Chères lectrices, chers lecteurs,

L’herboriste Maurice Mésségué détestait le mot « régime », qu’il jugeait « démoralisant ».

A la place, il suggérait de parler d’une « alimentation différente ».

Et vous allez voir que le grand spécialiste des plantes avait la bonne intuition : il ne s’agit pas d’une coquetterie de langage. Choisir les bons mots lorsqu’on veut perdre du poids, cela peut déterminer le succès – ou l’échec – de la démarche !

Je vais y revenir dans un instant, mais avant cela, il faut comprendre pourquoi les « régimes » ne peuvent pas réussir.

En apparence pourtant, ils obtiennent des succès impressionnants : hypocalorique, Hollywood, Atkins, Scarsdale, etc. La perte de poids des derniers régimes à la mode peut aller jusqu’à 7 kg en 14 jours » !!

Seulement derrière, c’est la dégringolade.

3 ans après la fin du régime, 40 % des participants reprennent plus de poids qu’ils n’en avaient perdu au départ.

Et cela s’explique pour des raisons parfaitement logiques :

Pourquoi ça rate, raison 1 : le mode « économie d’énergie »

Selon l’âge et le sexe, le métabolisme humain utilise chaque jour entre 1300 et 1600 kcal rien que pour faire tourner la machine.

Et certains régimes sont en deçà de cet apport :

  • Les restrictions sévères (< 1 200 Kcal/jour « low calorie diet»)
  • Les restrictions très sévères (< 800 Kcal/jour « very low calorie diet»)

En réaction, l’organisme va logiquement passer en mode « économie d’énergie » pour ne pas dépérir. Il consacrera aux fonctions vitales beaucoup moins de ressources qu’auparavant.

Sauf que….

Au moindre « craquage » ou tout simplement à l’arrêt du régime, le « mode éco » ne se désenclenche pas du jour au lendemain !

Résultats des courses : vous reprendrez du poids à vitesse « grand V »…

C’est le fameux effet yoyo !

Pourquoi ça rate, raison 2 : la leptine

Il faut également comprendre que le métabolisme de l’homme a dû s’adapter à des périodes où la nourriture ne nous attendait pas sagement dans les rayons de nos supermarchés.

Si bien qu’en cas de disette, il va très rapidement réduire la sécrétion de leptine

Instinct de survie oblige !

Cette hormone nous fait éprouver un sentiment de satiété après avoir suffisamment mangé, en éteignant toute motivation pour la nourriture.

Le corps ne faisant pas de différence entre votre régime hypocalorique et une situation de famine, vous serez alors irrésistiblement attiré vers des aliments gras et sucrés à la moindre occasion.

Et plus vous faites de régimes, plus vous devenez résistant à la leptine, plus vous avez d’appétit. La boucle est bouclée.

Pourquoi ça rate, raison 3 : Le poids des mots, le choc des kilos

Voici maintenant la raison la plus étonnante qui nous fait reprendre du poids.

Une étude canadienne publiée en 2019 a démontré que l’intention même de perdre du poids est précisément à l’origine de l’échec du régime !!

L’étude a rassemblé un groupe de personnes suivant un régime pour perdre du poids ainsi qu’un autre groupe, faisant le même régime…mais pour d’autres raisons : éthiques, anti-allergiques ou juste pour se sentir en meilleure santé.

Conclusion : seules les personnes qui voulaient perdre du poids ont ressenti les effets néfastes des régimes : troubles de l’humeur, frustration, déséquilibres nutritionnels et…reprise de poids… !

Les psychologues expliquent ce phénomène par le « sentiment de frustration ressenti sur la durée, entraînant des attitudes impulsives en réaction ».

Les effets du stress sur le surpoids sont par ailleurs documentés depuis longtemps (1) et il est clair que la réussite d’un régime est un objectif qui concourt au stress.

Une autre étude est arrivée à la même conclusion : les adolescentes de poids normal qui suivent un régime restrictif ont un risque de surpoids …multiplié par 3. (2)

Et Jean-Louis Schlienger, professeur de médecine à l’Université de Strasbourg, va jusqu’à prétendre qu’« une seule tentative de perte de poids intentionnelle accroît d’un facteur 3 le risque de surpoids chez les femmes »…(3)

Voilà pourquoi les régimes obtiennent, in fine, des résultats franchement désastreux :

  • « Seul 1% parvient à maintenir le poids obtenu un an plus tard »,
  • « Presque 50% des patients impliqués dans un programme diététique abandonnent avant la fin du programme ».

Et le coup de grâce :

  • « Environ 80% des patients reprennent déjà du poids le mois suivant la diète. .

Voici la réalité des faits, établis scientifiquement (4), que vous ne lirez jamais en première page d’un magasine vous promettant un summer body avant la fin du mois.

Et c’est sans parler des carences. En minéraux, en vitamines en oligo-éléments et en protéines pouvant entraîner des troubles allant de l’arythmie cardiaque grave jusqu’à des atteintes rénales…

Maintenant je ne vous ai pas raconté tout cela dans le but de vous déprimer. Le plus important à retenir est que perdre du poids ne rime pas qu’avec régime restrictif.

Il se développe à l’heure actuelle des méthodes douces, durables, et surtout personnalisées, grâce auxquelles vous ne reprendrez pas 10 kg après en avoir perdu 5.

Pourquoi ?

Parce qu’elles ne vous font pas de promesses insensées. Elles ne vous racontent pas que vous allez perdre -5, ou -10 kilos en un mois pour parader sur la plage.

Non. Elles vous proposent quelque chose de plus réaliste, de plus simple, qui va vous redonner confiance et vous permettre de trouver votre « set-point », le poids idéal pour lequel vous avez été programmé. Ce n’est évidemment pas le même pour tout le monde, et ça, les régimes restrictifs « oublient » de le dire…

Santé !

Gabriel Combris


Sources :

[1] https://www.lanutrition.fr/bien-etre/le-stress/kilos-emotionnels-comment-les-eliminer-comment-les-prevenir

[2] Stice E, Cameron RP, Killen JD, Hayward C, Taylor CB. Naturalistic weight-reduction efforts prospectively predict growth in relative weight and onset of obesity among female adolescents. J Consult Clin Psychol. 1999 Dec;67(6):967-74. doi: 10.1037//0022-006x.67.6.967. PMID: 10596518.

[3] https://www.vidal.fr/actualites/28383-les-defis-et-les-dangers-des-regimes-amaigrissants.html

[4] Véronique Di Vetta Muriel Clarisse Vittorio Giusti Régimes amaigrissants: lesquels conseiller/déconseiller 2005.