Chères lectrices, chers lecteurs,

On s’en rend compte petit à petit. Lors d’un dîner, d’une sortie au cinéma, peut-être une promenade…

Un ami vous parle, quelqu’un vous demande quelque chose, mais force est de constater que vous n’avez…rien compris.

Vous lui demandez de répéter. Même chose. Et ainsi de suite, toujours un peu plus.

Ce phénomène s’appelle la « presbyacousie ». C’est le fait, pour un individu, de perdre petit à petit son ouïe avec les années.1

Pour beaucoup, l’affaire s’arrête là. « On n’y peut rien. C’est l’âge » 

Mais c’est dommage, parce qu’il y a des au contraire des solutions simples, qui peuvent vraiment aider.

Fuir le vacarme

La presbyacousie est le plus souvent due à une dégénérescence des différents mécanismes responsables d’une bonne ouïe.

L’oreille interne se dégrade, les circuits neuronaux qui ramènent les signaux sonores vers le cerveau s’érodent…

Bref : la tuyauterie prend un coup de vieux.

C’est avec ce constat en tête que se sont développées les thérapies à base de « sons », ou « sonothérapies ».

L’idée est simple : si notre sens auditif finit par s’étioler, c’est parce que nous ne l’entraînons pas assez.

Une exposition répétée, consciente et réfléchie à certains types de sons pourrait, au contraire, revitaliser nos oreilles et notre système nerveux, de telle façon à réduire l’impact de ce déclin, voire l’arrêter.

Au lieu de nous exposer au quotidien à des sons que l’on ne contrôle pas, usants, trop forts ou confus, la sonothérapie propose des moments définis et ritualisés, où l’on peut entraîner notre oreille afin qu’elle affronte au mieux le vacarme de la journée.

Et les résultats sont vraiment intéressants.

Une étude américaine a soumis 36 participants souffrant de problèmes auditifs, à des sonothérapies, dans le cadre d’une expérience en essai randomisé contrôlé2.

Les sons utilisés sont dits « binauraux » : ils possèdent une fréquence légèrement différente, l’un passant par l’oreille gauche et l’autre par l’oreille droite.

Avant et après la thérapie, des mesures d’efficacité de l’audition ont été prises.

Et l’on découvre que les participants ayant été soumis à la thérapie développent une bien meilleure sensibilité et tolérance à certains sons que ceux qui n’ont eu qu’un traitement partiel ou sous forme de placebo.

En clair : pour des raisons encore incomprises, le cerveau, s’il est contraint à l’écoute de certains sons, en profite pour « recalibrer » son fonctionnement interne, ce qui peut produire une audition « mise à jour » et plus correcte.

C’est quand même fantastique !

Efficace aussi contre les acouphènes

A noter que ce type de thérapie aide aussi à lutter contre l’un des maux les plus importants associés à une perte auditive : les acouphènes. 

En effet, quand le cerveau entend moins bien, il a tendance à paniquer et remplacer ces sons manquants par un signal artificiel : ce petit bruit stridant, constant et qui accompagne celui qui en souffre jour et nuit, rendant parfois sa vie très compliquée…3

Là encore, la sonothérapie peut aider.

Se concentrer sur certains sons, notamment les sons relaxants, comme ceux du vent, des vagues ou de la pluie, permet au cerveau d’« oublier » petit à petit ce signal encombrant, en se « recentrant » sur le paysage sonore.

En entraînant ainsi l’oreille, elle va finir par mettre son acouphène de côté, et il paraîtra plus faible – voire, disparaîtra !

Ce phénomène est appelé « l’habituation ».

Il a été démontré par de très nombreuses études, et constitue l’un des fers-de-lance de la sonothérapie4.

En France, il existe une myriade de sonothérapeutes, pratiquant différentes sortes de sons. Vous en trouverez facilement près de chez vous !

Suivant la nature de votre problème auditif, ces spécialistes pourront vous recommander une thérapie ou l’autre.

Mais n’hésitez pas à chercher vous-même, sur internet, des échantillons de sons binauraux pour votre ouïe déclinante, ou des sons apaisants pour vos acouphènes.

Sur youtube, des playlists entières existent.

Autres solutions naturelles

J’ajoute pour finir les « grands classiques » de la santé naturelle contre les acouphènes, qui peuvent aussi vous être utiles.

Le ginkgo biloba. La Fédération européenne des associations d’acouphéniques mentionne un taux de réussite élevé avec les extraits standardisés de ginkgo administrés dans les 3 premiers mois, à des doses de 240 mg par jour.

Les produits à utiliser sont standardisés et contiennent 24% d’hétérosides et 6% de ginkgolides. Il est recommandé de prendre deux prises de 120 mg dans la journée. Les produits non-standardisés (à base de feuilles brutes) semblent provoquer des migraines chez de nombreuses personnes.

(Le ginkgo est déconseillé si vous prenez des médicaments anti-coagulants, car il pourrait accentuer leurs effets).

La vinpocetine, un dérivé de l’alcaloïde vincamine qui se trouve dans la petite pervenche. Dans une étude, la moitié de ceux qui démarrent une supplémentation en vinpocetine immédiatement après un traumatisme acoustique voient leurs acouphènes disparaître5.

La vinpocetine se trouve sous forme de gélules, généralement dosées à 10 ou 15 mg. La dose journalière recommandée est de 2 à 3 gélules. (Ne prenez pas de vinpocetine si vous prenez des médicaments anti-coagulants).

Des études récentes effectuées sur des sujets souffrant de problèmes d’audition dus à un traumatisme acoustique démontrent qu’une supplémentation en magnésium pourrait améliorer l’audition et réduire la sévérité des acouphènes6.

Dans tous les cas, ça vaut le coup d’essayer avant de dire que ça ne sert à rien !

Santé,

Gabriel Combris

 

Sources :

[1] https://www.vidal.fr/maladies/nez-gorge-oreilles/presbyacousie-surdite.html

[2] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4906300/

[3] https://www.healthyhearing.com/report/53029-Tinnitus-and-hearing-loss

[4] https://www.health.harvard.edu/blog/tinnitus-ringing-or-humming-in-your-ears-sound-therapy-is-one-option-202112082654

[5] Konopka W, Zalweski P, Olszewski J, et al. Treatment of acoustic trauma. Otolaryngol Pol. 1997;51:281S-4S.

[6] Cevette MJ, Barrs DM, Patel A, Conroy KP, Sydlowski S, Noble BN, Nelson GA, Stepanek J. Phase 2 study examining magnesium-dependent tinnitus. Int Tinnitus J. 2011;16(2):168-73.