Chère lectrice, cher lecteur,

Je referme à l’instant un traité scientifique sur les plantes médicinales. Sérieux, documenté, bourré d’études les plus en pointe sur les vertus confirmées des végétaux pour soigner les hommes.
Je l’ai lu par devoir, c’est mon métier.

Mais comment dire…

On y parle de plante détersive, émétique, hémostatique, cholagogue, sécrétagogue, émolliente, révulsive etc.

On liste les molécules actives, les alcaloïdes, les polysaccharides, les flavonoïdes etc.

On détaille les mélanges à éviter, les pathologies guéries, les expériences concluantes, les posologies, les contre-indications.

On apprend que la feuille du cassissier est la nouvelle arme anti-grippe [1], que la science confirme le rôle clé de l’échinacée pour renforcer nos défenses naturelles [2], ou encore que la lavande est pus efficace que la paroxétine (antidpéresseur de la famille des ISRS – inhibiteur sélectif de recapture de sérotonine)  pour traiter la dépression [3].

Tout cela est très bien.

Mais pardon de le dire franchement : on s’emm nuie…!!!!!

Alors je suis peut-être trop sensible, « émotif », pas assez cérébral ou cartésien, mais pourtant devant ces démonstrations indiscutables, je trouve qu’il manque quelque chose d’essentiel.

Car les plantes, ce ne sont pas simplement des « médicaments naturels », une somme de principes actifs qu’on avalerait mécaniquement, comme des automates avaleraient des pilules chimiques.

Comment ne pas voir qu’en chaque arbre, en chaque herbe, c’est « l’univers tout entier qui se condense et frémit », pour reprendre la formule poétique du botaniste Pierre Lieutaghi.

La science, nous dit Lieutaghi, « veut goûter du fruit de l’arbre de la pointe de ses analyses ». Lui préfère « rester devant l’arbre, devant la fleur et les contempler avec le moins possible d’intelligence pour essayer de donner aux bois, aux pétales, le plus possible d’amour ».

Oui, nous parlons bien d’amour ! Car l’intelligence sans le cœur, ce n’est que de la mécanique.

N’est-ce pas d’ailleurs ce qui est arrivé à notre médecine moderne, technologique ? Une médecine si intelligente qu’elle en a complètement oublié les êtres humains qui se cachaient derrière ses ordonnances.

Il faut aujourd’hui regarder le tableau avec lucidité :

Tous les jours des millions de patients défilent dans des pharmacies, carte vitale à la main, pour venir « acheter gratuitement » des millions de pilules qui le plus souvent ne feront que soulager leur mal un temps, avant de l’aggraver.

Ailleurs, dans les maisons de retraite, des vieillards jouent avec des piluliers remplis de cachets dont personne n’a la moindre idée des interactions entre eux.

Aujourd’hui les plus de 65 ans consomment en moyenne…14 médicaments par jour [4], un « record » inégalé, et malgré cela le nombre de cancers, de maladies neurodégénératives, de Parkinson, d’Alzheimer etc. explose !

Et on appelle ça « soigner » ?

Vous voulez rire !

Jardinier d’un nouveau monde

Devant cette situation assez triste, je crois qu’il faut prendre très au sérieux le conseil de notre ami Lieutaghi.

Plus que d’intelligence, de « processus » ou de « protocoles » de soin, c’est d’amour dont manquent aujourd’hui cruellement les patients, les malades, leurs proches, tous ceux qui cherchent un bien-être qu’aucun médicament chimique ne leur donnera.

Et dans ce contexte, la médecine par les plantes a un rôle absolument essentiel à jouer.

Mon conseil : lancez-vous ! Oubliez les noms compliqués, les alcaloïdes, les flavonoïdes, les hétérosides, etc. Mettez les deux mains dans le terreau, et plantez des « simples » : l’angélique, la bourrache, la belladone, la mélisse ou la menthe poivrée, etc.

Planter ces « médicinales », ce n’est pas seulement cultiver des médicaments naturels, aux vertus chaque jour soulignées par les études scientifiques.

C’est devenir le jardinier d’un monde nouveau.

Car celui qui plante ne plante pas seulement pour lui.

Mais aussi pour la joie des abeilles, des oiseaux, le plaisir de celui qui passe, pour la Nature elle-même à qui nous demandons tellement sans jamais dire merci.

Evidemment, en écrivant cela, je sais bien qu’on va me traiter de doux rêveur, de fumeur de moquette ou d’ahuri.

Mais quand même…

Je voudrais juste prendre l’exemple de Maria Treben, grande phytothérapeute autrichienne morte en 1991.

Elle représente à peu près tout ce que notre époque pressée et sûre d’elle regarde avec mépris.

Cette femme simple, sans malice, croyait que le monde n’était pas le fruit du hasard mais de celui qu’elle appelait son Bon Dieu, dont elle était convaincue qu’il avait aussi mis sur le chemin des hommes des plantes pour les soigner.

A l’époque de la médecine connectée, et des robots qui feront bientôt le boulot à la place des médecins, tout ceci semble un peu ridicule, n’est-ce pas ?

Et bien je crois qu’il ne faut pas être aussi catégorique.

D’abord parce que ses livres ne se sont jamais aussi bien vendus qu’aujourd’hui.

C’est le signe que nous savons, chacun de nous, que nous avons depuis longtemps dépassé les limites de la négation de la nature.

Et d’une certaine façon, regarder vers Maria Treben, se pencher sur les « simples », c’est aussi, je crois, regarder vers la médecine du…futur !

Non pas une médecine automatisée, robotisée, « intelligente », mais une approche humaine globale, où les techniques de pointe de la chirurgie et de la médecine occidentale chemineront de concert avec les pratiques issues de la tradition, de l’énergie et de l’esprit.

Alors, réaliste ou ahuri, le Combris ? Ne prenez pas de gants, dites-moi ce que vous en pensez (mais ne tapez pas trop fort quand même)

Et à très bientôt,

Gabriel Combris

Sources :

[1] Haasbach E, Hartmayer C, Hettler A, et al. Antiviral activity of Ladania067, an extract from wild black currant leaves against influenza A virus in vitro and in vivo. Front Microbiol. 2014 Apr 22;5:171.

[2] Fonseca FN, Papanicolaou G, Lin H, et al. Echinacea purpurea (L.) Moench modulates human T-cell cytokine response. Int Immunopharmacol. 2014 Mar;19(1):94-102.

[3] Kasper S, Gastpar M, Müller WE, et al. Silexan is effective in generalized anxiety disorder – a randomized, double-blind comparison to placebo and paroxetine. Int J Neuropsychopharmacol. January 23, 2014:1-11. [epub ahead of print]. doi: 10.1017/S1461145714000017.

[4]  http://www.lepoint.fr/sante/les-seniors-consomment-en-moyenne-14-medicaments-par-jour-21-09-2017-2158635_40.php