Chère lectrice, cher lecteur,

En quoi croyez-vous ?

En quelque chose ? En quelqu’un ? En rien ?

La question est importante, capitale même. Et si elle agite l’homme depuis qu’il existe, c’est peut-être aussi par que nos « croyances », comme la science le démontre aujourd’hui, peuvent enclencher des processus physiologiques parfaitement réels.

Vous imaginez déjà les répercussions que cela peut avoir sur la santé, lorsqu’on croit par exemple qu’une douleur que l’on ressent est plutôt forte, ou au contraire que notre cerveau nous pousse à croire qu’elle est plutôt faible.

Car oui, notre cerveau est capable de nous faire croire les deux…avec strictement la même douleur !!!!

Pour comprendre ce qui se passe, il existe une étude de chercheurs néo-zélandais particulièrement impressionnante.

L’objectif des scientifiques était de montrer que le fait de croire quelque chose pouvait être plus puissant que la réalité !!!

Et pour cela, ils ont invité un groupe de 150 étudiants dans un local où a été recréée une atmosphère festive de bar1.

Les chercheurs ont informé la moitié des étudiants qu’on leur servirait de la vodka avec du soda tonique, et l’autre moitié qu’ils boiraient seulement du soda.

En réalité, les barmen ne versaient que du soda tonique. Pas une seule goutte d’alcool.

Mais l’atmosphère de bar était, elle, ultra-réaliste : musique, ambiance tamisée, les verres étaient décorés d’une tranche de citron, les barmen mélangeant et servant les boissons comme s’ils s’agissait de vrais cocktails, etc.

Les résultats de l’étude ? Accrochez-vous, c’est ahurissant :

« Les sujets devinrent vite éméchés, agissant comme s’ils étaient saouls, certains manifestaient même des signes physiques d’intoxication. Pourtant ils n’étaient pas ivres parce qu’ils buvaient de l’alcool, mais parce que l’environnement, par la mémoire associative, incitait leur cerveau et leur corps à réagir d’une façon familière » !

Plus incroyable :

« Ils étaient persuadés d’avoir bu de l’alcool et cette croyance avait entraîné la production de substances neurochimiques qui avaient altéré leur état ».

On parle bien de production de substances !!!

En d’autres termes, leurs croyances avaient suffi à déclencher un changement biochimique dans leur corps, équivalent à l’état d’ébriété !

Ce qui est intéressant, c’est que le processus fonctionne aussi…dans l’autre sens : l’environnement et la croyance associée peuvent aussi provoquer, ou accélérer la guérison.

« En Pennsylvanie, des patients d’hôpitaux qui, après avoir subi une chirurgie, récupéraient dans une pièce offrant la vue d’un bosquet d’arbres niché dans un environnement naturel ont eu besoin de médicaments antidouleurs moins puissants et ont pu quitter l’hôpital sept à neuf jours plus tôt que les patients qui étaient alités dans une pièce faisant face à un mur de briques ».

Notre état d’esprit, en partie conditionné par l’environnement, peut ainsi contribuer de façon radicale à la guérison de notre corps et de notre cerveau.

Avec des résultats parfois inespérés.

Elle annule…son enterrement !

Il y a quelques années, la presse anglaise a raconté l’histoire de quatre femmes atteintes d’un cancer, toutes condamnées par leurs médecins respectifs2.

Comme l’écrivait le journaliste, « la date de décès était prévue, dans un mois pour l’une, six pour l’autre, il n’y avait plus qu’à organiser l’enterrement»

Mais il faut croire que le mystère de la vie, de la maladie et de la mort dépasse la réalité diagnostique, et qu’il y a, tapie au fond de chaque être humain, une formidable force d’auto-guérison qu’on peut…déclencher.

Le témoignage de ces femmes montre à quel point des leviers comme les relations sociales, le fait d’avoir des objectifs ou de trouver un sens insoupçonné à sa vie peuvent influencer la guérison de façon déterminante, même dans des cas que la médecine juge « désespérés » :

Voici celui de Jane, cancer du sein, avec « 2 mois à vivre » en 1993…

« À 42 ans, j’ai eu un premier cancer du sein, guéri, puis une rechute. À ce moment-là j’étais à bout, je voulais en finir. »

« Un jour j’ai entendu mon fils, qui avait 6 ans alors, et qui pleurait dans la pièce d’à côté. Il disait “Maman…” comme si j’étais déjà morte.

« C’est là que je me suis dit que je devais vivre. Je ne pouvais pas le laisser seul. « 

« Cinq semaines après, quand mon médecin m’a annoncé qu’il me restait deux mois au plus, je n’ai ressenti aucune colère, ni peur. En fait, j’avais déjà touché le fond. »

« J’ai commencé à faire mes propres recherches. J’ai trouvé une carte qui montrait que l’incidence de mon cancer du sein était de 1 sur 100 000 en Chine, contre 1 sur 10 chez nous. »

« Là, j’ai pensé que c’était lié à ma façon de m’alimenter et j’ai décidé de manger comme les femmes chinoises qui n’avaient pas le cancer. Peu de protéines animales, pas de produits laitiers, beaucoup de fruits, de légumes, d’oléagineux ».

« Six semaines plus tard, ma tumeur été partie… »

« Le médecin, lui, m’a dit que c’était grâce à la chimio, et qu’elle reviendrait sûrement. Pourtant j’ai continué avec mon nouveau régime. Aujourd’hui j’ai 65 ans, je suis grand-mère pour la sixième fois… »

Angèle, cancer des ovaires, « 1 an à vivre », en 2001

« Après l’opération, une petite phrase a trotté dans ma tête : « tu peux vaincre la maladie ».

« Au début, pour moi c’était juste une phrase comme ça, et puis je me suis mise à vraiment y croire. »

« Je passais du temps au jardin, à apprécier de toutes petites choses que je ne voyais pas auparavant. Des fleurs, des couleurs, des odeurs. Je comprenais que j’avais beaucoup plus de force en moi que ce que je croyais. »

« Je voulais épouser l’homme avec lequel je vivais, je voulais voir Venise une fois dans ma vie, je voulais voir naître mon premier petit-fils. »

« Aujourd’hui j’ai réalisé ces rêves. Je crois qu’ils m’ont portée pour survivre. Au moins autant que la chimiothérapie. »

Bien sûr, il ne suffit pas de vouloir guérir pour que le miracle se réalise.

Mais nous avons vu que l’environnement et la croyance jouaient un rôle essentiel pour bâtir une force spirituelle capable d’agir dans notre corps, et de soigner les maladies les plus graves.

Et le plus fantastique est que l’on peut TRAVAILLER sur cette croyance, en lui donnant la valeur que l’on souhaite.

C’est, vous le savez peut-être déjà, l’objectif de l’hypnose thérapeutique, une discipline qui fascine de plus en plus de chercheurs ultra-qualifiés, dans des universités aussi prestigieuses que Stanford, aux Etats-Unis, par exemple.

Voici les images IRM qu’ils ont enregistrées pendant un état d’hypnose de plus en plus profond (de gauche à droite) :

On remarque une activation progressive du contexte préfrontal dorsolatéral, une zone fondamentale pour préserver la mémoire, l’attention et la planification, ainsi que de l’insula qui régule les processus physiologiques et qui gère les émotions.

L’activation de ces zones spécifiques du cerveau expliquent les multiples vertus de l’hypnose contre toutes sortes de troubles physiques et psychosomatiques (amnésie, addictions, stress post-traumatique, etc.).

Son efficacité contre la douleur a par exemple fait l’objet d’études aux résultats impressionants.

L’hypnose aide à soulager la douleur en modifiant la façon dont notre cerveau perçoit et traite certaines informations.

En modifiant la transmission des signaux électriques de la douleur, en réduisant le stress et l’anxiété qui en sont des facteurs aggravants, l’hypnose permet de réduire le ressenti des patients présentant des douleurs chroniques.

Une étude3 a ainsi évalué l’utilisation de l’hypnose dans le cadre de douleurs associées à des fractures multiples. Verdict : la douleur a été globalement minorée chez tous les participants, jusqu’à 70% chez certains d’entre eux !

Dans une méta-analyse de 2019, publiée dans la Neuroscience & Biobehavioral Reviews, les chercheurs ont confirmé ces chiffres, en mettant même un pied plus loin : « l’intervention hypnotique peut être une alternative efficace et sûre à l’intervention pharmaceutique ».4

Wow ! « Une alternative efficace à la prise de médicaments chimiques » en cas de douleur…ce n’est pas rien !

Hélas, l’hypnose est encore souvent disqualifiée sur la base de lieux communs dépassés, avec trop de thérapeutes (et de patients) qui continuent de voir en elle une méthode peu sérieuse teintée de charlatanisme.

Dommage, car de plus de plus de soignants comme ici le dr David Spiegel, psychiatre de renom, n’hésitent pas à prendre à rebours ces stéréotypes :

« L’hypnose est la plus ancienne forme de psychothérapie en Occident, mais elle fut entachée et associée aux pendules et aux capes violettes alors que c’est un moyen très puissant de changer la façon dont utilisons notre esprit pour contrôler les perceptions de notre corps. »

L’ouverture d’esprit, comme disait l’autre, ce n’est pas une fracture du crâne !

Santé !

Gabriel Combris


  1. Dans « Le placebo, c’est vous » du dr Joe Di Spenza.
  2. http://www.dailymail.co.uk/femail/article-1349105/Told-terminal-cancer-little-weeks-live-miracle-survivors-club-proved-doctors-wrong.html
  3. Teeley AM, Soltani M, Wiechman SA, Jensen MP, Sharar SR, Patterson DR. Virtual reality hypnosis pain control in the treatment of multiple fractures: a case series. Am J Clin Hypn. 2012 Jan;54(3):184-94. doi: 10.1080/00029157.2011.619593. PMID: 22443021.
  4. Thompson T, Terhune DB, Oram C, Sharangparni J, Rouf R, Solmi M, Veronese N, Stubbs B. The effectiveness of hypnosis for pain relief: A systematic review and meta-analysis of 85 controlled experimental trials. Neurosci Biobehav Rev. 2019 Apr;99:298-310. doi: 10.1016/j.neubiorev.2019.02.013. Epub 2019 Feb 18. PMID: 30790634.