Chère lectrice, cher lecteur,

Vous connaissez leur nom : on les appelle les IPP, inhibiteurs de la pompe à protons : Inexium, Mopral, Zoltum, etc.

A côté d’eux, même la poule aux œufs d’or aurait l’air un peu…« classe moyenne ».

Les inhibiteurs de la pompe à protons [1] sont en effet des médicaments que l’on prescrit chaque année, en France, à 16 millions de personnes souffrant de problèmes gastriques, de brûlures, ulcères à l’estomac, etc. (dont 8 millions en « initiation de traitement »).

Résultat, c’est le quinté dans l’ordre pour les labos !

500 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, rien qu’en France…

Mais le bonheur des uns, nous allons le voir, ne réduit pas forcément les brûlures des autres.

Ils ont sorti le grand parapluie, celui pour quand ça barde VRAIMENT

Depuis des années, quelques lanceurs d’alerte dénoncent les dangers très sérieux de ces médicaments, lorsqu’ils sont prescrits au long cours.

Le journaliste Julien Venesson a notamment publié une tribune, en 2016, où il écrivait : « Les IPP font partie des médicaments qui ont le plus d’effets secondaires, ils finiront par être interdits » [2].

Et aujourd’hui, il n’est plus possible de faire la sourde oreille.

A tel point que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a dû publier un communiqué où elle rappelle que ces médicaments ne doivent « surtout pas être utilisés sur le long terme ».

« Surtout pas »…C’est ce qui s’appelle sortir le GRAND parapluie, celui qui annonce l’arrivée des vrais orages sanitaires.

J’ai l’estomac acide : excellente nouvelle !

Mais avant d’aller plus loin, juste un mot sur le fonctionnement des IPP, car il permet de comprendre pourquoi la catastrophe était annoncée depuis TRES longtemps.

Ces médicaments réduisent l’acidité de l’estomac, en interférant avec la protéine responsable de cette acidité (la « pompe à protons »).

Pour comprendre la façon dont ils agissent, promenons-nous un instant sur la paroi de l’estomac.

Des cellules, dites « pariétales », y ont pour mission de produire l’acide chlorhydrique nécessaire à la digestion des aliments, ce qui va contribuer au maintien d’un pH extrêmement bas (de l’ordre de 1à 2, et donc acide) dans l’estomac. [3]

Pour produire l’acide chlorhydrique, les cellules pariétales doivent expulser du chlore et de l’hydrogène dans l’estomac, qui vont se combiner pour lui donner naissance.

Le médicament IPP, lui, vient directement s’opposer à ce mécanisme : pour faire sortir le chlore, la cellule possède un dispositif spécifique, la pompe à protons.

Le médicament la met hors d’usage (on dit qu’il inhibe la pompe à protons), ce qui bloque la production de l’acide chlorhydrique. Le pH monte alors aux alentours de 4, les zones irritées cessent d’être douloureuses

Dit comme cela, tout paraît très bien.

Mais non seulement le médicament ne traite pas la cause de la brûlure d’estomac, ce qui fait que les médecins ont tendance à prolonger les traitements, et surtout, la modification de l’acidité de l’estomac a des conséquences néfastes majeures.

Si l’estomac est acide, ce n’est pas par hasard.

Il agit comme une première ligne de défense, en empêchant les bactéries que nous avalons d’atteindre l’intestin.

Diminuer l’acidité de l’estomac, c’est risquer une plus grande vulnérabilité aux infections et à la prolifération bactérienne dans l’intestin.

Avec, à la clé, des ballonnements, des gaz, et surtout un risque de fermentation et de déséquilibre de la flore intestinale, (lui-même associé à un risque plus élevé d’obésité, de diabète, de maladies inflammatoires de l’intestin, etc.)

Autre problème, la réduction de l’acidité de l’estomac entraîne une moins bonne assimilation de nombreuses vitamines et minéraux pourtant essentiels :

La vitamine B12, par exemple, doit normalement être séparée des protéines alimentaires pour être absorbée, réaction qui est entravée en cas de manque d’acidité.

Le résultat est que les personnes qui prennent des IPP sont fréquemment carencées en vitamine B 12 (avec des risques de troubles du système nerveux, anémie, dépression, troubles digestifs, etc.) [4].

• C’est la même chose pour la vitamine C, affectée négativement elle aussi par la prise d’IPP car elle devient non assimilable en cas de PH trop élevé.

Et les IPP perturbent également l’absorption du fer, du calcium, du magnésium [5], etc.

Distribués comme des petits pains

Les dernières études sur les conséquences à long terme de la prise d’IPP sont proprement sidérantes, surtout lorsqu’on se souvient que nous parlons de médicaments qui sont distribués comme des petits pains :

• Les IPP augmentent d’au moins 44 % le risque d’Alzheimer et de démence !

Des chercheurs ont publié en février 2016, dans le prestigieux Journal of the American Medical Association (JAMA) les résultats d’une étude sur 73 000 personnes de plus de 75 ans suivis pendant 7 ans. Ils ont constaté que ceux qui avaient pris des IPP pendant plus de 4 mois avaient un risque de démence augmenté de 44% ! [6]

Vous avez bien lu : 4 MOIS !!! On ne parle pas d’une décennie pour engendrer le désastre, mais à peine plus d’un trimestre.

• Les IPP augmentent le risque d’infarctus de 20 %

Les chercheurs de l’Université de Stanford ont épluché les dossiers cliniques de 2,9 millions de patients, et les résultats font froid dans le dos : à tout âge, les IPP augmentent de 16 à 21 % le risque de crise cardiaque.

• Les IPP sabordent la vie amoureuse

Une étude américaine sur plus de 2000 personnes a montré que l’utilisation d’IPP était associée à un risque deux fois plus élevé de problèmes d’érection, sans doute en raison de la perturbation de la production d’oxyde nitrique, nécessaire à la dilatation des vaisseaux sanguins [7].

• Les IPP augmentent le risque de maladie grave des reins de 20 à 50 %

Cette fois, ce sont plus de 10 000 personnes qui ont été suivies pendant 15 ans. Elles n’avaient au départ aucun problème particulier aux reins. Mais à l’arrivée, celles qui prenaient des IPP avaient été davantage touchées par une maladie grave des reins.

Et le plus inquiétant : une étude que vient de publier le British Medical Journal apporte la PREUVE que les IPP sont en train de causer des MILLIERS DE MORTS !

Ceux qui prennent des IPP ont 25 % de risque de mourir en plus comparé à ceux qui prennent les anti-acides d’une catégorie plus ancienne (anti-H2) !

Si vous avez le malheur d’en prendre plus de 2 ans, votre risque de surmortalité monte à 50 % !

Au total, d’après les chercheurs, sur 500 personnes qui prennent des IPP chaque année, 1 mort est directement causée par ce médicament !

Rapporté, dans le cas Français, aux personnes qui prennent ces IPP au long cours, cela veut dire 10 000 morts chaque année à cause de ces médicaments ! Trois fois plus que les accidents de la route !!

Pourtant le gouvernement n’a pas parlé de mettre un panneau de limitation de la prescription, dans les cabinets des médecins…

Le plus aberrant est qu’il existe des solutions naturelles efficaces contre les brûlures d’estomac, je vais vous en parler dans un instant.

Evidemment, on peut utiliser ces médicaments un temps, en cas de douleur.

Mais il convient déjà de les employer à bon escient.

Vous entrez dans le cercle vicieux

En cas de reflux gastro-œsophagien, par exemple, le problème n’est pas lié à une trop grande production d’acide de l’estomac mais à un défaut d’étanchéité du cardia, la valve située à l’entrée de l’estomac qui empêche son contenu de remonter.

Si le cardia ne joue plus son rôle, la paroi de l’œsophage est en contact avec de l’acide, alors qu’elle n’a pas les protections nécessaires : les brûlures se font alors ressentir.

L’une des raisons qui amène le cardia à s’ouvrir est l’augmentation de la pression, à l’intérieur de l’estomac, qui repousse ce clapet.

Celle-ci peut provenir de l’accumulation de gaz intestinaux, issus de la fermentation des glucides par des bactéries, mal digérés lorsque, paradoxalement, l’estomac n’est pas suffisamment acide !

On voit que la prise d’antiacides ne fait que perpétuer le cercle vicieux…

Et puis lorsque la douleur est chronique, c’est généralement parce que vous faites subir à votre corps quelque chose qui ne lui convient pas.

Bien sûr, il existe des maladies purement génétiques. Bien sûr, des personnes naissent plus vulnérables que d’autres vis-à-vis des maladies.

Stratégie naturelle pour soulager l’estomac

Mais dans de nombreux cas, on peut vaincre les brûlures d’estomac en modifiant ses habitudes, plutôt qu’en cherchant à tout prix à les soulager après coup.

Cela passe par des conseils très simples pour améliorer la digestion : ne pas s’allonger après les repas, ne pas compresser son ventre, gérer au mieux son stress, dont on sait qu’il accentue le reflux, prendre soin de ses intestins :

Si vous souffrez de ballonnements ou crampes d’estomac inexpliquées, c’est peut-être que, comme 40 % de la population française, vous ne supportez pas le lactose !

Essayez de l’exclure totalement de votre alimentation pendant quelque temps.

Même chose avec le gluten : son éviction peut avoir des résultats étonnants sur les douleurs digestives. Et plusieurs études confirment qu’une diète sans gluten peut résoudre définitivement les problèmes de reflux.

Plus généralement, il faut augmenter sa consommation de légumes, et diminuer drastiquement sa consommation de produits industriels et de sucres rapides : sucre blanc, pain, pâtes ou pommes de terre.

2 lances à incendie contre le feu à l’estomac

Et puis je voudrais, avant de vous quitter, dire deux mots des lances à incendie naturelles contre le feu de l’estomac : l’aromathérapie et la phytothérapie.

Pour agir contre les spasmes douloureux, on pourra conseiller de l’huile essentielle de gingembre : 1 goutte 3 fois par jour diluée dans 1 cuillère à café de miel d’acacia ou même mieux, de miel enrichi en propolis.

Les huiles essentielles de menthe et de lemongrass ont montré une action sur les douleurs de l’estomac et même une action, in vitro (en laboratoire) sur la bactérie Helicobacter pylori, en cause notamment dans l’ulcère à l’estomac. 1 goutte de chaque dans une petite cuillère de miel de thym.

Du côté des plantes, ce n’est pas le choix qui manque :

La racine de réglisse diminue l’acidité et la douleur stomacale (conseillé en cas de gastrite, ulcère, aigreurs et reflux),

Elle contient de la glycyrrhizine, à action anti-inflammatoire qui va augmenter la sécrétion de mucus stomacal, et inhiber la sécrétion acide ; utiliser en « décocté à 3% » – c’est-à-dire 30 g dans un litre d’eau à faire bouillir 10 mn puis laisser infuser 10 minutes ; filtrer et boire dans la journée.

A noter qu’elle est déconseillée à forte dose à l’hypertendu (peut augmenter la pression artérielle).

• La baie de canneberge a aussi une action anti-infectieuse dans le traitement des gastrites et des ulcères ; elle permet une meilleure absorption de la B12 et ses polysaccharides empêchent l’adhésion de l’Helicobacter pilori sur le mucus gastrique.

• La curcumine, actif du curcuma, a des propriétés anti-oxydantes remarquables, anti-inflammatoires et anticancéreuses en particulier dans la prévention des cancers digestifs. Au cours d’une étude clinique réalisée sur 207 personnes, la curcumine s’est montrée efficace pour faciliter la digestion dans 67% des cas [8].

• J’ai découvert aussi quelque chose d’intéressant sur une algue rouge, le lithothamne, dont on utilise le thalle riche en minéraux et oligoéléments mais aussi en carbonate de calcium, qui va diminuer les aigreurs, brûlures et reflux (2 gélules en cas de brûlures).

La nature, on le voit, ne manque pas d’idées à essayer avant de tomber dans le piège médicamenteux.

Mais rappelez-vous bien que le plus important est de vous situer dans le long terme, et d’apprendre à écouter les changements que réclame votre corps.

Lorsque vous les mettez en pratique, ce n’est pas « seulement » vos douleurs à l’estomac que vous réglez : vous réduisez aussi largement le risque de souffrir un jour d’une maladie chronique, que ce soit l’arthrose, le diabète, l’hypertension ou même le cancer.

Santé !

Gabriel Combris

Sources :

[1] https://www.vidal.fr/actualites/23058/ipp_en_france_une_utilisation_tres_importante_pas_toujours_en_adequation_avec_les_recommandations_etude_de_l_ansm/

[2] https://www.julienvenesson.fr/

[3] http://hepatoweb.com/Estomac_fonction.php

[4] Jameson L, Schneider J, Zhao W et al. Proton Pump Inhibitor and Histamine 2 Receptor Antagonist Use and Vitamin B12 Deficiency. JAMA 2013, 22(310):2435-42.

[5] Florentin M, Elisaf MS. Proton pump inhibitor-induced hypomagnesemia: a new challenge. World J Nephrol. 2012;1(6):151–154.

[6] Gomm W, von Holt K, Thomé F, Broich K, Maier W, Fink A, Doblhammer G, Haenisch B. Association of Proton Pump Inhibitors With Risk of Dementia: A Pharmacoepidemiological Claims Data Analysis. JAMA 
 2016 Apr 1;73(4):410-6

[7] Egan KB, Burnett AL, McVary KT, Ni X, Suh M, Wong DG, Rosen RC. The Co-occurring Syndrome-Coexisting Erectile Dysfunction and Benign Prostatic Hyperplasia and Their Clinical Correlates in Aging Men:

[8] Rafe Bundy et al., « Turmeric extract may improve irritable bowel syndrome symptomology in otherwise healthy adults: a pilot study », Journal of Alternative & Complementary Medicine 10, no 6 (2004): 1015–1018