital Albert Schweitzer de Deschapelles, à Haïti.

Il se plaint de fièvre, de douleurs, et crache du sang.

Admis le matin à 9h45, son état empire rapidement et le 2 mai, il est déclaré mort par deux médecins différents, dont un américain.

La sœur du patient, Angéline Narcisse, étant présente au moment du décès, elle signe de l’empreinte de son pouce le certificat de décès.

Puis on place le corps dans une chambre froide pendant 20 heures avant son inhumation, le 3 mai 1962, dans un cimetière du village de l’Estère.

Dans une histoire normale, ce serait la fin.

Dans celle de Clairvius Narcisse, c’est au contraire… le début, comme le raconte le journaliste scientifique Wade Davis, qui a publié une enquête sur ce cas étrange[2] :

« Dix-huit années après la mort de Clairvius, écrit-il, un homme s’approcha d’Angéline sur le marché de l’Estère. »

« Il se présenta sous un surnom d’enfant de Clairvius, une appellation connue seulement des intimes de la famille et qui n’était plus employée depuis la jeunesse des frères et sœurs. »

« L’homme affirma être Clairvius et déclara avoir été transformé en zombi à cause d’une querelle financière avec un de ses frères. »

C’est-à-dire qu’un sorcier l’avait empoisonné de telle façon qu’on le croit mort, puis qu’on l’avait enterré, et enfin qu’on était venu quelques jours plus tard le rechercher dans son tombeau.

« Ensuite il avait été battu et enchaîné, puis emmené par un groupe d’hommes dans le nord du pays où, pendant deux ans, il avait travaillé comme esclave avec d’autres zombis. Un jour leur maître était mort et ceux-ci s’en allèrent. Narcisse passa les seize années suivantes à errer à travers la campagne, dans la crainte de son frère. C’est seulement après la mort de celui-ci qu’il avait osé revenir à son village. »

 

Etre semblable aux morts : l’explication SCIENTIFIQUE

Clairvius Narcisse affirmait être revenu d’entre les morts.

Et devinez quoi…il disait vrai.

Maintenant je vais vous expliquer comment il avait fait !

Grâce à des… plantes !

Plus exactement c’est un mélange « ultra-sophistiqué », dont la préparation requiert une connaissance experte des végétaux, qui a précipité Clairvius Narcisse dans une mort apparente, un état de catalepsie (suspension complète du mouvement volontaire des muscles) imitant si bien la mort qu’il a trompé deux médecins différents.

 

Composition des poisons

Le premier poison mélange divers extraits végétaux, notamment le mucuna, une liane qui contient de la L-Dopa et certaines substances hallucinogènes.

A cela s’ajoutent divers produits animaux, dont le foie et les viscères de poisson-globes, qui renferment la « pièce-maîtresse » pour transformer un homme en zombi : la tétrodotoxine, une neurotoxine cinq cent fois plus active que le cyanure !

Ce mélange, les sorciers vaudous le manient avec une dextérité extrême :

« Ils le placent dans les chaussures ou les vêtements de la victime, de sorte qu’il imprègne peu à peu sa peau à la faveur de la transpiration et pénètre lentement dans le sang, produisant ses effets. »

« Il y pénètre d’autant mieux que des écorces pulvérisées d’albizia sont ajoutées à la mixture ; celles-ci contiennent des saponines simulant les propriétés du savon, qui accélèrent le rythme de pénétration du poison à travers la peau. »[3]

Reste maintenant à trouver la dose exacte pour provoquer la catalepsie, SANS entraîner la mort.

 

Clairvius Narcisse est CONSCIENT pendant son enterrement

Clairvius Narcisse a raconté qu’il était resté conscient pendant son enterrement. Il avait entendu sa sœur pleurer, et éprouvé la sensation de flotter au-dessus de son lit de mort, de son cercueil ou de sa tombe.

Et c’est ici que le sorcier ajoute une nouvelle dimension à son art.

Car ce n’est pas le tout de faire croire à tout le monde que Clairvius Narcisse est mort. Il faut maintenant le « ressusciter »

Une fois l’enterrement achevé, le sorcier vient lui administrer une pâte à base de datura, une plante qui contient de l’atropine et de la scopalamine.

Leurs effets ? C’est le Pr. Jean-Louis Montastruc, membre de l’Académie de Médecine, qui nous les détaille :

« La scopolamine provoque d’intenses hallucinations délirantes, une perte de contrôle et de l’amnésie.

L’atropine, elle, accentue les effets de la scopolamine. Ingurgiter ces deux substances n’empêche toutefois pas de conserver des fonctions motrices. Autrement dit, l’usager est comme “zombifié”».[4]

Vous avez compris ce qui se passe :

Le datura secoue et réveille le cataleptique, produisant dans son cerveau une sorte de délire aux mille visions.

Un délire qu’il oubliera vite, car les feuilles de datura produisent en même temps un état d’abrutissement et d’amnésie qui contribue activement à la « zombification », laquelle se manifeste par l’abolition de la volonté et de la mémoire.

Voici comment une composition animale et végétale, parfaitement dosée, a le pouvoir de déplacer les frontières entre les vivants et les morts.

Mais lorsqu’on les analyse avec précision, on observe que seul deux toxiques suffisent pour obtenir ce résultat : la tétrodotoxine du poisson-globe et le datura.

« Les poisons d’accompagnement, résume le botaniste Jean-Marie Pelt, ne jouent qu’un rôle secondaire ».

Presque folklorique…

Mais justement ce folklore a un défaut : il occulte la profondeur immense du sujet.

 

La vraie magie est-elle celle qu’on croit ?

Car vous serez, j’imagine, comme moi : stupéfait devant ce savoir immémorial dont la puissance rivalise avec la science la plus avertie.

C’est le propre des sociétés traditionnelles d’avoir su, en effet, dans leur étroite communion avec la nature, élaborer un trésor de connaissances et de pratiques dont l’art des poisons n’est que l’un des aspects.

Finalement la vraie magie est-elle dans l’effet du poison ou plutôt dans le mystérieux voyage de l’information qui a permis au sorcier d’avoir connaissance de l’existence du poison lui-même, et du mélange précis qu’il requiert pour agir.

A ce jour, la science ne répond pas à ces questions.

Mais comment des hommes ne disposant d’aucun outil sophistiqué ont-ils pu parvenir à un tel niveau de connaissance ?

Est-il possible qu’ils soient tombés sur la bonne formulation par hasard, ou à force d’expériences multiples et répétées ?

L’homme rationnel privilégiera certainement cette dernière explication.

Mais elle ne ferme pas la porte à une autre piste, celle qui habite encore les habitants des forêts et des jungles : c’est la Nature elle-même qui leur aurait soufflé la vérité…

N’est-ce pas exactement le même message que nous adressent depuis des millénaires tous ceux qui ont aimé les plantes ? Eux qui ont crû, qui croient encore, qu’elles ne se trouvent pas là par hasard.

Je pense à Sainte Hildegarde de Bingen, qui était convaincue que Dieu avait mis sur le chemin des hommes des plantes pour les soigner.

Je pense aux indiens d’Amazonie, qui affirment que ce sont les plantes elles-mêmes qui leur ont communiqué leurs propriétés thérapeutiques.

Délirant ? A chacun de juger.

 

Et eux, comment ont-ils fait pour savoir ?

Mais prenez l’exemple du curare, un poison que les chasseurs d’Amazonie utilisent depuis des millénaires pour paralyser les muscles de leurs proies.

Pour l’obtenir, il faut cuire plusieurs plantes ensemble pendant un nombre très précis de jours, et même d’heures.

« Sachant qu’il existe plus de 80.000 espèces de plantes dans la forêt, il y avait une chance sur 6,4 milliards qu’on découvre cette recette par hasard »[5].

Est-il si insensé d’écouter ces découvreurs quand on sait que la médecine occidentale elle-même a utilisé le curare pour faire ses anesthésies ?

Et que dire de l’ayahuasca, ce breuvage utilisé pour ouvrir la conscience, dont la préparation requiert des connaissances extrêmement complexes.

Il faut en effet combiner deux plantes.

La première, la Psychotria viridis, contient une hormone (la diméthyltryptamine) qui aurait une action sur notre cerveau, mais qui une fois ingérée est immédiatement inhibée par notre système digestif.

Si on l’utilisait seule, cette plante n’aurait aucun effet.

Ce n’est qu’en association avec l’écorce de la liane Banisteriopsis caapi, que l’ayahuasca devient alors la boisson qu’on appelle la « vigne de l’âme »…

…la liane contient en effet des substances qui inhibent notre enzyme digestif ce qui permet alors à la première plante d’agir et de provoquer une modification de l’état de conscience.

Tout cela, les chamanes affirment l’avoir appris directement des plantes.

Avant eux, le mythique empereur chinois Shen Nong, disait lui aussi avoir appris directement des plantes leurs propriétés médicinales.

Elles l’instruisaient, disait-il, et il les testait directement sur lui-même…

Ainsi il a consigné dans son herbier de vie, Shennong Bencao Jing le ginseng qui renforce la vie, le pavot qui endort, l’angélique qui soulage les troubles féminins, et plus de 250 autres plantes aux pouvoirs extraordinaires.

Une légende ?

Bien sûr…

…SAUF QUE 3000 ans plus tard, la recherche médicale de pointe reconnaît aujourd’hui la validité scientifique de ces remèdes « légendaires » !

 

Comment l’expliquer ???

Il existe plusieurs hypothèses intéressantes pour répondre à cette question.

Je les évoque dans un livre, « Les 65 Fantastiques », qui présente les plantes les plus fabuleuses pour se soigner, mais aussi pour vivre mieux au quotidien.

Vous y verrez qu’en « ré-apprenant » certains gestes oubliés, on ouvre son esprit et son corps au monde des plantes « magiques », avec des résultats parfois sensationnels pour la santé.

Le sujet est tellement fascinant que j’ai décidé d’offrir ce livre aux personnes qui en feront la demande (offre limitée à aujourd’hui seulement, tous les détails ici).

Il y a un autre monde qui nous entoure… et on peut apprendre à le regarder.

Le voyage commence ici.

Santé !

Gabriel Combris

 

Sources :

[1]https://www.sante-corps-esprit.com/anxiete-depression-remede-spirituel/

[2] Wade Davis, « Vaudou ! », Presses de la Cité, 1987.

[3] Jean-Marie Pelt. Les langages secrets de la nature. Le livre de Poche.

[4]https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/souffle-du-diable-quel-est-l-effet-de-la-drogue-des-voleurs-sur-le-cerveau_29563

[5] Jeremy Narby, Francis Huxley, Chamanes au fil du temps, Albin Michel, 2002