Chers lecteurs,

Il faut avoir tourné la nuit de Noël sur les routes sinueuses de la Brenne pour découvrir, dressée dans la brume glaciale au bout d’une allée d’arbres, l’abbaye bénédictine de Fontgombault.

Derrière ses murs, mille ans d’âge, de prières, de chants aériens et étranges.

Mille ans de renoncement au monde extérieur, de silence, de labeur secret.

Mille ans d’un mystère qui culmine deux fois par an, à Noël et à Pâques.

A peine franchi le porche antique, l’humidité se jette sur vous et ne vous lâche plus.

Alors on se laisse porter par la liturgie venue du fond des âges.

Il faut voir entrer le cortège des moines qui vont s’agenouiller devant la crèche, laisser gagner le silence, suivre leurs prières, les psaumes latins de l’introït : “Le Seigneur m’a dit: Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui.”

La collecte : “O Dieu qui avez illuminé cette nuit très sainte des splendeurs de la vraie lumière…”

L’Épître de saint Paul à Tite : ” La grâce de Dieu s’est manifestée. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines pour vivre en ce monde sobrement, honnêtement et pieusement.”

Dans l’immense abbatiale, le froid remonte par les dalles, saisit les chevilles, les genoux, insensibilise la moitié du corps.

Si les dents pouvaient avoir froid, elles auraient froid.

Il y a l’Évangile, les chants, et le silence, encore.

Après deux heures de cérémonie, on ressort glacé.

Les moines ont disparu…

Le ciel couvert d’étoiles paraît soudain plus haut. La campagne a quelque chose de magique…

Que s’est-il vraiment passé, il y a plus de 2000 ans, quelque part en Judée ?

Qui est vraiment cet enfant, « né dans une mangeoire », veillé par un âne et un bœuf ?

Et si c’était vrai ?

Et s’il était vraiment le sauveur, celui qui révolutionne les cœurs et les âmes ?

Et si, et si, et si ?

Comme l’année passée, comme l’année prochaine, le mystère de Noël s’impose, avec son parfum d’éternité.

Curieusement, une agréable chaleur perce à l’intérieur de soi.

Joyeux Noël