Chère lectrice, cher lecteur,

Alors que les plus grands laboratoires abandonnent un à un le « marché » d’Alzheimer (trop compliqué, trop peu rentable) … une idée folle pour prévenir la maladie, mais aussi soigner les malades, a fait son chemin.

Il y a encore quelques années, on traitait d’hurluberlus les chercheurs ou thérapeutes qui en parlaient ;

Aujourd’hui, grâce aux avancées scientifiques sur la compréhension du cerveau et de la maladie, de plus en plus d’hôpitaux l’expérimentent… avec succès !

Bientôt c’est votre médecin traitant qui vous en parlera…

Cette idée folle, c’est la « piste O. » : une stratégie naturelle, envoûtante et merveilleuse, qui repose sur la puissance magique…des Odeurs contre Alzheimer !

Un deuxième nez… dans le cerveau ?!

Car à peine senties, les odeurs parviennent directement au cerveau limbique, centre de nos émotions et de notre mémoire à long terme, avant même d’être envoyées à la conscience.

Or connaissez-vous l’autre nom du cerveau limbique ?

Le rhinencéphale : de « rhinos » qui signifie nez et « képhalé » qui désigne la tête en grec.

Une sorte de « prolongation du nez » dans le cerveau…

C’est aussi le siège de l’hippocampe, une zone cérébrale associée à l’apprentissage.

Or, la science a découvert que les odeurs familières stimulent des zones cérébrales spécifiques (dont l’hippocampe) et réveillent des souvenirs anciens qui peuvent remonter jusqu’à l’enfance.

C’est le parfum d’un(e) passant(e) qui fait revenir à votre esprit la mémoire d’un(e) ami(e) oublié(e) ;

C’est l’odeur d’un pin ou d’une lavande qui vous replonge 5, 10, 50 ans en arrière, dans vos vacances d’enfant

Voilà le véritable pouvoir des odeurs : nous faire voyager dans le temps en nous rappelant les émotions associées à ces souvenirs !

Et on sait l’expliquer scientifiquement.

En effet, dans notre cerveau, les odeurs sont associées au contexte émotionnel dans lesquels elles ont été captées, et c’est une aubaine pour des malades de la mémoire !

Car les chercheurs se sont aperçus que les régions du cerveau associées à l’odorat sont les mêmes que celles associées à la mémoire ou l’apprentissage… zones qui sont justement touchées par la maladie d’Alzheimer.

C’est la raison pour laquelle les odeurs présentent un intérêt majeur dans le traitement de cette maladie !

Et parmi ces molécules odorantes, certaines se sont fait une place de choix : ce sont les huiles essentielles, le concentré le plus pur des plantes ; une quintessence qui s’infiltre directement dans votre cerveau.

A votre avis, quelle est la plus belle ?

Fortement volatiles, il suffit d’approcher un flacon d’huile essentielle pour que ces molécules agissent sur le cerveau.

Certaines, comme la lavande fine ou les zestes (citron, orange, bergamote…) sont relaxantes, sédatives et hypnotiques grâce à leur richesse en esters et coumarines.

Or, on sait que les personnes atteintes de démence sénile (comme Alzheimer) souffrent d’anxiété, d’agitations et ont du mal à dormir. Autant d’éléments qui impactent la clarté d’esprit et la capacité à se souvenir.

C’est déjà une première voie que nous fait emprunter cette piste des odeurs… testée avec succès par l’Assistance Publique de Paris sur les troubles du comportement et du sommeil chez des malades d’Alzheimer.

Mais d’autres huiles essentielles présentent un intérêt pour stimuler le cerveau.

Ces « perles rares » agissent notamment via l’acétylcholine, un neuromédiateur impliqué dans la mémoire et l’apprentissage qui intervient aussi dans les fonctions olfactives.

Et parmi ces perles, quelle est à votre avis la plus belle d’entre toutes ? …

1,8 : le chiffre qui réveille votre cerveau ?!

… Le romarin !

Je ne vais pas rentrer ici dans les détails des molécules aromathérapeutiques, mais sachez qu’il existe plusieurs types (on dit chémotypes) de romarin.

Un des plus intéressants est le romarin officinal à cinéole : appelé de cette façon pour sa richesse en 1,8 cinéole, un oxyde terpénique qui lui donne son odeur rafraîchissante.

Les travaux de recherche de l’Université de Northumbria (Newcastle, Angleterre) ont démontré que l’huile essentielle de Romarin favorise les fonctions cognitives par diffusion des composés volatils grâce à son activité anticholinestérasique (ce qui signifie qu’elle réduit la cholinestérase, responsable de la dégradation de l’acétylcholine.)1

Par diffusion atmosphérique, il a été prouvé qu’elle permettait d’améliorer la qualité de vie des personnes souffrant de troubles de la mémoire, en les aidant à se souvenir des tâches quotidiennes à réaliser.

Dans une étude de 2013, la British Psychological Society a démontré que les individus qui avaient respiré la fragrance « romarin » (et dont le taux de 1-8 cinéole dans le sang avait donc augmenté) s’étaient montrés plus performants, que ceux non soumis à cette huile essentielle !

Sans parler de son action bénéfique sur le cerveau et la mémoire grâce à ses antioxydants qui luttent contre le stress oxydatif !

Mais ce n’est pas le seul trésor que renferment ces concentrés puissants !

Autres molécules potentielles pour votre cerveau

C’est le cas par exemple de la lavande fine, du lavandin super ou de l’oranger bigarade, qui contiennent aussi du linalol.

Le dr. Fabienne Millet, spécialiste en aromathérapie, explique son impact sur les processus de mémorisation :

« Le mécanisme d’action du linalol, dans sa capacité à stimuler la mémoire, est à relier au système cholinergique, qui intervient dans la gestion de l’anxiété.

« Les problèmes de perte de repère dans l’espace sont diminués, suggérant un impact au niveau de la formation de la mémoire. »

D’autres composés comme les sesquiterpènes que l’on retrouve en grande majorité dans les huiles essentielles issues de conifères (avez-vous déjà senti la délicieuse épinette ou le solide cèdre de l’Atlas ?) sont aujourd’hui considérés dans le traitement de la maladie d’Alzheimer, de Parkinson et même de la schizophrénie !

Si vous n’êtes pas trop fan des odeurs fraiches de forêts, testez le gingembre, l’ylang-ylang ou le santal (mais notez que ce dernier est plus onéreux).

Les autorités médicales ont encore du mal à en parler, mais c’est bien une nouvelle piste de traitement qui se dessine : 100% naturelle, sans effet secondaire et issu de ce que les plantes ont de plus puissant à nous offrir : les huiles essentielles.

Aujourd’hui seuls quelques thérapeutes sont formés à leur usage mais demain qui sait si elles ne seront pas au tronc commun des facultés de médecine !

Alors, c’est votre médecin traitant qui vous prescrira un petit « shoot » de lavande et de romarin pour tonifier votre mémoire.

Mais peut-être ira-t-il encore plus loin…

Bientôt des tests d’odorat pour dépister les maladies neurodégénératives ?

De récentes études ont en effet mis en évidence le lien entre perte d’odorat (anosmie) et troubles cognitifs.

Selon une étude publiée dans la revue scientifique américaine Plos One, à partir de l’âge de 57 ans, les personnes incapables d’identifier des odeurs très connues comme celle de la rose, de la menthe, de l’orange, du poisson ou du cuir, ont un risque accru de mortalité dans les cinq ans !

Une des explications est que le système olfactif est doté de cellules souches capables de se régénérer.

Une baisse de l’odorat pourrait alors signaler une baisse de la capacité générale de régénérescence de l’organisme avec l’âge.

Voilà un test simple qui serait simple à généraliser, et en attendant que ce soit le cas, vous pouvez le suggérer à votre thérapeute.

Santé !

Gabriel Combris