Chère lectrice, cher lecteur,
 
Sujet important aujourd’hui : comment prévenir naturellement l’infarctus.
 
Comment éviter le passage obligé par cette « machine à distribuer des médicaments » qu’est devenue la cardiologie ?

C’est vrai, c’est plus « commode ». Mais est-ce que ça soigne ?

Car qui peut sérieusement croire qu’en distribuant des pilules pour faire baisser le taux de glycémie, le taux de cholestérol ou même de la tension artérielle, on va s’attaquer au fond du problème et protéger votre cœur et vos artères ?
 
Personne.
 
Mais il est vrai que c’est plus « commode ».
 
Commode pour le médecin qui a l’impression d’agir concrètement pour son patient, et commode pour le patient qui peut tranquillement rentrer chez lui en se disant que son problème est « pris en main ».
 
Évidemment, ce n’est pas le cas.
 
Si un diabétique ou un hypertendu doivent s’inquiéter de la santé de leur cœur, c’est parce que leur mode de vie, qui est dans une majorité de cas la source du diabète ou de l’hypertension, risque très certainement aussi de leur créer des problèmes cardiaques.
 
Bien sûr, il y a toujours des exceptions, en particulier lorsque la tension est dangereusement trop élevée, où la prise de médicaments est une nécessité vitale.
 
Bien sûr, il y a des chiffres qu’il faut surveiller car ils sont liés avec un risque cardiaque plus élevé : tension artérielle et taux de sucre sanguin, taux de triglycérides[1] voire, en cas d’analyses plus poussées, score calcique[2] (niveau de dépôt du calcium dans vos artères) ou nombre de protéines contenues dans les lipoprotéines (LDL-p / ApoB)[3].
 
Mais si vous vous contentez de faire baisser votre tension par un médicament, vous réduirez votre risque d’AVC mais vous ne vous protégerez pas vraiment d’un infarctus. 
 
Une façon sûre d’examiner votre risque cardiaque est de faire le double examen : 1/ du contenu de votre assiette, 2/ de la durée de votre activité physique hebdomadaire (30 minutes par jour dans l’idéal) ;

L’exercice physique…plus efficace que la chirurgie !

 
Récemment, une équipe de cardiologues allemands a montré que l’exercice physique (en l’occurrence du vélo stationnaire) est plus efficace que l’angioplastie (chirurgie vasculaire) pour réduire le risque cardio-vasculaire[4] !!
 
Une des explications est que l’angioplastie n’agit que sur une section bien précise du système artériel tandis que l’exercice physique peut avoir un effet bénéfique sur toutes les artères.
 
Mais d’autres études montrent que le sport devrait même être prescrit avec une précision comparable à celle d’un médicament !
 
Une équipe de chercheurs a demandé à des hommes, âgés en moyenne de 25 ans, de diminuer le temps et l’intensité de leurs séances de sport pendant 10 jours.
 
Au cours de cette période, la concentration de cellules dont la fonction est de créer de nouveaux vaisseaux sanguins a chuté de 30 % chez ces hommes.
 
Ces cellules sont un marqueur de bonne santé cardiovasculaire : moins il y en a dans le sang, plus le risque de maladies cardiovasculaires est élevé[5].
 
Lorsqu’on étudie l’impact de la consommation de tabac, de l’absence d’activité physique, du surpoids et de l’hypertension sur le risque cardiaque, la conclusion est que le facteur le plus protecteur est, de loin, l’activité physique.
 
A tel point que pour prévenir ces maladies, il serait plus efficace de faire du sport en ayant une mauvaise alimentation (oui, oui vous avez bien lu !) plutôt que d’avoir une bonne alimentation tout en ne faisant pas d’exercice.
 
L’absence d’activité physique triple le risque de développer une maladie cardio-vasculaire à 20 ans, et le double à 50 ans[6].
 
Veillez aussi à votre niveau d’exposition aux poisons contemporains : l’alcool – consommé excessivement – et les polluants de notre environnement.

Secrets de voyage du Dr Lindeberg

 
Les meilleures preuves que cette stratégie du mode de vie est la bonne pour assurer une longévité en bonne santé se trouvent chez certaines peuplades qui ont conservé des habitudes se rapprochant de celles de nos ancêtres du paléolithique.
 
Ainsi, le médecin suédois Lindeberg n’a observé aucun signe de maladie cardio-vasculaire chez les habitants de l’île de Kitava, en Papouasie Nouvelle Guinée, y compris chez ceux qui étaient âgés de 60 à 95 ans[7] !
 
Et même lorsqu’on a un problème cardiaque, le mode de vie reste de très loin le meilleur médicament.
 
C’est la conclusion de la célèbre étude de Lyon, conduite par le chercheur français Michel de Lorgeril[8].
 
Dans cette étude, les chercheurs avaient sélectionné 605 patients de moins de 70 ans ayant déjà eu un infarctus dans les six mois précédents l’étude.
 
Ils les ont séparés en deux groupes : le premier a reçu les conseils alimentaires « anticholestérol » que donnent généralement les cardiologues : manger aussi peu gras que possible (en évitant notamment les poissons gras, noix et avocats), préférer l’huile de tournesol, éviter les œufs, etc.
 
L’autre groupe s’est vu conseiller le régime « méditerranéen » : riche en bonnes graisses (poissons gras, huile d’olive et colza, noix, etc.), riche en fruits et légumes, en céréales complètes et légumineuses et limité en produits animaux.
 
Les résultats ont été extraordinaires : en jouant sur ce seul paramètre de l’alimentation, les patients du groupe « méditerranéen » ont vu leur risque de complications cardiovasculaires sévères diminué de 70% par rapport à ceux du groupe « anticholestérol » !  
 
Cette étude pionnière été confirmée par beaucoup d’autres recherches[9] depuis sa publication en 1994 puis en 1999.
 
A ce modèle méditerranéen, on peut bien sûr ajouter celui des centenaires de l’île d’Okinawa, au Japon, qui rencontrent 80 % de pathologies cardiovasculaires de moins qu’ailleurs dans le monde.
 
Comme dans le modèle méditerranéen, le régime alimentaire joue une place prépondérante pour expliquer ces résultats sensationnels : pas de produits enrichis en sucres rapides, graisses saturées, sel, très peu de sucre, consommation calorique réduite, alimentation à 80 % végétale (chou, algues comme le kombou, champignons), viande de porc (cuite à feu doux, sans oublier les pieds et le museau riches en collagène), apports en antioxydants et polyphénols (thé vert, soja, épices), acides gras oméga-3 (huile de colza, poissons gras) et magnésium (légumes verts, haricots, graines de sésame), etc.
 
Et comme dans le modèle méditerranéen, l’exercice physique, l’exposition régulière au soleil, l’art de vivre, la sociabilité, la perception de soi comme faisant partie d’un tout, l’attention portée aux autres membres de la communauté constituent également les fondements de la longévité et de la bonne santé cardiaque.

Pas de découragement !

 
Signalons également une carence que l’on retrouve en cas d’insuffisance cardiaque chez 50 à 75 % des patients : un manque de CoQ10[10] (Coenzyme Q10).
 
Le coeur ne pompe pas assez de sang pour irriguer tout l’organisme. Le coenzyme Q10 améliore la production d’énergie du cœur et bloque ainsi le cercle vicieux de l’insuffisance cardiaque.
 
Le coenzyme Q10 est aujourd’hui communément prescrit en adjuvant aux traitements classiques (inhibiteurs de l’ECA – Enzyme de conversion de l’angiotensine –  bétabloquants, etc.) au Japon, en Russie, en Israël. Dans une méta-analyse de 2005[11], il allongerait la durée de vie des patients de 3 ans.
 
La dose recommandée est de 100 à 300 mg par jour.
 
Un dernier conseil pour conclure : si vous avez aujourd’hui des habitudes alimentaires et physiques diamétralement opposées à celles qui assurent une bonne santé cardio vasculaire, ne vous découragez pas pour autant.
 
L’important est de commencer.
 
Même doucement…
 
Inutile de vouloir tout changer du jour au lendemain : commencez par assaisonner vos salades, vos poissons, et vos légumes par un filet d’huile d’olive, de préférence extra vierge, plus riche en polyphénols protecteurs.
 
C’est un début.
 
Et c’est pareil pour le sport. Marchez seul, à plusieurs, vite ou lentement, faites comme vous voulez. Aidez-vous de stimulants naturels, comme les plantes adaptogènes (ginseng, éleuthérocoque, rhodiole), ou plus proche de nous, la gentiane, excellente tonique – en  cure de trois semaines, sous forme de gélule, d’extrait fluide ou hydroalcoolique. 
 
Et surtout, ne vous mettez pas une pression inutile :  l’important n’est pas d’appliquer les recettes intégralement mais de progresser, à mesure de vos forces, dans la bonne direction.
Santé !
 
Gabriel Combris

 

Sources :

[1] Morrison JA1, Glueck CJ, Horn PS, Yeramaneni S, Wang P. Pediatric triglycerides predict cardiovascular disease events in the fourth to ffth decade of life. Metabolism. 2009 Sep;58(9):1277-84

[2] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26148276

[3] http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=374290

[4] http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Nouvelles/Fiche.aspx?doc=2004101400

[5] Gayatri Guhanarayan , Julianne Jablonski , Sarah Witkowski, CIRCULATING ANGIOGENIC CELL POPULATION RESPONES TO 10 DAYS OF REDUCED PHYSICAL ACTIVITY, Journal of Applied Physiology, 10 July 2014

[6] Brown,Wendy J.,Toby Pavey and Adrian E.Bauman. British journal of sports medicine, 2014.

[7] Lindeberg S. Paleolithic diets as a model for prevention and treatment of Western disease. Am J Hum Biol. 2012 Mar-Apr;24(2):110-5

[8] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9989963

[9] Gardener H1, Wright CB2, Cabral D2, Scarmeas N3, Gu Y4, Cheung K5, Elkind MS6, Sacco RL2, Rundek T2. Mediterranean diet and carotid atherosclerosis in the Northern Manhattan Study. Atherosclerosis. 2014 Jun;234(2):303-10. doi: 10.1016/j.atherosclerosis.2014.03.011. Epub 2014 Mar 22

[10] http://www.thierrysouccar.com/sante/info/la-coenzyme-q10-quest-ce-que-cest-2397

[11]Singh U, Devaraj S, Jialal I., Coenzyme Q10 supplementation and heart failure.,Nutr Rev. 2007 Jun;65(6 Pt 1):286-93. Review.