Chère lectrice, cher lecteur.

S’il y a un domaine où l’humanité progresse depuis 2000 ans, c’est le poids.

L’être humain ENFLE !

Une « méta-analyse » (étude menée dans 186 pays et près de 20 millions de participants) publiée dans le journal médical The Lancet a montré que, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, il y a plus de personnes obèses (ayant un Indice de Masse Corporel supérieur à 30) [1] qu’en sous-poids [2].

D’après l’équipe de l’Impérial College de Londres qui a conduit l’étude, les hommes et femmes ont augmenté leur poids de 1,5 kilos par décennie depuis 1975.

Un adulte sur 5 pourrait être atteint d’obésité en 2025 !

La faute revient en grande partie à la malbouffe, aux aliments ultra-transformés, mais aussi aux recommandations nutritionnelles aberrantes que les autorités sanitaires ont dispensé depuis des années : moins de graisses, plus de glucides, plus de produits laitiers, etc.

Avec des résultats sans appel :

Entre 1965 et 2011, la part des graisses dans l’alimentation a été réduite de 45% à 34% des apports énergétiques journaliers ; parallèlement, celle des glucides (pain, pâtes, etc.) a augmenté de 39% à 51%.

Résultat : le pourcentage de personnes obèses est passé de 42% à 66% sur la même période aux Etats-Unis et de 8,5% à 15% en France ! [3]

Et il n’est pas besoin d’être devin pour deviner ce qui va se passer maintenant.

Solutions « Grosse Bertha » contre le surpoids

Qui, selon vous, va s’engouffrer dans la brèche de ce marché en plein essor, en proposant les « seules solutions valables contre l’obésité » ???

Les vendeurs de pilules, pardi (comme le tristement célèbre Médiator, vous vous rappelez ?), et les praticiens du bistouri.

D’après les chercheurs de l’Imperial College, la chirurgie « bariatrique » (pose d’un anneau gastrique, sleeve gastrectomie, bypass, etc.) pourrait en effet être l’intervention « la plus efficace » en cas d’obésité.

Efficace, certes : l’anneau gastrique fait perdre en moyenne 20 kilos pendant les deux premières années.

Pour le bypass, on atteint une perte de poids qui va de 45 à 50 kilos en moyenne.

Mais il s’agit d’opérations chirurgicales complexes, qui entraînent des risques importants (de décès notamment) [4] et parfois des traumatismes lourds.

Dans une étude sur 8000 patients ayant subi la pose d’un anneau gastrique, le risque d’automutilation a été multiplié par 10 [5] ! Celui de suicide…par 4 [6] !!

Des chiffres terrifiants, qui pourraient s’expliquer par une « charge psychologique » intense liée à un corps qui change brutalement d’aspect.

Alors avant d’en arriver là, il y a beaucoup de choses qu’on peut faire.

Jésus-Christ mangeait dans…

Bien sûr, il y a de nombreuses raisons à cette explosion généralisée du surpoids – la sédentarité, la vie stressante, la consommation de sucre, le manque de sommeil, certains traumatismes qui ont pu dérégler le système de récompense [7], etc – mais il y en a une, incroyablement simple à corriger, qui explique aussi pourquoi l’humanité grossit.

C’est tout simplement qu’elle mange…de plus en plus.

Et pourquoi ?

Parce qu’elle utilise des assiettes plus grandes.

Ça paraît idiot, mais ça change tout !

Des chercheurs ont analysé des tableaux représentant la Cène (le dernier repas de Jésus-Christ) pendant mille ans.

Ils ont remarqué que la taille des assiettes et la quantité de nourriture représentées par les peintres avaient augmenté de 70 % !

Les assiettes frugales des premiers tableaux étaient devenues des plâtrées énormes. [8]

La première façon de perdre du poids, c’est donc de réduire la taille de votre assiette.

Petite assiette…gros cerveau !

Je le signale au passage, mais la réduction calorique associée est aussi un moyen efficace d’avoir un cerveau en meilleure santé.

La revue Proceedings of the National Academy of Science a publié une étude dans laquelle des chercheurs allemands comparaient deux groupes de 65 ans et plus : le premier avait réduit son apport calorique de 30 %, et le second ne s’imposait aucune restriction alimentaire.

Au bout de trois mois, les chercheurs ont noté une baisse des facultés de mémorisation chez le groupe sans restriction contre une augmentation chez ceux qui avaient réduit leur apport calorique.

D’après les scientifiques, la réduction calorique est ainsi une piste majeure dans la prévention et le traitement de certains troubles cognitifs liés à l’âge.

Autre chose à savoir, plus les aliments caloriques sont découpés, émincés ou hachés, plus ils prennent de volume et satisfont la faim en petites quantités (c’est d’ailleurs un élément caractéristique de la cuisine asiatique).

Pour augmenter la satiété (impression d’avoir assez mangé), on peut ajouter des épices (curcuma, cardamone, cannelle, piment, etc.) ou un peu de vinaigre (acide acétique), qui diminue la glycémie dans les heures qui suivent le repas, et permet d’améliorer la réponse à l’insuline.

Votre assiette comme vous ne l’avez jamais vue

Autre aspect fondamental : ra-len-tir. Faire du repas un temps « à part ».

Savez-vous que sur la célèbre île aux centenaires d’Okinawa, par exemple, les anciens ont pour règle de ne jamais s’asseoir à table s’ils sont stressés. [9]

Ils considérèrent que cela « perturberait leur relation aux aliments ».

Ridicule ?

Pas si sûr…Ne pas arriver « stressé » devant l’assiette permet de limiter l’aspect compulsif du repas. Et donc de manger moins.

Une étude parue dans le Journal of the American Dietetic Association a ainsi montré que les personnes qui mangeaient moins vite absorbaient 66 calories de moins par repas [10].

Et puis un repas, ce n’est pas simplement une action mécanique qui consiste à « ingérer de la calorie » nécessaire au métabolisme.

C’est aussi le temps d’une méditation centrée sur l’appréciation de ce qui existe, sur la générosité de la nature, sur la fabuleuse relation de partage qu’elle entretient avec l’homme.

Car regardez vraiment ce qu’il y a dans votre assiette.

Imaginez le travail, le talent, l’inventivité, la fabuleuse aventure qu’il a fallu pour qu’une huile d’olive arrose votre salade, qu’un navet vous contemple au milieu d’une forêt de légumes, ou qu’un merveilleux vin rouge glisse le long de votre gorge.

Sachez apprécier ce moment spécial en mâchant lentement – la mastication et la salive jouent un rôle essentiel dans le processus de digestion – arrêtez-vous régulièrement, prenez de petites bouchées : une étude parue dans Clinical Nutrition a montré que les personnes qui avalent de grosses bouchées consomment 52 % de calories de plus par repas que celles qui font de petites bouchées et mâchent longtemps.

Régime basse calorie : ça se confirme ! 

Maintenant, j’aimerais pour conclure aborder une découverte récente au sujet de la perte de poids [11].

Dans une étude parue dans le British Medical Journal [12], des scientifiques ont commencé par donner « moins de calories » à un groupe de 164 participants en surpoids.

Leurs travaux ont confirmé l’intérêt de la réduction calorique : la perte de poids a été de 10 kilos en moyenne après 10 semaines.

Mais ils sont allés plus loin, en divisant ensuite les participants en trois groupes :

  • Un premier groupe avec un régime à haut niveau de glucides (60% de glucides, 20% de graisses, 20% de protéines) ;
  • Un groupe à niveau moyen de glucides (40% de glucides, 40% de graisses, 20% de protéines) ;
  • Et un groupe à faible niveau de glucides (20% de glucides, 60% de graisses, 20% de protéines).

Après 5 mois, ceux qui ont suivi un régime faible en glucides et riche en graisses (celui-là même qui est déconseillé par nos autorités de santé)…

…ont brûlé 250 calories de plus par jour que ceux qui suivaient un régime riche en glucides !

Sur plusieurs années, cela signifie qu’avec un tel régime, on peut perdre près de 10 kilos, sans restrictions caloriques !!

L’explication, c’est le Dr Dariush Mozaffarian, de l’École de Nutrition de l’Université de Tufts à Boston, qui la donne :

« Cette étude confirme remarquablement qu’un régime riche en sucre et en amidon (régime riche en glucides, ndlr) ralentit le métabolisme après une perte de poids, ce qui explique l’effet yo-yo si souvent observé par ceux qui cherchent à perdre du poids ».

Bien sûr, chaque personne est différente, et il serait idiot de prétendre que ce régime fonctionne avec tout le monde.

Mais au-delà de la perte de poids, le régime faible en glucides a aussi donné d’excellents résultats dans la lutte contre le diabète, le cancer ou encore la maladie d’Alzheimer.

Autant de bonnes raisons pour ceux qui sont « sensibles aux glucides » de s’y intéresser avant d’envisager d’autres solutions, efficaces peut-être, mais non sans risques.

Santé !

Gabriel Combris

Source :

[1] Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’obésité est une accumulation anormale ou excessive de masse grasse, présentant un risque pour la santé. Son diagnostic passe par l’indice de masse corporelle (IMC) qui se calcule en divisant le poids par le carré de la taille (kg/m2). Il y a obésité modérée lorsque l’IMC est compris entre 30 et 35, sévère lorsqu’il est compris entre 35 et 40, morbide lorsqu’il est supérieur à 40.

[2] https://www.santelog.com/news/obesite/obesite-l-epidemie-du-siecle-envahit-la-planete_15570_lirelasuite.htm#lirelasuite

[3] Evan Cohen. Statistical review of US macronutrient consumption data, 1965–2011: Americans have been following dietary guidelines, coincident with the rise in obesity. Nutrition Volume 31, Issue 5, May 2015, Pages 727–732

[4] http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/07/03/18541-benefices-risques-chirurgie-lobesite

[5] Self-harm Emergencies After Bariatric Surgery, JAMA Surg. Published online October 07, 2015, doi:10.1001/jamasurg.2015.3414.

[6] eterhänsel C, Petroff D, Klinitzke G, Kersting A, Wagner B. Risk of completed suicide after bariatric surgery: a systematic review. Obes Rev 2013;14(5):369-382.

[7] https://www.elsevier.com/about/press-releases/research-and-journals/early-life-stress-and-adolescent-depression-linked-to-impaired-development-of-reward-circuits

[8] Christophe André, Jon Kabat-Zinn, Pierre Rahbi, Matthieu Ricard, Se changer, changer le monde, J’ai Lu ;

[9] Jean-Paul Curtay, les Dossiers de Santé et Nutrition, Décembre 2015.

[10] Andrade A, Greene GW, Melanson KJ. Eating slowly led to decreases in energy intake within meals in healthy women. Journal of the American Dietetic Association, 2008; 108 (7): 1186-1191.

[11] https://www.sante-corps-esprit.com/sucres-feculents-industriels/

[12] Effects of a low carbohydrate diet on energy expenditure during weight loss maintenance: randomized trial, Cara B Ebbeling and al., November 2018, BMJ