Chère lectrice, cher lecteur, 

Ça va mal, au gouvernement ! 

D’après le journal Le Parisien, nos ministres sont « épuisés », « lessivés », « au bout du rouleau ».1  Trop de pression, de travail, de réunions, de déplacements, etc.  

Franchement il y a de quoi s’inquiéter pour leur immunité, cet hiver. Dans quel état va-t-on ramasser tout ce beau linge au mois de février ???

Surtout qu’on apprend dans ce même article que certains parmi eux, ont choisi des techniques de prévention un peu…étonnantes. 

Ainsi, pour se donner de l’énergie, Madame Buzyn, ministre de la Santé, carbure aux bonbons sucrés, notamment au réglisse paraît-il…Elle en aurait toujours dans son sac, et un pot entier sur son bureau. 

Et personne dans son entourage n’ose lui dire que l’homéopathie aussi, ce sont des petites granules sucrées… (Influenzinum 9 CH en prévention, ou Thymuline 9 CH pour renforcer vos défenses immunitaires, Madame Buzyn, vous m’en direz des nouvelles…) 

Heureusement, Monsieur Blanquer, de l’Education Nationale, boit quant à lui du thé vert (antioxydant), et Monsieur Darmanin, du budget, court régulièrement pour « rester frais ». 

C’est très bien, mais excusez-moi de vous le dire, on est quand même loin des fondamentaux ! 

Je me permets donc un petit rappel du strict minimum pour passer l’hiver sans trop de casse (utile même si on n’est pas ministre) : 

Tout le monde le sait mais qui le fait ? 80 % des Français ont ENCORE une insuffisance en vitamine D2 !!!

La vitamine D permet la fabrication d’antibiotiques naturels appelés AMP (peptides antimicrobiens). 

Elle est également indispensable pour que les globules blancs se multiplient et se différencient de façon efficace. 

De nombreuses études montrent que la supplémentation en vitamine D (2000 UI/j) améliore notre système immunitaire et réduit les infections hivernales

L’effet est le même chez les enfants. Une étude sur des écoliers japonais (non vaccinés contre la grippe) recevant soit 1200 UI/j de vitamine D, soit 200 UI/j durant les mois d’hiver a montré une réduction de 64% de l’incidence de la grippe dans le groupe ayant bénéficié de la supplémentation.3

Moins connu : vivez-vous dans un environnement ASSEZ humide ?

Pour essayer de comprendre pourquoi l’épidémie de grippe frappait à un moment particulier plutôt qu’à un autre, les chercheurs se sont intéressés à un autre facteur : l’humidité de l’air.4

Ils ont constaté, dans leurs modèles statistiques, que les 10 à 20 jours qui précédaient l’apparition de la maladie, étaient marqués par une forte chute de l’humidité de l’air.

« Ces conditions de faible humidité seraient propices à la survie et à la propagation massive du virus3 ».  

La raison ? 

« Les particules d’eau seraient plus fines quand l’humidité baisse, ce qui permettrait au virus de rester vivant en suspension pendant plus longtemps »5.  

Il est également possible de créer chez soi un air plus sain à l’aide d’un humidificateur d’air qui empêchera le développement du virus.  

Parmi les autres incontournables : 

La vitamine C, bien sûr ! 

Elle favorise la fabrication de lymphocytes T (soldats d’élite contre un grand nombre d’agents pathogènes). 500mg de vitamine C naturelle le matin et le midi après le repas (donc un gramme au total).
 
Boire régulièrement 

Un des avantages de l’hiver est qu’il libère « l’esprit tisane » et sa créativité sans limite : pour ne citer que quelques classiques :  thym, romarin, citron chaud avec du miel, cannelle et gingembre …Plus originale, la Rhodiola Rosea agit comme puissant antifatigue. 

Une étude japonaise de 2009 sur le thé vert a montré une forte réduction du nombre de grippes dans un groupe d’adultes prenant des compléments alimentaires de thé vert par rapport à un groupe placebo6

Pensez aussi aux trésors de la ruche (voir ma lettre détaillée ici), et notamment à la propolis. En prévention, faire une cure de propolis de 1 ou 2 mois, à raison de 800 mg par jour.

Ajoutons que plusieurs études ont montré qu’avec la supplémentation en zinc, les symptômes sont réduits en cas d‘infection(Prendre 15 mg/jour)7 ;

Petit rappel avant de partir en « mission immunitaire »

Renforcer son immunité, c’est voir l’infection comme une fragilité du terrain plutôt que comme une agression extériorisée qu’il faudrait écraser (comme le font par exemple les antibiotiques). 

Il faut donc initier une démarche active, « multi-directionnelle », où la prise en compte du lien corps-esprit est une donnée essentielle pour construire un terrain robuste. 

Et ça commence, comme bien souvent, avec…l’intestin, acteur essentiel de notre système immunitaire.  

Un seul exemple : 80% des gammaglobulines qui iront défendre nos bronches naissent dans l’intestin, dans une zone particulière de la muqueuse intestinale qu’on appelle les « plaques de Peyer ».

Un nombre important d’études montre l’efficacité des probiotiques pour le système immunitaire, via leur effet favorable sur la flore intestinale. Une étude clinique a notamment démontré qu’un supplément de probiotiques réduisait de 2 jours la durée de la grippe (et du rhume). 

Les résultats de plusieurs essais cliniques indiquent ainsi que les bactéries lactiques stimulent la production de divers anticorps dans l’organisme humain8 9 10. Par exemple, des suppléments de Lactobacillus GG ont procuré une protection significative, contre les infections du système respiratoire .

D’excellents probiotiques sont les aliments fermentés : choucroute crue, kimchi koréen (choux et autres légumes fermentés avec du piment), miso (pâte salée faite à partir de soja fermenté), kefir (boisson pétillante faite à partir de lait ou de jus de fruit fermenté), le kvas (boisson pétillante faite à partir de pain fermenté dans de l’eau sucrée et de la levure). 

Côté plantes, LA star de l’immunité, c’est l’échinacée, qui reçoit même les félicitations de l’Agence Européenne du Médicament :

« Son efficacité est confirmée par les études cliniques pour l’utilisation à court terme et le traitement des infections aigües du système respiratoire supérieur chez l’adulte et l’adolescent »1213.

Une étude de 2015 « randomisée en double aveugle », a comparé l’efficacité d’un extrait d’échinacée en boisson chaude à celle d’un médicament antiviral, l’oseltamivir (Tamiflu). En phase précoce, la plante est aussi efficace que le médicament.

L’échinacée agit dès les premiers symptômes (courbatures, piccotements dans la gorge etc.) Prendre une cuillère à café d’extrait liquide toutes les 2 à 3 heures, en se limitant à 5 prises par jour jusqu’à ce que les symptômes commencent à disparaitre. 

Vous avez aussi l’astragale, dont plusieurs études ont confirmé son puissant effet immunostimulant14. On observe, par exemple, une activation des lymphocytes et des macrophages – soldats de l’immunité – et une augmentation de la puissance d’action des natural killers

Le mieux est qu’il suffit d’une seule prise pour remarquer une amélioration de certaines réactions immunitaires durant les sept jours qui suivent15! En prévention, prendre 2 à 4 ml d’extrait liquide 3 fois dans une journée. 

L’andrographis peut s’utiliser en alternance. C’est une plante immunostimulante et antimicrobienne. Un extrait d’Andrographis inhibe la croissance de plusieurs bactéries comme Escherichia coli, Staphylococcus aureus, ou Proteus vulgaris. 

Vous avez aussi le maitake, surnommé « roi des champignons » en Asie, qui du fait de sa concentration en béta-glucanes, est un des champignons les plus puissants sur le plan de l’immunostimulation (prendre 1 g de Maïtaké séché deux à trois fois par jour).

Ou encore la griffe de chat, plante d’Amérique du Sud qui renforce le système immunitaire en stimulant les macrophages et combat les infections (4 à 6 gélules par jour, 5 jours sur 7).  
 
Selon une étude publiée dans BMC Immunology, l’extrait d’huile d’eucalyptus contribuerait à la réponse immunitaire innée16.

En cas de grippe, appliquer 6 gouttes d’huile essentielle d’Eucalyptus globulus directement sur le thorax en friction, jusqu’à 4 fois par jour. 

Comprendre en 5 lignes pourquoi l’exercice physique est indispensable pour renforcer son immunité 

En cas d’attaque par un virus ou une bactérie, où notre système immunitaire va-t-il trouver la force de se défendre ?  

Dans le tissu musculaire !

Les muscles représentent 75 % de toutes les protéines du corps humain ! 1718

Voilà pourquoi une perte de masse musculaire de seulement 10 % affaiblit fortement le système immunitaire, qui devient moins résistant lorsqu’il est attaqué par un ennemi. 

Autre conséquence : la perte trop significative de masse musculaire pousse l’organisme dans un état d’inflammation chronique, incapable de disposer de toute l’énergie nécessaire pour faire face aux agressions « normales » du quotidien. D’où l’impératif de « refaire du muscle » grâce à l’exercice physique. 

Ah, une dernière chose. 

Nous n’avons pas abordé la question du bon sommeil, essentiel évidemment. 

Pas facile quand on est ministre de faire des nuits de huit heures, c’est sûr.  

Mais c’est pour ça qu’on leur a inventé la séance de questions au gouvernement : pour qu’ils puissent piquer un somme tranquille, au chaud sur les bancs de l’Assemblée Nationale. 

Bon hiver ! 

Gabriel Combris

Sources :

[1] http://www.leparisien.fr/politique/castaner-buzyn-darmanin-coup-de-fatigue-au-gouvernement-31-10-2019-8184213.php

 

2 Medscape, voir article 3388747

3 Urashima M, Segawa T, Okazaki M, Kurihara M, Wada Y, Ida H. Randomized trial of vitamin D supplementation to prevent seasonal influenza A in schoolchildren. Am J Clin Nutr. 2010 May;91(5):1255-60.

4 Shaman J, Pitzer VE, Viboud C, Grenfell BT, Lipsitch M. Absolute humidity and the seasonal onset of influenza in the continental United States. PLoS Biol. 2010 Feb 23;8(2):e1000316.

5 Livret de l’Académie de Nutrithérapie, « Voilà comment éviter toutes les maladies hivernales », 2019.

6 Matsumoto K, Yamada H, Takuma N, Niino H, Sagesaka YM. Effects of green tea catechins and theanine on preventing influenza infection among healthcare workers: a randomized controlled trial. BMC Complement Altern Med. 2011 Feb 21;11:15.

7 Rerksuppaphol S, Rerksuppaphol L. A randomized controlled trial of chelated zinc for prevention of the common cold in Thai school children. Paediatr Int Child Health. 2013 Aug;33(3):145-50.

8 Arunachalam K, Gill HS, Chandra RK. Enhancement of natural immune function by dietary consumption of Bifidobacterium lactis (HN019).Eur J Clin Nutr. 2000 Mar;54(3):263-7.

9 Meydani SN, Ha WK. Immunologic effects of yogurt.Am J Clin Nutr. 2000 Apr;71(4):861-72.

10 Sheih YH, Chiang BL, et alSystemic immunity-enhancing effects in healthy subjects following dietary consumption of the lactic acid bacterium Lactobacillus rhamnosus HN001.J Am Coll Nutr. 2001 Apr;20(2 Suppl):149-56.

[11] Hatakka K, Savilahti E, et alEffect of long term consumption of probiotic milk on infections in children attending day care centres: double blind, randomised trial.BMJ. 2001 Jun 2;322(7298):1327. Texte intégral : http://bmj.bmjjournals.com

[12] http://www.ema.europa.eu/docs/en_GB/document_library/Herbal_-_HMPC_assessment_report/2015/04/WC500185435.pdf

[13] A réserver aux enfants de plus de 12 ans.

[14] Matkovic Z, Zivkovic V, Korica M, Plavec D, Pecanic S, Tudoric N. Efficacy and safety of Astragalus membranaceus in the treatment of patients with seasonal allergic rhinitis. Phytother Res. 2010 Feb; 24(2):175-81.

 

[15] Brush J1, Mendenhall E, Guggenheim A, Chan T, Connelly E, Soumyanath A, Buresh R, Barrett R, Zwickey H. The effect of Echinacea purpurea, Astragalus membranaceus and Glycyrrhiza glabra on CD69 expression and immune cell activation in humans. Phytother Res. 2006 Aug;20(8):687-95.

[16] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2374764/

[17] Rasmussen BB, Phillips SM. Contractile and Nutritional Regulation of Human Muscle Growth. Exercise Sport Sci Rev. 2003;31:127 to 131

[18] Shipman J, Guy J, Abumrad NN. Repair of metabolic processes. Crit Care Med Healing Responses in Critical Illness . 2003;31:S512-S517.