Chers lecteurs,

« Le seigneur fait sortir de terre les simples, l’homme sensé ne les méprise pas ».

L’autrichienne Maria Treben cite cette phrase de l’Ancien Testament en avant-propos de son livre « La Santé à la pharmacie du Bon Dieu ».

Cette femme sans fard, morte en 1991, croyait en effet que le monde n’était pas le fruit du hasard mais de celui qu’elle appelait son Bon Dieu, dont elle était convaincue qu’il avait mis sur le chemin des hommes des plantes pour les soigner.

Alors bien sûr, à l’époque de la médecine connectée, et de l’intelligence artificielle, cette perspective est volontiers tournée en ridicule.

Mais en ce qui me concerne, je pense au contraire que Maria Treben était une visionnaire.

Le petit livre vert est-il dans votre bibliothèque ?

Elle qui parlait souvent de la « divine puissance des simples », c’est-à-dire de la supériorité de la plante sur la molécule chimique, pressentait ce à quoi ressemblera la médecine du futur.

Non pas une médecine automatisée, robotisée, mais une approche globale, où les techniques de pointe de la chirurgie et de la médecine occidentale chemineront de concert avec les pratiques issues de la tradition, mieux comprises grâce à la science, et les découvertes sur la puissance insoupçonnée de l’esprit.

Et des millions d’êtres humains – elle a vendu près de 10 millions d’exemplaires de son livre, traduit dans plus de vingt langues !!! –  ont partagé sa vision.

Encore aujourd’hui, je suis étonné du nombre de personnes chez qui je retrouve le petit livre vert de Maria Treben dans leur bibliothèque.

On y découvre les principales vertus des plantes, les façons de les transformer, de les cueillir.

On y apprend à réaliser une pommade, une décoction, une alcoolature ou un enveloppement, et même si on n’a jamais utilisé les simples pour se soigner, les conseils de Maria Treben permettent de débuter très facilement.

Et je vous propose de commencer, bien sûr, avec le célèbre « Élixir du Suédois », dont elle a permis la redécouverte après la deuxième guerre mondiale.

L’elixir du suédois par Maria Treben

C’est en effet ce remède qui lui révéla la puissance de guérison des plantes médicinales quand, fuyant l’occupation allemande, elle contracta le typhus et la jaunisse dans un camp de Bavière en 1945.

Après six mois d’hôpital, dans la douleur permanente des séquelles du typhus auxquelles s’ajoutèrent une jaunisse et une occlusion intestinale, face à l’incapacité des médecins à la soulager, elle fait une rencontre décisive.

Une femme lui apporte un petit flacon contenant un liquide marron foncé, à l’odeur forte : les herbes du Suédois.

Maria n’ayant rien à perdre, elle se résout à essayer l’élixir miraculeux et s’en fait un cataplasme. Rapidement, les douleurs disparaissent pour ne plus jamais revenir.

Après cette expérience, Maria utilisa l’élixir pour soulager de nombreuses personnes. La recette qui lui a été transmise, selon la formulation ancienne, était une macération alcoolique comprenant 54 plantes et décrivant 46 usages !!

La composition originale aurait été trouvée dans la succession d’un médecin suédois à la fin du XVIIIe siècle, le Dr Klaus Samst, qui serait mort à 104 ans, d’un accident de cheval !

On raconte qu’elle fut rapportée d’Orient par les Croisés pour connaître son heure de gloire en Europe durant le Moyen Âge avant de sombrer dans l’oubli.

En 1976, Maria Treben en conserve « l’esprit », mais réduit la composition à une dizaine d’ingrédients.

Le remède change alors de nom pour devenir « La petite liqueur du Suédois. Et quand on lui demande pourquoi elle n’a pas gardé la composition d’origine, elle répond que c’est sous cette forme qu’elle a obtenu les meilleurs résultats.

La petite liqueur du Suédois

Maria Treben conseille de faire macérer dans un litre et demi d’eau-de-vie :

  • 10 g d’aloès
  • 5 g de myrrhe,
  • 0,2 g de safran,
  • 10 g de feuilles de séné,
  • 10 g de camphre,
  • 10 g de racine de rhubarbe,
  • 10 g de racine de zédoaire
  • 10 g de fruit du frêne (manne)
  • 10 g de thériak venezian
  • 5 g de racine de carline et 10 g de racine d’angélique.

Le tout doit reposer durant 14 jours au soleil ou à proximité d’un fourneau avant d’être filtré et mis en bouteille.

Maria Treben conseille la liqueur du suédois, entre autres, dans les cas de rhume, refroidissement, grippe, pour activer l’estomac ou lorsque l’on se sent fatigué et sans force.

Elle le recommande aussi, en complément d’une tisane d’ortie et de prêle des champs contre la goutte et les rhumatismes.

Le vin des cardiaques

Autre célèbre remède de Maria Treben, le vin des cardiaques, préconisé́ dans les angines de poitrine, l’hypertension, les douleurs cardiaques, les sensations de malaise, la tête qui tourne, les vertiges.
Il faut poser 10 tiges de persil fraîches avec leurs feuilles dans un litre de vin naturel, et ajouter une à deux cuillérées à soupe de vinaigre de vin pur.

Laissez bouillir le tout à petite flamme pendant 10 minutes (attention, ça mousse !)

Ajouter ensuite 300 g de miel d’abeille pur et laisser bouillir très légèrement pendant encore 4 minutes. Passer le vin des cardiaques très chaud et le remplir brûlant dans des bouteilles qui ont été rincées avec de l’alcool fort. Bien refermer.

La cure d’orties

Maria Treben adorait l’ortie, dont elle disait qu’elle était thérapeutique « de la tige jusqu’aux fleurs ».

Du côté des indications, l’ortie est à la fois dépurative, tonique, diurétique, astringente et hémostatique (qui freine les hémorragies), antianémique, etc.

Quant aux piqûres d’ortie, elles soulagent l’arthrite et les rhumatismes !!

La sagesse populaire autrefois préconisait d’ailleurs « l’urtication », c’est-à-dire la flagellation aux orties contre les fièvres, les rhumatismes, la goutte et l’arthrite.

L’abbé Kneipp, célèbre phytothérapeute allemand du 19ème siècle, écrivait lui : « si vous avez des rhumatismes rebelles à tout remèdefrappez ou frottez chaque jour, pendant quelques minutes, avec des orties fraiches les parties souffrantes ».

L’efficacité de cette méthode un peu radicale a été confirmée en 2000 par des scientifiques anglais. Si vous l’utilisez, vous pouvez masser ensuite à l’essence de lavande, diluée dans un peu d’huile, pour apaiser.

Abordons maintenant le sujet des piqûres d’ortie, car là-encore, cela montre à quel point le plan de la Nature est fascinant.

Car lorsqu’elle nous pose un problème (en l’occurrence la piqûre, liée principalement à l’histamine et à l’acide formique de l’ortie), elle nous offre en même temps…une solution !

« Pour se faire excuser de son agression, l’ortie aime s’accompagner de plantes dont les feuilles soulagent les irritations, lorsqu’on les frotte sur la peau : l’oseille, la mauve ou encore le plantain ». 

Reste qu’on peut aussi préférer des utilisations moins agressives :

– avec un usage en teinture alcoolique, par exemple (alcool dans lequel on a fait macérer des feuilles d’ortie) : on badigeonne sur les parties souffrantes plusieurs fois par jour. Utile aussi en cas de problèmes de peau, plaies et ulcères ;

Contre les hémorragies ou les hémorroïdes, Maria Treben recommande soit le suc de plante fraîche (100 à 125 g par jour), soit le sirop d’ortie (sur 250 g de feuilles fraîches, verser un litre et demi d’eau bouillante, laisser infuser douze heures, filtrer et ajouter 500 g de sucre ; 200 à 300 g par jour en plusieurs prises, entre les repas) ;

Le suc de plante fraîche (feuilles, jeunes tiges ou racine) introduit dans les narines sur un bout de coton est recommandé pour arrêter presque immédiatement le saignement de nez !

Dans la lignée de Maria Treben, la commission allemande pour les plantes médicinales (commisssion E) et l’organisme européen de reconnaissance des plantes (ESCOP) valident aujourd’hui l’utilisation de la racine d’ortie pour soulager les problèmes urinaires liés à la prostate.

On prend 1,5 g de racine séchée à mettre dans 1,50 litre d’eau froide.

 

Faire bouillir puis laisser reposer 10 minutes. Boire une tasse, trois à quatre fois par jour.

« Je voudrais tant donner un coup de main aux malades pour qu’ils guérissent ».

C’était le vœu de Maria Treben, un vœu simple et généreux, guidé par une foi immense.

Santé !

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