Chère lectrice, cher lecteur,

Une carotte qui se met à parler, et qui révèle des secrets de première importance pour notre santé !!!

Ce n’est pas le scénario d’un film délirant, mais le résultat d’une découverte scientifique passionnante, qui ouvre des perspectives de compréhension inédites sur l’origine de certaines maladies (autisme, troubles de l’attention, asthme, certains cancers etc.).

C’est du moins ce que pensent des scientifiques américains de l’Université de Reno, qui ont prélevé une carotte…glaciaire au Groenland [1].

Un « témoin » avec beaucoup de choses à dire…

Notre carotte a en effet noté scrupuleusement TOUT de l’état de l’atmosphère et de l’activité de l’homme à la surface de la Terre.

Et c’est à partir de l’année 1772 que les échantillons glaciaires prélevés par les chercheurs témoignent d’une pollution grandissante, en particulier avec des métaux lourds (thallium, cadmium, plomb).

La question liée est bien sûr de savoir si cette pollution peut être à l’origine de l’explosion de certaines maladies, et si, dans l’hypothèse où l’on parviendrait à « exfiltrer » les métaux toxiques aujourd’hui présents dans les organismes humains, on pourrait alors soigner ces mêmes maladies ?

La « chélation » pour les nuls

C’est l’objectif d’un procédé médical qu’on appelle la chélation, qui « vise à éliminer la présence de métaux nuisibles dans l’organisme à l’aide d’un agent chélateur chimique ou organique [2] ».

Il ne s’agit pas à proprement parler d’une technique récente, puisqu’elle a déjà été utilisée après la deuxième guerre mondiale pour traiter certaines victimes de gaz toxiques.

Le premier agent chélateur à avoir été utilisé est le dimercaprol.

Son efficacité a été reconnue dans le traitement d’empoisonnements à l’arsenic, à l’or, et au mercure.

Dans les années 1950, le Dr Norman Clarke, directeur de recherche du Providence Hospital de Detroit, remarque que la chélation à l’EDTA (acide éthylènediaminetétraacétique) s’accompagne de diminution des douleurs d’angine (liées au blocage des artères), d’une amélioration des facultés de mémorisation et de l’acuité des sens (vue, ouïe, odorat), hausse de l’énergie, etc.

Au Japon également, la thérapie de chélation est aujourd’hui largement pratiquée et rencontre un succès impressionnant.

Les cliniques et les centres de médecine anti-âge de Ginza, à Tokyo, en font une de leurs publicités principales ; des centres de chélation s’étalent sur des étages entiers qui ne désemplissent pas.

Responsable interne de la chélation

Il faut savoir que le corps dispose aussi « en interne » d’un responsable de la chélation : c’est le glutathion.

Le glutathion est l’antioxydant intracellulaire le plus important de l’organisme. Il va permettre à d’autres vitamines antioxydantes, comme la vitamine C et E, d’agir pleinement en recyclant les formes oxydées, en se régénérant et en restaurant leur potentiel antioxydant.

C’est lui que le foie va utiliser pour neutraliser les agents polluants.

Le glutathion va agir en se liant aux toxines, métaux lourds, pesticides, etc. et les rendre hydrosolubles pour permettre leur évacuation à travers la bile ou les urines.

La première chose à faire est donc de s’assurer d’avoir un bon niveau de glutathion.

Dans l’alimentation, on trouve de bonnes sources de glutathion avec le melon, les asperges, la courge, les tomates crues, le chou-fleur, les brocolis, les oignons ou les carottes, décidément à l’honneur dans cette lettre.

Compléments pour augmenter son niveau de glutathion

Le chardon marie est un excellent détoxifiant naturel, à tel point qu’il est recommandé – en accompagnement avec d’autres substances – dans le traitement d’intoxications aux champignons (amanite phalloïde !).

L’extrait actif du chardon marie, la silymarine, augmente le taux de glutathion. (prendre 200 à 250 mg par jour pendant deux mois minimum).

D’autres études soulignent le rôle intéressant de la N-Acetyl-Cystéine (NAC), un acide aminé qui « augmente les niveaux de glutathion intracellulaire dans les érythrocytes ainsi que dans les cellules du foie et des poumons et restaure les stocks de glutathion après qu’ils aient été expérimentalement diminués[3]» La dose conseillée est de 600 milligrammes par jour.

Thérapie médicamenteuse

Reste que face aux niveaux actuels de pollution, les chercheurs ont également mis au point des chélateurs médicamenteux, à partir de molécules ayant des structures proches de notre glutathion.

Il existe différents chélateurs efficaces : l’EDTA, le DMPS, le DMSA ou le BAL. Tous s’utilisent par injection, à l’exception du DMSA qui peut s’administrer par voie orale. Il faut également préciser que la chélation est contre-indiquée en cas d’insuffisance rénale, hépatique, de grossesse, d’hypertension artérielle.

D’après le journaliste scientifique Julien Venesson, l’état actuel de la recherche permet de montrer une efficacité sur les maladies suivantes (cela peut varier d’une amélioration légère à une amélioration significative) :

  • L’autisme, avec des études qui ont montré chez les enfants traités ont une meilleure communication verbale et non-verbale, un meilleur odorat et un meilleur contact avec les autres [4],
  • Les troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité [5]
  • Neuropathies d’origine inconnues associant troubles de la mémoire, engourdissement et picotements dans les membres (incluant le syndrome de fatigue chronique ou la fibromyalgie [6])
  • L’asthme résistant aux traitements classiques [7]
  • Probablement certains cancers [8]

Sur le déroulement des séances, elles peuvent durer jusqu’à quatre heures, pendant lesquelles on administre par exemple de 1500 à 3000 md d’EDTA, ainsi que des vitamines et des nutriments.

Le nombre de traitements nécessaires est de vingt à cinquante sessions selon la condition des individus. Certains patients parlent d’un bien-être immédiat suivant les sessions.

Reste qu’aujourd’hui, ces thérapies ne sont pas autorisées en France.

Il est intéressant de noter qu’aux Etats-Unis, l’état d’esprit est différent. La seule perspective que ces thérapies de chélation puissent être bénéfiques aux malades justifie que les chercheurs redoublent d’efforts pour mieux comprendre les mécanismes de l’intoxication aux métaux lourds et les stratégies de désintoxication.

Le site internet lanutrition.fr [9] a rapporté à ce sujet les échanges instructifs qui ont eu lieu lors d’un congrès de cardiologie à San Francisco en 2013 :

Des chercheurs y ont présenté les résultats d’une étude dans laquelle la chélation des métaux lourds a amélioré de manière significative la santé de personnes ayant déjà connu un accident cardiovasculaire.

L’équipe du Dr Gervasio Lamas a suivi plus de 1700 personnes ayant été victimes d’un problème cardiovasculaire. Elles ont ensuite été réparties de manière homogène et aléatoire dans 4 groupes :

  • Un groupe a reçu des injections de produit chélateur et a reçu un complément alimentaire multivitaminé fortement dosé simultanément
  • Un groupe a reçu des injections de produit chélateur et un placebo à la place des vitamines
  • Un groupe a reçu une injection de placebo et un complément alimentaire multivitaminé fortement dosé simultanément
  • Un groupe a reçu des injections de placebo et un complément alimentaire placebo simultanément

Les malades ont été suivis sur une période de 2 ans et demi.

Résultats : alors que la chélation ou les vitamines seules n’ont pas eu d’effet significatif, l’utilisation conjointe des deux produits a permis de réduire l’incidence d’un nouvel évènement cardiovasculaire de 26% par rapport au groupe placebo.

Ces nouveaux résultats pourraient s’expliquer car le produit chélateur attrape les métaux lourds mais aussi les minéraux indispensables comme le calcium, sans distinction.

Le Dr Lamas a déclaré lors du congrès : “Nous avons transformé ce qui était une thérapie alternative douteuse en réelle science et avons eu des résultats étonnants.”

Avant d’ajouter : Mais je ne pense pas que les résultats d’une seule étude soient suffisants pour être utilisés dans la pratique.”

Le Dr Ohman de l’université de Duke l’interpelle : “Nous avons une étude avec une méthodologie très puissante et les résultats indiquent une réduction significative dans le groupe chélation-vitamines et pourtant votre conclusion n’est « peut-être pas » ? Alors pourquoi ? Si nous avons un résultat sérieux et intéressant, pourquoi être sur la réserve ? Pour ma part je ne recommanderai pas nécessairement la chélation à mes patients mais s’ils me disent qu’ils veulent essayer je ne les découragerai pas.”

Voilà un état d’esprit scientifique, intelligent et ouvert, qu’on ne peut qu’applaudir.

Et les chélateurs naturels ?

Du côté des chélateurs naturels, il faut aussi « raison garder » et ne pas attendre de solution miracle, immédiate et définitive.

Parmi les produits naturels régulièrement vantés pour leur potentiel chélateur, on évoque, outre le chardon-marie dont nous avons déjà parlé, la chlorella, l’ail, la coriandre, le sélénium ou encore l’acide alpha-lipoïdique.

Il faut préciser cependant que peu d’études existent à ce stade pour confirmer – ou infirmer – leur efficacité, et que la question de l’intoxication aux métaux lourds demeure un champ de recherche où il faudra encore de nombreux travaux avant d’obtenir des certitudes scientifiques utiles aux malades.

Dans ce domaine en plein défrichage, l’expérience des patients est évidemment essentielle, alors n’hésitez pas à la partager en commentaire de cette lettre

Santé !

Gabriel Combris

Sources :

[1] http://www.lefigaro.fr/sciences/2008/08/20/01008-20080820ARTFIG00336-en-arctique-les-pics-de-pollution-au-charbon-datent-d-il-y-a-cent-ans-.php

[2] https://www.passeportsante.net/fr/Therapies/Guide/Fiche.aspx?doc=chelation_th

[3] Dr Dominique Rueff , « La petite protéine gardienne de votre santé »

[4] Blaucok-Busch E, Amin OR, Dessoki HH, Rabah T. Efficacy of DMSA Therapy in a Sample of Arab Children with Autistic Spectrum Disorder. Maedica (Buchar). 2012 Sep;7(3):214-21.

[5] Sagiv SK, Thurston SW, Bellinger DC, Amarasiriwardena C, Korrick SA. Prenatal exposure to mercury and fish consumption during pregnancy and attention-deficit/hyperactivity disorder-related behavior in children. Arch Pediatr Adolesc Med. 2012 Dec;166(12):1123-31.

[6] Could cadmium be responsible for some of the neurological signs and symptoms of Myalgic Encephalomyelitis/Chronic Fatigue Syndrome. Med Hypotheses. 2012 Sep;79(3):403-7.

Pacini S1, Fiore MG, Magherini S, Morucci G, Branca JJ, Gulisano M, Ruggiero M.

[7] Peden DB. Pollutants and asthma: role of air toxics. Environ Health Perspect. 2002 Aug;110 Suppl 4:565-8.

[8] José M. Matés, Juan A. Segura, Francisco J. Alonso, Javier Márquez, Roles of dioxins and heavy metals in cancer and neurological diseases using ROS-mediated mechanisms. Free Radical Biology and Medicine, Volume 49, Issue 9, 15 November 2010, Pages 1328-1341, ISSN 0891-5849.

[9] https://www.lanutrition.fr/les-news/la-chelation-des-metaux-lourds-est-efficace-contre-les-maladies-cardiovasculaires