Les meilleurs scientifiques qui travaillent sur la recherche antiâge, comme le dr. Sinclair, de l’Université de Harvard ou le dr. Elizabeth Blackburn, qui a reçu le prix Nobel pour la découverte de la télomérase – nous offrent aujourd’hui une hypothèse…décoiffante :

Pour eux, le système de santé se trompe en se mobilisant dans une lutte contre chaque pathologie dégénérative (cardiovasculaire, cancer, Alzheimer, etc.).

Nos chercheurs pensent au contraire que ces maladies peuvent TOUTES être combattues beaucoup plus efficacement en agissant sur une seule cause principale : le vieillissement.

Et pour cela ils ont développé une approche nouvelle, qui risque de faire parler d’elle dans les années qui viennent : la « médecine desmitochondries ».

Comprendre ce qui se passe

Pour comprendre ce qui se passe, je vous propose de plonger un instant au cœur de nos cellules, qui possèdent toutes une « centrale énergétique » dans leur noyau : la mitochondrie.

Son rôle est de produire un « carburant » microscopique mais surpuissant, pour fournir l’énergie nécessaire à TOUS vos organes et à vos muscles pour bien fonctionner.

Retenez-bien le nom de ce carburant : A-T-P ou Adénosine triphosphate.

Problème : les cellules ne peuvent pas le stocker.

Chaque jour, votre corps en consomme et en fabrique l’équivalent de son propre poids [1] (60 kg par jour en moyenne !) pour permettre :

  • aux cellules cardiaques de faire battre votre cœur,
  • aux cellules nerveuses de faire fonctionner votre cerveau,
  • aux glandes gastriques de vous permettre de digérer,
  • ou encore… aux muscles de vos jambes de se contracter pour vous faire tenir debout !

Jusqu’ici, tout va bien. Tant que la production est assurée.

Mais il y a un problème :

Vous perdez 10% de vos mitochondries tous les 10 ans.

A 20 ans, vos mitochondries produisent de l’ATP en grande quantité.

Cela vous permet de faire des activités physiques intenses sans (trop de) difficultés – le corps peut en produire jusqu’à 500 grammes par minute.

Mais avec les années, l’activité des mitochondries ralentit…

Elles se répliquent moins rapidement et diminuent leur production d’ATP.

Elles deviennent alors de moins en moins efficaces et produisent de plus en plus de radicaux libres, responsables de nombreuses maladies liées au vieillissement :

  • Vos vaisseaux sanguins ne se relâchent plus correctement. Vous risqueriez l’hypertension ou d’autres problèmes cardiaques ;
  • Votre sang circule de plus en plus mal, tout simplement parce qu’il manque d’énergie pour le faire (cela cause notamment le fameux phénomène des jambes lourdes) ;
  • Le cerveau a beau ne représenter que 2% du poids du corps, il consomme 20% de notre énergie totale (autant dire que le bon fonctionnement des mitochondries de nos neurones est CAPITAL dans la prévention des maladies comme Alzheimer et Parkinson).
  • Votre organisme peine à « transporter » le glucose et l’insuline dans tout votre corps par manque d’énergie (ce qui pourrait créer des défaillances propices au diabète de type 2).
  • Et il ne peut pas non plus réguler la mort programmée des cellules défectueuses (apoptose), ce qui augmente votre risque de développer un cancer ou une maladie auto-immune.

Ce « déclin » se produit généralement dès l’âge de 40 ans, lorsqu’on ressent les premiers signes de l’âge.

Puis c’est la chute libre

…et à 70 ans : vos niveaux d’ATP ont diminué de 50% [2].

Remonter les aiguilles de votre « horloge de vie »

C’est ce mécanisme qui incite les chercheurs à penser que l’arthrose, la maladie d’Alzheimer, la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge), l’hypertension, etc. Toutes ces maladies seraient liées à un dysfonctionnement de nos mitochondries.

Même le cancer serait une maladie mitochondriale car les mitochondries régulent « l’apoptose », ce processus qui permet l’élimination des cellules cancéreuses avant qu’elles ne se multiplient.

Certains cancérologues, comme le Dr. Laurent Schwarz, estiment d’ailleurs que la piste la plus prometteuse pour vaincre le cancer est la piste « métabolique », axée sur le dysfonctionnement des mitochondries.

Vous comprenez maintenant pourquoi on va parfois jusqu’à parler des mitochondries comme de « l’horloge de notre vie ».

Et la bonne nouvelle est qu’il est possible de remonter les aiguilles de cette horloge…naturellement !!!!

Les leçons d’un curieux animal

Pour savoir comment faire, il faut s’intéresser à un plus petit que nous : le rat-taupe-nu (Je ne vous mets pas sa photo car il est un peu timide, mais vous la trouverez en un clic sur internet…)

Des observations faites sur cet étrange mammifère ont montré que l’état de ses mitochondries expliquait la différence de longévité entre cette espèce de rat et les autres, qui vivent…5 fois moins longtemps ! [3]

Ce rongeur aurait en effet la capacité unique de pouvoir détoxifier ses mitochondries 5 fois mieux que ses congénères ! Hasard…ou pas, le rat-taupe est également épargné par le cancer !

Evidemment, notre organisme n’est pas celui du rat-taupe-nu, mais la bonne nouvelle est qu’il nous est également POSSIBLE d’agir au cœur de nos mitochondries pour bloquer le vieillissement cellulaire et nous permettre de vieillir en pleine forme, sans risque d’Alzheimer, de maladies cardio-vasculaires ou encore d’arthrose.

Comment ?

D’abord en réduisant votre consommation de sucre (sucre ajouté et céréales) : les mitochondries fonctionnent le mieux avec des « bonnes graisses » : anchois, noix, avocat, etc. ;

Ensuite en limitant l’absorption calorique : trop de nourriture fatigue vos mitochondries jusqu’à l’épuisement, et la restriction calorique leur bénéficie.

  • Dans une étude conduite pendant vingt ans sur des singes, une moitié d’entre eux a pu se nourrir sans restriction alors que l’autre moitié a été soumise à une alimentation 30 % plus pauvre en calories.
  • Au bout de vingt ans, 30 % des sujets sans restriction étaient morts de causes liées au vieillissement, contre seulement 13 % dans le groupe soumis à la restriction calorique. De plus, au cours des vingt années de l’étude, tous les marqueurs mesurés se sont révélés meilleurs dans le groupe soumis à la restriction calorique.

Par ailleurs, dans toutes les espèces testées, les animaux vivent non seulement plus longtemps, bien au-delà de la limite maximale connue, mais restent également plus jeunes et souffrent beaucoup moins de l’ensemble des pathologies dégénératives.

C’est ce que confirment de nombreuses études humaines comme la cohorte Women’s Health Initiative, qui montre qu’un apport calorique total plus élevé augmente de 43 % l’incidence de tous les types de cancers invasifs, mais aussi de 49 % les risques cardiovasculaires et de 317 % les risques de diabète [4]…

Prenez soin de votre graisse brune : la « graisse brune » (adipocytes bruns) [5] est plus riche en mitochondries que la graisse « blanche » : elle oxyde les lipides et « brûle » les calories plus rapidement pour produire de la chaleur.

Des travaux récents conduits par le professeur André Carpentier, de l’Université de Sherbrooke, au Canada, ont ainsi révélé que l’activation de la graisse brune conduisait, à la consommation de nos réserves adipeuses, ce qui pourrait en faire un outil extrêmement précieux dans la prévention du surpoids [6].

Ce d’autant qu’il est possible de transformer les graisses blanches en…graisses brunes, grâce à…l’exercice physique !

Une publiée dans la revue Disease Models and Mechanism a montré que, pendant l’exercice, les muscles libèrent une enzyme que l’on appelle l’irisine, qui provoque la conversion des cellules adipeuses blanches en cellules brunes.

D’autres habitudes, comme le fait de vivre et d’évoluer dans une atmosphère plutôt fraîche (19°C max. chez soi), ou encore de pratiquer régulièrement des « bains dérivatifs » (qui consistent à combiner un rafraîchissement et une friction des deux plis de l’aine et du périnée) [7], pourraient aider à la production de 30 % d’adipocytes bruns supplémentaires.

Autre point essentiel, ne manquez pas de mélatonine ! La mélatonine n’est pas seulement l’hormone bien connue du sommeil, mais elle a aussi un effet antioxydant à l’intérieur de la mitochondrie !

La mélatonine :

  • protège les niveaux de glutathion (antioxydant) à l’intérieur des mitochondries ;
  • contribue à leur défense antioxydante ;
  • améliore le fonctionnement de transport électronique et donc la production d’ATP, en condition normale et en condition de stress ;
  • et réduit le suicide cellulaire déclenché par l’altération des mitochondries.

Cela montre le rôle essentiel d’un sommeil de qualité dans un programme anti-âge, et de la prise d’un complément si vous manquez de mélatonine (0,5 à 1mg 1 h à 1h30 avant le coucher).

Ensuite, « Prenez chaque jour votre multivitamines » comme le dit à qui veut l’entendre le Professeur Walter Willet, directeur du Département de nutrition de de Harvard – et en particulier un multivitamine contenant de la co-enzyme Q10, une molécule anti-oxydante qui joue un rôle clé dans la production d’énergie.

Plus un organe a besoin d’énergie, plus ses tissus ont besoin d’un fort taux de coenzyme Q10.

Ce composé est en partie apporté par l’alimentation (viande : cœurs de bœuf et de poulet, notamment, poissons, huiles de soja et de canola, chou-fleur, épinards, oranges etc.) et également synthétisé par notre organisme. Nos taux sanguins de coenzyme Q10 diminuent naturellement avec l’âge, à partir de 25 ans.

Et ne manquez surtout pas de magnésium (300 à 400 mg nécessaires par jour chez l’adulte), il est au cœur de la production d’énergie de chacune des cellules de votre corps.

Un délicieux petit trésor

Enfin, j’aimerais évoquer pour finir la découverte des chercheurs en nutrition de l’Université de Davis, Californie, qui ont mis à jour un antioxydant intéressant, la « PQQ » ou pyrroloquinoline quinone, capable de :

  • Protéger l’ADN mitochondrial, de loin le plus vulnérable et le plus exposé au stress oxydatif.
  • Et de générer de nouvelles mitochondries : jusqu’à plus de 20 % dans des cellules existantes, y compris des cellules sénescentes.

Dans l’alimentation, on trouve la PQQ dans le kiwi, la papaye, le soja, le persil ou encore le céleri. Par ailleurs, une supplémentation d’1mg par jour suffirait à :

  • Piéger les radicaux libres, responsables du vieillissement prématuré [8];
  • Activer l’expression d’un régulateur responsable du métabolisme cellulaire qui agit sur la pression artérielle, la dégradation du cholestérol et la maîtrise du poids [9];
  • Aider les cellules du cœur à résister correctement au stress oxydatif pour limiter les risques d’AVC et d’infarctus [10] ;

Lors d’un essai in vitro, une équipe de chercheurs a montré qu’une supplémentation en pyrroloquinoline quinone avait des effets préventifs sur la neurodégénérescence supérieure à ceux de la coenzyme Q10 [11].

Alors bien sûr, l’horloge des années continue de tourner, mais vous voyez malgré tout qu’on peut agir pour ralentir le rythme de ses aiguilles.

Santé !

Gabriel Combris

 

Sources :

[1] Susanna Törnroth-Horsefield et Richard Neutze, « Opening and closing the metabolite gate », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 105, no 50,‎ 16 décembre 2008, p. 19565-19566 (PMID 19073922PMCID 2604989,DOI 10.1073/pnas.0810654106

[2] Rabini R.A. et al., Diabetes mellitus and subjects’ ageing: a study on the ATP content and ATP-related enzyme activities in human erythrocytes, Eur. J. Clin. Invest., 1997 Apr, 27(4): 327-32.

[3] https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/biologie-rat-taupe-nu-longevite-exceptionnelle-jamais-cancer-43684/

[4] Thierry Souccar. Les dossiers de Santé & Nutrition. SNI Editions.

[5] https://www.alternativesante.fr/poids/graisses-brunes

[6]https://sherbrooke-innopole.com/nouvelles/le-dr-andre-carpentier-honore-du-prix-du-jeune-scientifique/

[7]https://www.thierrysouccar.com/bien-etre/info/bains-derivatifs-pourquoi-et-comment-les-pratiquer-2453

[8] Thierry Soucca, Dossiers de Santé et Nutrition

[9] Entrez Gene: PPARGC1A peroxisome proliferator-activated receptor gamma, coactivator 1 alpha [ Homo sapiens ] GeneID: 10891.

[10] Tao R, Karliner JS, Simonis U, et al. Pyrroloquinoline quinone preserves mitochondrial function and prevents oxidative injury in adult rat cardiac myocytes. Biochem Biophys Res Commun. 2007 Nov 16;363(2):257-62.

[11] Ohwada, K., Takeda, H., Yamazaki, M., Isogai, H., Nakano, M., Shimomura, M., … & Urano, S. (2008).Pyrroloquinoline quinone (PQQ) prevents cognitive deficit caused by oxidative stress in rats. Journal of clinical biochemistry and nutrition, 42(1), 29-34.